ENQUETEA Nice, le policier mis en examen et placé sous contrôle judiciaire

Refus d’obtempérer à Nice : Le policier auteur du tir mis en examen et placé sous contrôle judiciaire

ENQUETELe parquet de Nice avait annoncé dans l’après-midi l’ouverture d’une information judiciaire du chef « d’homicide volontaire » visant le policier auteur d’un coup de feu mortel contre le conducteur d’une voiture volée qui avait refusé d’obtempérer
Un policier à Nice (Illustration)
Un policier à Nice (Illustration) - Syspeo / Sipa / Sipa
Fabien Binacchi

Fabien Binacchi

L'essentiel

  • Une information judiciaire est ouverte pour « déterminer les circonstances exactes » du coup de feu qui a atteint mortellement un chauffard qui avait refusé de se soumettre à un contrôle routier, mercredi.
  • Le policier de 23 ans, auteur du tir, a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire.

Le policier de 23 ans auteur du tir mortel sur un automobiliste qui avait refusé d'obtempérer, percutant de face une voiture de police, mercredi après-midi à Nice a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire ce vendredi.

Il a été mis en examen pour «violences volontaires avec arme ayant causé la mort sans intention de la donner» et a été interdit de port d'arme, a annoncé à 20 Minutes le procureur de la République de Nice, Xavier Bonhomme.

Le policier, adjoint au sein d'une brigade de sécurité routière, avait été placé en garde à vue dès mercredi soir dans le cadre d'une enquête de flagrance confiée à l'IGPN, la police des polices, pour « homicide volontaire ». Une information judiciaire a été ouverte vendredi du même chef «pour déterminer de manière contradictoire et sous l'autorité d'un juge d'instruction, les circonstances exactes du tir», avait indiqué le procureur.

Que s’est-il passé ?

Mercredi vers 16h30, un homme – qui circulait sans permis à bord d’une voiture volée, selon la police – est mort après avoir été touché par le tir d’un agent d’une brigade de Sécurité routière. « Le véhicule a été pris en chasse » car il « prenait bon nombre de risques » sur la voie Mathis, un axe rapide qui traverse Nice d’est en ouest, a précisé l’adjointe au procureur de la République de Nice Maud Marty.

Mais au lieu de suivre les policiers, le conducteur a accéléré. Arrivé dans l’avenue Henri-Matisse, à hauteur de l’aéroport, le conducteur « a fait demi-tour pour venir percuter la voiture de police apparemment à deux occasions », a-t-elle aussi indiqué. Un des agents, descendu sur la chaussée, a alors tiré « une fois », touchant le conducteur.

Pris en charge par les pompiers, l’homme, « un Tunisien d’une trentaine d’années, installé dans la région depuis un an », selon le premier adjoint au maire de Nice Anthony Borré, est décédé malgré des tentatives de réanimation.

« Pas de danger qui justifie qu’on abatte cet homme »

Il avait, en fait, 24 ans et résidait « à Nice en situation régulière », tout comme sa famille, a précisé Me Sefen Guez Guez, l'avocat des proches de la victime. Et «il est évident qu'on a [affaire] à un homicide, il n'y a pas de discussion là dessus», appuie-t-il. Selon des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, au moment où le policier intervient, « il n’y a pas de danger de mort qui justifie qu’on abatte cet homme », dit-il lui. Dans un communiqué publié vendredi, le procureur rappelle le version des faits « corroborée par des témoins ». L’agent a tiré « à une reprise sur le conducteur » après « plusieurs sommations de sortir du véhicule ». Celui-ci venait de « percuter frontalement » celui des policiers après une course-poursuite au cours de laquelle la victime avait refusé d’obtempérer.

Xavier Bonhomme a précisé ce vendredi que les investigations ont établi que ce dernier « avait déjà été condamné, notamment pour des faits de conduite sans permis, d’infraction à la législation sur les stupéfiants et de vol et recel de vol ».

Son passager, interpellé et placé en garde à vue doit être présenté ce vendredi au magistrat instructeur en vue de sa mise en examen pour « recel de vol aggravé », fait également savoir le procureur, qui devrait requérir son placement en détention provisoire.