dépensesLa livre au plus bas face au dollar

Royaume-Uni : La livre au plus bas face au dollar après un « mini-budget » dispendieux

dépensesCertains analystes estiment qu’elle pourrait, à court terme, atteindre la parité avec le dollar
Ce lundi 26 septembre, la livre Sterling a atteint son plus bas historique face au dollar. (PHOTO D'ILLUSTRATION)
Ce lundi 26 septembre, la livre Sterling a atteint son plus bas historique face au dollar. (PHOTO D'ILLUSTRATION) - Canva / Canva
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Le Royaume-Uni est au bord de la récession et les finances publiques inquiètent les investisseurs. Ce lundi, la livre Sterling a atteint son plus bas historique face au dollar. Face à un dollar résistant grâce à son statut de valeur refuge, la livre a plongé à 1,0350 dollar vers 3h25 (heure française), son plus bas depuis 1971, la fin des accords de Bretton Woods et l’adoption d’un régime mondial de changes flottants.

En 1985, elle avait touché 1,0520 dollar, ce qui était jusqu’alors son plus bas historique depuis la fin de l’arrimage des devises entre elles. Vers 9h30 (heure française), la devise britannique avait rebondi à 1,0743 dollar, mais certains analystes estiment qu’elle pourrait à court terme atteindre la parité avec le dollar.

Un budget « plus énorme qu’attendu »

« Les investisseurs ont vraiment détesté le "mini-budget" annoncé par le Royaume-Uni vendredi. Ils s’attendaient à un énorme paquet de mesures budgétaires de la part du gouvernement de Liz Truss », la nouvelle Première ministre conservatrice, « mais il s’est révélé encore plus énorme qu’attendu », note Ipek Oskardeskaya, analyste de Swissquote Bank.

Le nouveau ministre des Finances, Kwasi Kwarteng, a notamment annoncé des baisses d’impôt sur le revenu pour la tranche supérieure d’imposition, en plus de celles qui avaient été distillées dans les médias britanniques pendant les jours précédents. Au total, les baisses d’impôts annoncées sont les plus importantes depuis les années 1970, assorties d’aides massives aux factures énergétiques en pleine crise du coût de la vie.

Un emprunt supplémentaire de 72 milliards de livres

Le coût de ce soutien au prix de l’énergie a été chiffré à 60 milliards de livres pour 6 mois seulement. Les économistes évaluent l’ensemble du paquet fiscal à entre 100 et 200 milliards de livres. L’ensemble devrait contraindre le Royaume-Uni à emprunter 72 milliards de livres supplémentaires sur les marchés, ce qui inquiète les opérateurs.

Kwasi Kwarteng a relativisé dimanche la réaction très négative du marché à son « mini-budget » et les accusations de favoriser les plus aisés, déclarant que son paquet de mesures « aide les gens sur toute l’échelle de revenus ». Interrogé sur la chute de la livre et l’augmentation des taux d’emprunt, Kwasi Kwarteng s’est contenté de répondre que le Royaume-Uni devait avoir « une approche plus proactive sur la croissance et c’est ce sur quoi portaient mes déclarations de vendredi ».

« Qui va financer toutes ces dépenses ? »

Rachel Reeves, porte-parole du parti d’opposition travailliste sur les questions financières, s’est dite « terriblement inquiète » du plongeon de la livre. « Les marchés demandent : qui va financer toutes ces dépenses ? Les taux d’emprunt des titres de dette britannique à dix ans ont bondi de 20 % depuis la semaine dernière », ajoute Ipek Oskardeskaya.

Elle ajoute que la Banque d’Angleterre « devrait réagir avec une hausse de 100 points de base de son taux lors de sa prochaine réunion pour s’assurer que l’inflation n’est pas hors de contrôle à cause des dizaines de milliards de livres qui entrent dans le système financier ».

Montée des taux d’intérêt

Cela aurait dû faire remonter la livre, estime-t-elle, mais les investisseurs, au contraire, se sont délestés de la monnaie britannique. Pour l’analyste, « la parité [avec le dollar] est désormais presque certaine ».

Jeudi, le comité de politique monétaire de la Banque d’Angleterre avait remonté de 0,50 point de pourcentage son taux d’intérêt à 2,25 %, pour tenter de contrer une inflation à 9,9 %, le taux le plus élevé du G7. L’institut monétaire a aussi estimé que le Royaume-Uni était entré en récession pendant le troisième trimestre.