POLITIQUELe député Louis Boyard quitte les bancs de la fac

Val-de-Marne : Le député Louis Boyard quitte les bancs de la fac et envisage une « tournée des universités »

POLITIQUELe député Nupes de la 3e circonscription du Val-de-Marne, Louis Boyard, met en pause ses études de droit pour se consacrer à son mandat
Le jeune député Nupes du Val-de-Marne, Louis Boyard, dans son bureau à l'Assemblée nationale.
Le jeune député Nupes du Val-de-Marne, Louis Boyard, dans son bureau à l'Assemblée nationale.  - © Mathilde Desgranges / 20 Minutes / 20 Minutes
Mathilde Desgranges

Mathilde Desgranges

L'essentiel

  • En juin dernier, Louis Boyard a été élu député de la Nupes à 21 ans, dans la 3e circonscription du Val-de-Marne. Il faisait face au candidat LREM Laurent Saint-Martin.
  • Le deuxième député le plus jeune de l’histoire de France a décidé de mettre en pause ses études universitaires pour se concentrer à son mandat.
  • « Je préfère aller dans des écoles pour trouver des solutions pour les enfants en situation de handicap qui ne peuvent pas être scolarisés, plutôt que de perdre mon temps à la fac », explique-t-il.

«C’était le bureau d’une députée LREM, qui l’occupait depuis dix ans, plaisante Louis Boyard, s’asseyant fièrement à son nouveau bureau, situé dans le bâtiment Chaban-Delmas où logent les députés. On a presque dû se battre pour le lui faire quitter. » C’est derrière ce bureau, « l’un des meilleurs » jure-t-il, que le député de la 3e circonscription du Val-de-Marne va passer le plus clair de son temps, ces cinq prochaines années. Deuxième député le plus jeune de l’histoire de France, il a été élu à 21 ans face au candidat LREM Laurent Saint-Martin. Il poursuivait alors ses études de droit, à l’université d’Assas. Pour cette nouvelle rentrée universitaire, le député Nupes quitte les bancs de l’université, pour investir à plein temps ceux de l’hémicycle.

« J’aurais pu faire de la com’, et me vanter sur les réseaux sociaux de continuer à aller en cours mais, soyons honnêtes, je n’aurais pas eu le temps d’aller en amphi ni de faire les contrôles, justifie-t-il. Je préfère aller dans des écoles pour trouver des solutions pour les enfants en situation de handicap qui ne peuvent pas être scolarisés, plutôt que de perdre mon temps à la fac. »

"Pas plus bête que Marion Maréchal"

Ses amis ont bien essayé de le dissuader d’arrêter les cours. Athénaïs Michel, une rencontre de l’université, raconte avoir eu « de longues discussions » avec le député. Elle-même élue conseillère d’arrondissement, elle avance que « la politique est instable et peut s’arrêter du jour au lendemain ». « Je sais aussi combien concilier études et mandat peut s’avérer compliqué », nuance-t-elle. « Mais pas impossible… », complète Adam Reddad, un ancien camarade de promo. « J’ai tout essayé pour le convaincre, ajoute-t-il. Je l’ai même titillé en lui disant que la dernière personne qui avait réussi à concilier la mandature de député et les études, c’était Marion Maréchal. Et qu’il n’était pas plus bête qu’elle. »

Mais la prochaine fois que Louis Boyard sera aperçu à la fac, ce sera certainement « sur l’estrade plutôt que sur les bancs », estime Adam Reddad. Un professeur de l’université d’Assas a déjà demandé au jeune homme d’organiser une conférence de Louis Boyard, courant novembre, pour qu’il parle de son expérience avec les institutions. Le jeune député envisage d’ailleurs d’entreprendre une « tournée des facs de France » au cours de l’année, pour discuter avec les étudiants des problématiques qui les concernent, notamment de la réforme des bourses et de la précarité étudiante.

« Je ne vais pas faire cela toute ma vie »

Jonglant entre les discussions de couloir avec des collègues, les réunions stratégiques avec son cabinet, et son suivi assidu des séances parlementaires, le jeune député semble accrocher avec le jeu politique. « Je suis toujours en train de suivre ce qu’il se passe », explique-t-il, en désignant du doigt une petite télévision posée en face de son bureau. « Pendant que je travaille, je suis la retransmission en direct et, dès qu’il y a un vote important, je cours de l’autre côté de la rue pour participer, raconte-t-il avec entrain. […] Mais je ne vais pas faire cela toute ma vie. »

« C’est une idée que je partage », avoue son amie Athénaïs Michel. « On considère tous les deux qu’il n’est pas souhaitable d’envisager une carrière en politique parce que cela incite les gens à se battre pour un siège, une place, et non pour l’intérêt général. » « Si je suis à l’Assemblée, c’est pour cela [pour servir l’intérêt général] », confirme le député Nupes.

Commencer par « trouver son équilibre »

Pas obligé d’être député pour défendre l’intérêt général. Celui qui « peine à taire ses opinions » voudrait s’essayer à un exercice qui « [lui] ressemble plus », le plaidoyer en robe d’avocat. « En étant député à la Cour des comptes pendant dix ans, on peut passer directement l’examen du barreau », explique Louis Boyard, faisant référence au décret n°91-1197 du 27 novembre 1991 qui permet à certains magistrats d’obtenir un accès dérogatoire. Une opportunité qu’il ne saisira pas de suite. Pour son premier mandat, il a été affecté à la commission des Affaires européennes.

Pour l’heure, Louis Boyard refuse de se projeter davantage. « Je pense qu’il essaye déjà de faire ses marques et de trouver son équilibre, explique Athénaïs Michel. Être élu, cela change la vie du jour au lendemain. »