REPORTAGEA Irpin et Boutcha, l’urgence de la reconstruction

Guerre en Ukraine : A Irpin et Boutcha, l’urgence de la reconstruction

REPORTAGEIrpin et Boutcha, deux villes martyres brutalisées par les combats et l’occupation russe, les habitants tentent de se reconstruire et de rebâtir les habitations
A Boutcha, les traces des combats sont encore omniprésentes
A Boutcha, les traces des combats sont encore omniprésentes - Armelle Le Goff / 20 Minutes
Armelle Le Goff

Armelle Le Goff

L'essentiel

  • A Irpin et Boutcha, le quotidien a repris ses droits, après les violents combats du printemps.
  • L'heure est à la reconstruction, dans des villes où près de « 70 % des logements ont été endommagés ou détruits » et où les habitants peinent à se remettre de l'horreur.
  • Les moyens manquent, malgré l'intervention de l'Etat et l'investissement des Ukrainiens.

De notre envoyée spéciale en Ukraine

Ici des grues, là le bruit des marteaux pour rénover les appartements d’immeubles toujours marqués par les bombardements. A Irpin et Boutcha, le quotidien a repris ses droits. Et l’urgence est à la reconstruction, au raccordement à l’eau et à l’électricité des habitations endommagées et au relogement des habitants qui ont perdu le leur.


Irina Myguetko, secrétaire générale de la mairie d'Irpin en Ukraine
Irina Myguetko, secrétaire générale de la mairie d'Irpin en Ukraine - Armelle Le Goff

« A Irpin, 70 % des logements ont été endommagés ou détruits, confirme Irina Myguetko, secrétaire générale de la mairie. Notre priorité est d’assurer des logements décents à toutes les familles qui ont perdu le leur avant l’arrivée du froid. » Mais les moyens manquent. « L’Etat pourvoit à la prise en charge de certains travaux, mais les écoles et infrastructures d’accueil nécessitent elles aussi d’être rénovées », poursuit Irina Myguetko, à pied d’œuvre même le week-end.



Les habitants ne parviennent pas à oublier l’horreur

« Depuis le 24 février et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, on travaille sept jours sur sept », confirme son collègue Dmytro Negrecha. Depuis la guerre, rien n’est normal. Et même parmi ces enfants qui courent sur la place de l’hôtel de ville, il y en a parmi eux qui continuent à dormir avec leurs chaussures au pied du lit, au cas où il faudrait fuir les bombardements.


Dmytro Negrecha, un habitant d'Irpin en Ukraine
Dmytro Negrecha, un habitant d'Irpin en Ukraine - Armelle Le Goff

Les larmes aux yeux, Louba, habitante de Kiev, en week-end à Boutcha chez sa sœur, montre les photos de la cave où les membres de sa famille ont vécu terrés dans le froid pendant des semaines. Dehors les rachistes [contraction de russes et fascistes] comme les surnomment désormais les Ukrainiens tentaient de s'emparer du pays. Vols, dégradations, exécutions sommaires, cadavres abandonnés dans les rues. Les habitants de ces villes de la grande banlieue de Kiev ne parviennent pas à oublier l’horreur de ces semaines, révélée aux yeux du monde lors de la découverte de fosses communes à Boutcha. « Ce qui m’a frappée lorsque j’y suis rentrée à Irpin et Boutcha après que les Russesen furent partis, c’est l’odeur de la mort », se souvient Alona Shkrum, députée ukrainienne.


NOTRE DOSSIER SUR LA GUERRE EN UKRAINE

La vie a repris ses droits. Et, avec elle, les nécessités du quotidien et de trouver des fonds. « On tente de mettre en place des jumelages avec des villes étrangères pour soutenir nos chantiers », détaille Dmytro Negrecha, de la mairie d’Irpin, qui espère que cette stratégie sera payante. Il est temps. Les Ukrainiens partis se réfugier à l’étranger reviennent. Il n’y a qu’à voir les trains qui assurent la liaison entre l’Europe et l’Ukraine remplis de familles, accueillies par des bouquets de fleurs ou des ballons en forme de cœur. Irpin et Boutcha, deux villes en pleine croissance économique et démographique avant que la guerre vienne y mettre un coup d’arrêt. Deux villes que leurs habitants veulent aujourd’hui à tout prix reconstruire.