HABILLEMENTLa faillite de Camaïeu en augure-t-elle d’autres dans le prêt-à-porter ?

La liquidation de Camaïeu augure-t-elle d’autres faillites dans le prêt-à-porter ?

HABILLEMENTUne autre enseigne nordiste, Pimkie, est dans la tourmente
Plus de 500 magasins Camaîeu ferment définitivement leurs portes ce samedi 1er octobre. Les clients se pressent donc pour profiter des promotions de dernière minute. Ici au 353 Rue de Vaugirard, à Paris.
Plus de 500 magasins Camaîeu ferment définitivement leurs portes ce samedi 1er octobre. Les clients se pressent donc pour profiter des promotions de dernière minute. Ici au 353 Rue de Vaugirard, à Paris.  - Eric Dessons / SIPA
Gilles Durand

Gilles Durand

L'essentiel

  • Après la liquidation judiciaire de Camaïeu, l’ancien leader du prêt-à-porter féminin en France, le milieu de l’habillement navigue entre inquiétude et espoir.
  • « Le cas de Camaïeu ne doit pas cacher la force et la capacité d’innovation des entreprises du secteur », estime le président de l’Alliance du Commerce, qui gère les grandes enseignes de l’habillement.
  • Une autre marque nordiste, Pimkie, est également dans la tourmente avec l’annonce de la vente de sa chaîne de magasins, en juin.

A qui le tour ? Samedi, les 511 magasins Camaïeu ont définitivement baissé leur rideau. Après la liquidation judiciaire, prononcée mercredi, par le tribunal de commerce de Lille, à l’encontre de l’ancien leader du prêt-à-porter féminin en France, le milieu de l’habillement est-il inquiet ? Pour Yohann Petiot, directeur de l’Alliance du Commerce, syndicat qui gère, entre autres, le secteur de l’habillement, le cas de Camaïeu était particulier.

« Quand vous avez une dette aussi élevée, vous êtes obligés de consacrer vos bénéfices à la rembourser et vous prenez du retard dans votre transformation, explique-t-il. Quand le cycle se grippe encore plus avec la conjoncture des gilets jaunes et du Covid-19, difficile de s’en sortir. »

Pimkie aussi dans la tourmente

Et Yohann Petiot d’alerter : « Cet exemple montre néanmoins que les pouvoirs publics doivent desserrer l’étau du prêt garanti pour l’Etat ». Un PGE qui n’avait d’ailleurs pas été accordé à Camaïeu. « Il faut allonger la durée du remboursement si on veut éviter d’autres faillites de société qui redémarrent, mais trop doucement par rapport aux échéances des remboursements. », précise le président de l’Alliance du Commerce.

Car le constat est loin d’être rose. Entre 2010 et 2020, le secteur a subi une forte baisse de son chiffre d’affaires. Et d’autres marques sont, depuis quelques années, dans la tourmente. Au premier rang desquels l’entreprise nordiste Pimkie. La direction a officiellement annoncé, en juin, la mise en vente de sa chaîne de magasins. Et les 1.500 salariés vivent dans la crainte d’un épilogue semblable à celui de Camaïeu. « La fermeture de l’enseigne vient forcément créer une psychose », témoigne Valérie Pringuez, ancienne salariée de l’entreprise, devenue assistante parlementaire.

Selon elle, « les difficultés du prêt-à-porter sont réelles », mais elle estime que « la crise du Covid-19 est un prétexte dont les entreprises profitent pour licencier ». « Le problème, c’est aussi la mauvaise gestion, accuse-t-elle. L’externalisation de services de logistique provoque souvent une plus mauvaise qualité de service et on demande aux salariés de faire du chiffre sans leur donner les moyens. En n’envoyant pas sur site les articles que les clients réclament, par exemple. »

Les réseaux sociaux au cœur de la stratégie

Faut-il y voir la fin programmée des grandes enseignes, incapables de s’adapter ? « Le cas de Camaïeu ne doit pas cacher la force et la capacité d’innovation des entreprises du secteur, relativise Yohann Petiot. La majorité a passé le cap de la transformation digitale, de l’écoconception et de la rénovation des magasins qui sont devenues la clé de la réussite. »

D’après lui, « le digital représente désormais 20 % de part de marché ». « Il faut y être, avec des outils de gestion de stock très précis et une logistique efficace », souligne-t-il.



Un virage que semblent prendre plus facilement les marques indépendantes qui dépendent de la Fédération du prêt-à-porter féminin. Son porte-parole se veut optimiste. « Beaucoup de nos marques mettent les réseaux sociaux au cœur de leur stratégie, appliquent la co-création avec les consommatrices et consommateurs et développent le marché de la seconde main, signale la fédération. Et ces nouvelles pratiques, ça marche plutôt bien ! »