Fake offGare à cette info sur l’extraction de lithium pour les voitures électriques

Voitures électriques : Attention à cette publication sur l’extraction de lithium

Fake offLa machine évoquée par certains internautes, présentée comme consommant 450 litres de carburant en 12 heures de travail, ne sert pas à l’extraction de lithium
Sur la photographie partagée sur les réseaux sociaux se trouve une excavatrice de lignite, et non pas de lithium, comme le prétendent des internautes.
Sur la photographie partagée sur les réseaux sociaux se trouve une excavatrice de lignite, et non pas de lithium, comme le prétendent des internautes. - Capture d'écran / Facebook
Maïwenn Furic

Maïwenn Furic

L'essentiel

  • Une publication Facebook met en cause la consommation de carburants qui serait nécessaire à l’extraction du lithium, utilisé dans les batteries de voitures électriques.
  • Elle s’appuie sur la photo d’une machine qui consommerait 450 litres de carburant en 12 heures de travail. Cette dernière sert en réalité à l’extraction du lignite, et fonctionne à l’électricité.
  • Mais cela ne remet pas en cause l’impact environnemental de la construction de voitures électriques.

Les voitures électriques sont-elles seulement fabriquées pour se donner bonne conscience ? C’est ce que prétendent des internautes depuis plusieurs semaines. Si ces véhicules ne consomment pas de gasoil ou d’essence pour rouler, leur fabrication nécessiterait, selon certains, une importante consommation de carburant. Pour « preuve » : une photographie de la machine permettant de puiser du lithium, nécessaire au fonctionnement de ces voitures.


La publication, accompagnée d'une photographie de la machine qui consommerait 450 litres de carburant en 12 heures de travail selon les internautes, a été partagée plus de 20.000 fois
La publication, accompagnée d'une photographie de la machine qui consommerait 450 litres de carburant en 12 heures de travail selon les internautes, a été partagée plus de 20.000 fois - Capture d'écran

« Cette machine doit déplacer 500 tonnes de terre/minéral à raffiner pour créer une batterie lithium de voiture. Consomme 450 litres de carburant en 12 heures de travail », débute cette publication devenue virale. Mais attention, la photographie jointe au texte est trompeuse. 20 Minutes vous explique pourquoi.

FAKE OFF

Le lithium est utilisé pour le stockage de l’énergie dans les batteries des voitures électriques, tout comme dans les téléphones portables et les ordinateurs depuis de nombreuses années. Son extraction a effectivement un impact non négligeable sur l’environnement. Comme l’affirme la publication largement relayée sur les réseaux sociaux, puiser du lithium peut nécessiter l’extraction de grandes quantités de roches et l’utilisation de très importants volumes d’eau.

Mais la photographie sur laquelle s’appuie la publication ne montre pas une excavatrice de lithium, mais de lignite, un type de charbon. Par une recherche d’image sur Google, il est possible de trouver une image de la machine en question. Il s’agit en réalité d’une Bagger 288, l’un des véhicules terrestres les plus grands du monde. Elle est utilisée dans la mine de Garzweiler, dans l’ouest de l’Allemagne, et ne fonctionne pas au carburant, mais à l’électricité.


En ce qui concerne l’impact environnemental de la production de batteries de voitures électriques, des données précises existent. L’ONG Conseil international pour des transports propres explique que « les émissions de gaz à effet de serre liées à la production d’une batterie lithium-ion graphite NMC111 typique varient entre 65 et 100 kilogrammes d’équivalent CO2 par kWh de capacité de la batterie ». Cela dépend de la provenance de l’électricité produite pour concevoir la batterie : le réseau européen est relativement propre, tandis qu’aux États-Unis ou en Chine, il est fortement lié au charbon.


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La construction d’un véhicule électrique à batterie est d’environ 1,5 fois plus intensive en carbone que la construction d’un véhicule conventionnel comparable, conclu l’ONG. La différence se fait alors sur le long terme. En juin dernier, Olivier Vidal, directeur de recherche au CNRS à l’Institut des sciences de la Terre de Grenoble, expliquait à 20 Minutes que pour fabriquer un véhicule électrique, « il faut à l’heure actuelle deux fois plus d’énergie que pour produire un véhicule thermique, en raison principalement de la batterie. Mais le surcoût de fabrication est récupéré à partir de 80.000 kilomètres ».

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