mieux vivre la villeEnvie se dresse contre le gaspillage en roue libre du matériel médical

Gironde : Envie se dresse contre le gaspillage en roue libre autour du matériel médical

mieux vivre la villeL’entreprise d’insertion Envie Autonomie collecte et remet en état des dispositifs médicaux
Claude répare une chaise percée dans l'atelier d'Ambarès-et-Lagrave de l'entreprise d'insertion par l'emploi Envie Autonomie.
Claude répare une chaise percée dans l'atelier d'Ambarès-et-Lagrave de l'entreprise d'insertion par l'emploi Envie Autonomie.  - E.Provenzano / 20 Minutes
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • L’entreprise d’insertion Envie Autonomie collecte, répare et livre des dispositifs médicaux à moitié prix de leur valeur neufs.
  • Dans l’atelier d’Ambarès-et-Lagrave, en Gironde, 3.000 aides techniques ont été collectées en dix-huit mois et environ 20 % d’entre elles ont été remises en état par trois salariés en insertion.
  • 30 à 40 % de ces équipements se retrouvent inutilisés dès la première année, en particulier parce qu’ils ont été achetés à distance et ne correspondent pas à leurs besoins.

«On rencontre régulièrement des personnes qui se tiennent aux meubles par manque de déambulateurs ou qui enjambent leurs baignoires car les sièges de douches ne sont pas pris en charge (par la Sécurité sociale) », raconte Elisabeth Carré Bouzet, infirmière dans une structure de soins à domicile de l’Entre-deux-mers, en Gironde, qui prend en charge quasi exclusivement des personnes âgées. Dans le même temps, cette soignante décrit des chambres de malades souvent encombrées de dispositifs médicaux dont ils n’ont plus l’usage. Le partenariat noué avec l’entreprise d’insertion Envie Autonomie (16 agences au niveau national) qui collecte, répare et livre des dispositifs médicaux à moitié prix, permet de progresser sur ces deux tableaux.

Trier, réparer et nettoyer

Rien que sur le site d’Ambarès-et-Lagrave, en Gironde, 3.000 aides techniques ont été collectés en dix-huit mois et les marges de progression sont encore jugées importantes. L’entreprise ne remet en état que 20 % de ce qui est collecté mais met la main au passage sur beaucoup de pièces détachées, cruciales pour les réparations.

De la pince de préemption au fauteuil roulant en passant par le déambulateur et le lit médicalisé, elle trie tous les dispositifs médicaux adaptés au maintien à domicile et au handicap moteur. Certains sont mis au rebut en lien avec les éco-organismes compétents car obsolètes ou non conformes. Par exemple, tous les éléments qui ne sont pas en conformité avec les normes européennes (des produits achetés sur Internet) partent à la benne, sûreté médicale oblige.

A la manœuvre dans l’atelier d’Ambarès, trois salariés en insertion sous la houlette d’un chef d’atelier remplacent les pièces défectueuses ou usées et se livrent à un nettoyage en profondeur, avant une hygiénisation au moyen d’une machine à vapeur. « Le matériel nous est livré comme neuf », témoigne Laetitia Guédin, infirmière coordinatrice au sein de l' EPHAD les jardins de l’Ombrière, à Eysines.

30 à 40 % de produits inutilisés dès la première année

Mais pourquoi autant de matériels médicaux dorment chez les particuliers en France ? « On se retrouve avec 30 à 40 % de produits inutilisés dès la première année parce qu’ils ont été vendus sans analyse, sans diagnostic préalable, on peut dire que c’est de la vente un peu forcée, c’est la réalité du secteur, constate Valentin Juin, même si certains distributeurs font très bien leur travail. »

Pour ne pas tomber dans ce travers, l’entreprise ne fait pas de vente à distance, elle livre, installe et propose une garantie de deux ans sur le matériel. « Quand on a une difficulté on peut les appeler, la communication est fluide », apprécie Laetitia Guédin. Les stocks conséquents permettent aussi de faire preuve de réactivité auprès des établissements, avec des livraisons possibles en 72 heures.

Quand on a eu une prise en charge pour un fauteuil roulant par exemple, il faut patienter cinq ans pour pouvoir en changer dans les mêmes conditions de remboursement. Un problème quand on se rend compte au bout de quelques jours que son fauteuil ne convient pas… Et si on a commandé à distance son matériel, au comptoir de sa pharmacie par exemple, il n’y a pas de retour possible. Pour éviter ce genre de cas, les conseillers techniques d’Envie Autonomie proposent du matériel à l’essai pendant cinq jours et un service après-vente.

« J’ai été contacté par un monsieur dont le fauteuil roulant était trop lourd pour que sa femme puisse le mettre dans le coffre, ce qui était problématique, raconte Oussama Soudy, conseiller technique chez Envie Autonomie et ancien aide-soignant. Il en a testé cinq et à chaque fois sa femme essayait de les porter. » Il a gardé son premier fauteuil pour circuler chez lui et a opté pour un modèle plus léger afin de se déplacer avec son épouse.

Une solution pour le public précaire

« Certains dispositifs (comme ceux en lien avec l’hygiène) ne sont pas pris en charge par la Sécurité sociale, donc certaines personnes font l’impasse, raconte l’infirmière Elisabeth Carré Bouzet. Si des aides peuvent être demandées, cela prend du temps et je vois régulièrement des abandons de démarches. Les gens se retrouvent alors en insécurité à domicile, par manque de matériel. » Pour ce public précaire, le matériel reconditionné d’Envie Autonomie vendu moitié moins cher que son prix à l’état neuf peut être une bonne alternative. Reste parfois la difficulté de changer ses habitudes d’achat ou une certaine réticence vis-à-vis du matériel issu du réemploi.

« Comme ils ne sont pas proposés à la vente neufs mais remis en bon état d’usage, il n’y a pas de base de remboursement, à part pour la location, précise Valentin Juin, délégué territorial Envie Autonomie Nouvelle-Aquitaine. Mais, un décret doit sortir dans les prochains mois et va fixer une base de remboursement adaptée qui concernera exclusivement les dispositifs médicaux qui roulent (scooters, déambulateurs, fauteuils), pour la vente auprès des particuliers ». Une évolution qui devrait finir de convaincre une partie des clients potentiels.