LES BOULESPourquoi le prix du sapin de Noël va augmenter

Pourquoi le prix du sapin de Noël va augmenter

LES BOULESDe nombreuses exploitations de sapin de Noël ont été impactées par la sécheresse cet été mais aussi par les hausses du coût des matériaux, le prix cet hiver pourrait bien être revu à la hausse
Les sapins de Noël sont prêts à être expédiés, le 1er décembre 2016, dans le Morvan.
Les sapins de Noël sont prêts à être expédiés, le 1er décembre 2016, dans le Morvan. - A.Chauvet/20Minutes
Gilles Varela

Gilles Varela

L'essentiel

  • Près de 6 millions de sapins sont vendus chaque année dans l’Hexagone, 20 % sont importés, essentiellement de Belgique, du Danemark ou de l’Allemagne.
  • Météo défavorable et hausse du coût de la vie, de nombreux agriculteurs français qui cultivent des sapins ont été impactés cet été.
  • Des hausses du coût de revient qui pourraient faire augmenter le prix du sapin à Noël.

A défaut d’avoir un sapin synthétique et dépliable soigneusement rangé sous son lit ou au fond d’une armoire, les amoureux du sapin de Noël naturel vont peut-être devoir cet hiver, mettre un peu plus la main à la poche pour en obtenir un. Entre augmentation du coût de la vie, des matériaux et une météo défavorable, avoir un beau sapin pour ces fêtes de Noël sera-t-il même un luxe ?

Pour le savoir, direction le Morvan. Principale région productrice des sapins de Noël de l’Hexagone avec plus d’un million de conifères spécial Noël répartis sur 1.500 ha de plantation, devant la Bretagne et Rhône-Alpes. Au total, c’est près de 6 millions de sapins qui sont vendus chaque année en France dont 20 % sont importés, essentiellement de Belgique, du Danemark ou d’Allemagne. Comme un peu partout en Europe, la sécheresse a fait du mal et certains agriculteurs ont même du mal à en parler. « C’est difficile d’évaluer les dégâts, nous n’avons pas assez de recul, mais comme toutes les productions agricoles, je suis impacté par la sécheresse, explique anonymement ce cultivateur d’une exploitation familiale du Morvan. Les conséquences, ce sont des plans qui meurent ou qui peuvent être fragilisés face aux maladies et cela ne se voit pas forcément à l’œil nu. Mais sur la première parcelle que j’ai comptabilisée, il y a près de 25 % des plants de ce printemps qui sont perdus. »

Même constat, si ce n’est pire, chez un exploitant des Vosges. Une région qui fait figure de Petit Poucet dans la course à la production de sapin de Noël mais qui a l’avantage d’être proche de l’Alsace, très demandeuse en conifères. Son exploitant, qui souhaite lui aussi resté anonyme, confie son désarroi : « Les arbres ne sont pas aussi beaux, aussi verts chez nous du moins, qu’ils devraient l’être car ils ont souffert de la chaleur, le manque d’eau avec des cours d’eau asséchés. Les engrais n’ont pas bien fondu, les arbres ont faim. Il y a des pertes et des pertes de conformité. Quant aux jeunes plants du printemps, tout est mort, plus de 90 % sur notre exploitation. Tout le monde n’est pas touché de la manière, mais dans l’ensemble ce n’est pas joli joli. »

Au minimum « La hausse devrait suivre l’inflation »

Des conditions climatiques auxquelles s’ajoute, comme pour tout un chacun, le prix des carburants. Résultat, le coût de revient a augmenté. « Sur les produits bios, avec les engrais qui viennent pour beaucoup des pays de l’Est, j’ai eu presque 70 à 80 % d’augmentation ces derniers mois », détaille l’exploitant du Morvan.

Le sapin sera-t-il plus cher cet hiver ? « Je ne sais pas comment va cela se traduire. Je n’ai pas l’impression que les intermédiaires qui les achètent actuellement les payent plus cher, peut-être que les revendeurs feront de la marge, mais sur la vente en direct, je n’ai pas prévu d’augmenter énormément les prix. Mais au minimum, la hausse devrait suivre l’inflation », concède l’exploitant. Plus catégorique, le pépiniériste vosgien table sur une augmentation relativement importante. « A force des sécheresses consécutives, des carburants, mes engrais qui ont pris une hausse de 150 % sur les derniers six mois, on a dû augmenter la main-d’œuvre… Tout augmente et très fortement. Les terreaux ont pris 40 %, le plastique 50 %, tout !, s’inquiète l’agriculteur. Après, cela va dépendre des détaillants, s’ils margent moins. Mais nous, les grossistes qui fournissons les grandes surfaces, les gens qui font les marchés, les fleuristes, ça prendra au moins 20 à 25 %. »

Aussi, les exploitants continuent de chercher de nouvelles pratiques pour s’adapter à ces épisodes caniculaires. Certaines essences qui peuvent survivre sur des terrains plus secs, sont favorisées. Le choix des sols et des parcelles sélectionnées font aussi l’objet de réflexions, tout comme la fréquence des plantations. « Auparavant il y avait deux périodes, au printemps et à l’automne. Petit à petit, les uns et les autres plantent plutôt à l’automne », explique l’agriculteur du Morvan.

Frédéric Naudet, président del'association française des producteurs du sapin de Noël naturel (AFSNN), association qui regroupe la quasi-totalité des producteurs « représentatifs, » de l’Hexagone, confirme ces difficultés. Mais pas de panique. « Déjà, il y aura bien de beaux sapins cette année encore. Ceux-ci ont été plantés il y a environ cinq à dix ans, détaille le président, et sont déjà bien enracinés et donc beaucoup moins vulnérables. Pas de problème de disponibilité la vente. »

Frédéric Naudet poursuit : « La sécheresse concerne essentiellement les jeunes plants. Cette année, il y a un petit peu de casse, Toute la profession a été touchée, certains plus que d’autres, selon le sol, le terrain, l’exposition. Nous sommes des agriculteurs, on n’échappe pas à la règle. On travaille avec la terre et la météo et quand ça ne va pas bien, on en subit les conséquences. La vraie difficulté pour les producteurs, c’est que beaucoup des jeunes pousses devront être remplacées cet hiver ».

Côté coût, les augmentations, notamment « des carburants, des transporteurs qui livrent nos sapins, les emballages en bois à base de palette… tout cela coûte cher et a augmenté sensiblement les charges financières, ce qui fait qu’il y aura très probablement une petite augmentation des prix du sapin à Noël, mais ça sera raisonnable », rassure Frédéric Naudet.

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