EMPLOILe «quiet quitting», lancé sur TikTok, va-t-il devenir la norme au travail?

Le « quiet quitting », popularisé sur TikTok, va-t-il devenir la norme au travail ?

EMPLOILe « quiet quitting » ou « démission silencieuse », qui consiste à ne faire que le strict minimum au travail, semble aujourd’hui faire de plus en plus d’adeptes en France
Après la «Grande démission» qui a secoué le monde du travail post Covid, le «quiet quitting» [«démission silencieuse»] fait aujourd'hui de plus en plus d'adeptes en France.
Après la «Grande démission» qui a secoué le monde du travail post Covid, le «quiet quitting» [«démission silencieuse»] fait aujourd'hui de plus en plus d'adeptes en France. - iStock / City Presse / City_presse
Hakima Bounemoura

Hakima Bounemoura

L'essentiel

  • Le « quiet quitting » ou « démission silencieuse » est un phénomène popularisé sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok, qui consiste à ne faire que le strict minimum au travail.
  • Respecter scrupuleusement les horaires, ne plus répondre aux e-mails en dehors des heures de travail, ne plus dépanner un collègue…, nombreux sont ceux qui aujourd’hui revendiquent cette nouvelle façon de concevoir le travail au quotidien.
  • « Les adeptes du quiet quitting sont des salariés qui refusent que leur boulot soit au centre de leurs préoccupations. Ils décident alors de ne pas démissionner, mais de ralentir la cadence pour préserver leur santé mentale », explique Adrien Scemama, responsable de Talent.com en France, une plateforme qui diffuse près de 4 millions d’offres d’emploi chaque mois.

Nouvelle tendance lancée sur TikTok ou véritable phénomène de fond ? Après la « Grande démission » qui a secoué le monde du travail à la suite de la crise du Covid, le « quiet quitting » ou « démission silencieuse » semble aujourd’hui faire de plus en plus d’adeptes en France. Respecter scrupuleusement les horaires, ne plus répondre aux e-mails en dehors des heures de travail, ne plus accepter de responsabilités, de tâches supplémentaires ou encore ne plus « dépanner » un collègue…, nombreux sont ceux qui aujourd’hui ont décidé de faire le « strict minimum » au boulot.

Ce phénomène, très répandu outre-Atlantique, a été popularisé par la plateforme TikTok, avec la publication d’une vidéo en juillet dernier. « Vous remplissez toujours vos fonctions, mais vous ne souscrivez plus à la mentalité consistant à se démener pour le boulot, qui dit que le travail doit être votre vie. La réalité, c’est que ça ne l’est pas, et votre valeur en tant que personne n’est pas définie par votre travail (…) Arrêtons de nous tuer à la tâche, de cautionner la hustle culture (la culture du burn-out), le travail n’est pas votre vie et votre valeur n’est pas indexée à votre productivité », expliquait ainsi l’utilisateur @zaidleppelin, invitant les salariés à « lever le pied ».

« Ralentir la cadence pour préserver sa santé mentale »

Le post a connu un immense succès, avec plus d’un million de « likes » et plus de 90 millions de vues. Dans les réponses, un sentiment partagé de rancœur de la part des internautes, qui ont à leur tour posté des vidéos - avec le hashtag #quietquitting –, revendiquant cette nouvelle manière de concevoir le travail en entreprise. « Tu restes en poste, tu fais ton travail professionnellement, mais tu refuses les heures supplémentaires, tu refuses de répondre aux e-mails ou au téléphone en dehors des horaires de travail, et tu refuses d’assumer des responsabilités qui ne font pas partie de la description de ton poste », explique notamment dans une vidéo Karine Trioullier, qui se définit comme une « architecte de carrières ».

« Les adeptes du « quiet quitting » sont des salariés qui refusent que le travail soit au centre de leurs préoccupations. Ils ne se sentent plus engagés dans leur entreprise, souvent par manque de considération, mais aussi par épuisement. C’est une conséquence de ce qu’on a vécu depuis deux ans, avec un ras-le-bol et surtout une peur du burn-out. Certains décident alors de ne pas démissionner, mais de ralentir la cadence pour préserver leur santé mentale », explique à 20 Minutes Adrien Scemama, responsable de Talent.com en France, une plateforme qui diffuse près de 4 millions d’offres d’emploi chaque mois.

« Les CDI ne font plus rêver les jeunes »

L’essor du « quiet quitting », comme la vague de démission constatée depuis quelques mois, sont des tendances qui ont émergé après la crise sanitaire, et les longs mois de confinement. Depuis le Covid, de plus en plus de salariés ne veulent plus que leur travail empiète sur leur vie privée et sont à la recherche d’un meilleur équilibre entre vie pro et vie personnelle. « Le but de nos vies, ce n’est pas de rester 40 ans dans la même boîte toxique (…) Les CDI ne font plus rêver les jeunes », explique également Laurène, qui plaide « pour davantage de respect envers les salariés », dans une vidéo postée sur TikTok.

Ce sont en effet les jeunes générations qui revendiquent le plus cette nouvelle « philosophie » au travail. « La génération Z est aujourd’hui bien plus attentive aux conditions de travail et à son bien-être qu’au type de contrat qui leur est proposé. Les nouvelles générations n’acceptent plus de travailler n’importe comment et à n’importe quel prix », confirme Adrien Scemama, qui a observé ce comportement auprès des jeunes actifs. Plus de 70 % des jeunes estiment ainsi qu’ils pourraient quitter leur job si leur employeur leur demandait de revenir à 100 % en présentiel, indique une récente étude de l’ADP Research Institute.