TROLLingL’envoi de migrants chez les démocrates, la nouvelle arme des républicains

L’envoi de migrants chez les démocrates, la nouvelle arme des républicains

TROLLingLa Maison Blanche a dénoncé une manœuvre «honteuse» et «cruelle», alors que les républicains tentent par tous les moyens de remettre l’immigration au cœur des élections de la mi-mandat
Des migrants d'Amérique centrale ont été envoyés par le gouverneur du Texas devant la résidence de Kamala Harris, à Washington, pour protester contre la politique migratoire de Joe Biden.
Des migrants d'Amérique centrale ont été envoyés par le gouverneur du Texas devant la résidence de Kamala Harris, à Washington, pour protester contre la politique migratoire de Joe Biden. - AFP / GETTY IMAGES NORTH AMERICA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Le coup médiatique est réussi, reste à savoir s’il sera payant politiquement. En envoyant des milliers de migrants par bus et avions à Washington, New York, ou vers une île huppée du nord-est du pays, les républicains tentent de recentrer la bataille politique sur l’immigration, à quelques semaines d’élections législatives.

La porte-parole de la Maison Blanche a dénoncé jeudi une manoeuvre « honteuse » et « cruelle ». « C’est une manoeuvre politicienne froide et préméditée », a dit Karine Jean-Pierre, reprochant à ces ténors de la droite américaine d’utiliser les migrants comme des « pions ».


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Jeudi matin, deux bus transportant des migrants sont arrivés près de la résidence de la vice-présidente Kamala Harris, à Washington. Un lieu évidemment choisi à dessein, la responsable démocrate étant chargée du dossier explosif de l’immigration à la Maison Blanche. Ils avaient été envoyés par le très conservateur Greg Abbott, en campagne pour sa réélection dans cet Etat en première ligne de la vague d’immigration illégale originaire des pays d’Amérique centrale.

« La vice-présidente Harris clame que notre frontière est ''sûre'' et nie l’existence d’une crise. Nous envoyons des migrants jusque dans son jardin pour exhorter l’administration Biden à faire son travail et sécuriser la frontière », a tweeté le gouverneur du Texas. Il assure avoir déjà fait envoyer 10.000 migrants depuis avril à Washington, New York et plus récemment Chicago.

Le gouverneur de Floride Ron DeSantis rejoint le mouvement

Pour les républicains, il s’agit d’une façon de dénoncer la politique du président Joe Biden, qu’ils accusent d’avoir transformé la frontière avec le Mexique en passoire, et de tenter de placer l’immigration au centre de la campagne des élections de mi-mandat, en novembre.

Mercredi, l’influent gouverneur républicain de Floride Ron DeSantis a rejoint ce mouvement, en revendiquant l’envoi de deux avions de migrants vers l’île de Martha’s Vineyard, mythique lieu de villégiature pour les plus fortunés ayant accueilli les Kennedy, les Clinton ou les Obama. Un groupe d’une cinquantaine de migrants vénézuéliens, dont des enfants, est arrivé mercredi sur cette île de la côte atlantique de la Nouvelle-Angleterre, une région riche en élites souvent la cible des conservateurs.

Bien que le gouverneur de Floride ait organisé ce transport, les avions arrivaient du Texas et non de son Etat, selon le journal local MV Times et un homme politique local. « Des migrants sont en train d’être débarqués à Martha’s Vineyard par des vols affrétés depuis le Texas. Beaucoup ne savent pas où ils sont. Ils disent qu’on leur a dit qu’ils recevraient un logement et un emploi », a tweeté mercredi soir un élu démocrate local, Dylan Fernandes.

Ron DeSantis, lui aussi candidat à sa réélection, est vu comme un potentiel rival pour l’ancien président Donald Trump dans la course à la Maison Blanche en 2024. « Les résidents de Martha’s Vineyard devraient être ravis », a ironisé mercredi sur Twitter Christina Pushaw, de l’équipe de communication du gouverneur de Floride. « Les migrants illégaux rendront la ville plus diversifiée, ce qui est une force. Non ? »

« Cruel »

La politique d’immigration, sujet explosif aux Etats-Unis, l’est encore davantage à quelques semaines d’élections de mi-mandat aux lourds enjeux. L’immigration est un thème de prédilection des républicains, et déplacer des migrants lors d’opérations spectaculaires leur offre une possibilité de replacer le débat au centre d’une actualité dominée par l’affaire des documents retrouvés chez Donald Trump, et avec un électorat démocrate galvanisé par le retour en arrière de la Cour suprême sur l’avortement.

Transporter ces migrants à Martha’s Vineyard et à Washington « était une nécessité », a commenté Andy Biggs, représentant républicain d’Arizona, Etat dont le gouverneur envoie également des bus de migrants. « Les leaders démocrates doivent descendre de leur tour d’ivoire et affronter la réalité. »

A l’inverse, le maire démocrate de New York Eric Adams a promis jeudi de se concentrer sur l’accueil et non le rejet des migrants. « Exploiter des personnes vulnérables dans le cadre d’un coup politique est révoltant et cruel », s’est de son côté indignée Elizabeth Warren, sénatrice du Massachusetts, où est située l’île de Martha’s Vineyard.

Charlie Crist, opposant démocrate à Ron DeSantis dans la course pour le siège de gouverneur en Floride, a dénoncé un « calcul politique » visant à « servir de la chair fraîche à sa base électorale ». Le candidat a dénoncé le prix de cette opération, affirmant que la Floride dépensait « 12 millions de dollars pour envoyer des enfants immigrés innocents loin de notre Etat ».