Finance : Pourquoi les influenceurs ne sont pas toujours les meilleurs conseillers

Le monde de la finance n'a jamais été aussi populaire ! Entre 2019 et 2021, plus d'un million de nouveaux investisseurs particuliers ont été recensés par l'Autorité des marchés financiers, le gendarme du secteur. Or, les profils de moins de 25 ans comptent pour plus de 10 % de ces publics, d'après l'enquête 2022 de l'institut d'études Kantar. Un chiffre qui a triplé depuis 2015 !

Sauf que les jeunes se tournent rarement vers leur banquier ou un conseiller en gestion de patrimoine pour se lancer. C'est avant tout sur la Toile, et en particulier sur les réseaux sociaux, qu'ils découvrent des opportunités financières…

Démocratisation en ligne

Apprendre à épargner et à faire les bons choix d'investissement est crucial pour se constituer un patrimoine. Et justement, le web est un incroyable outil de démocratisation. Alors que les acteurs institutionnels multiplient les plateformes d'information pédagogiques, bon nombre d'anciens pros de la finance animent des blogs, chaînes et comptes de réseaux sociaux pour expliciter les rouages de cet univers méconnu.

En outre, de nouveaux courtiers en ligne basés à l'étranger et baptisés « néo-brokers », comme Trade Republic, eToro ou Activtrades, attirent les jeunes internautes grâce à une communication ludique et à un fonctionnement simplifié qui permet de placer son épargne en quelques clics.

Une communication trompeuse

« Les néo-brokers ont séduit cette nouvelle génération en leur montrant que l'investissement en Bourse pouvait être facile. Mais attention à ne pas minimiser les risques de perte ! », met en garde Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants pour l'Autorité des marchés financiers (AMF). D'autant que ce sont souvent des influenceurs populaires qui se chargent de faire la promotion de ces sites sur les réseaux, en les évoquant comme des bons plans.

Sauf qu'ils n'indiquent pas toujours qu'ils sont payés pour cela... Or, la responsable de l'AMF est catégorique : « Les influenceurs financiers sont une nouvelle façon de faire de la publicité, mais cela reste de la publicité qui est encadrée par le Code de la consommation. S'ils ne respectent pas ces règles, ils peuvent être sanctionnés par la DGCCRF (Répression des fraudes) pour pratique commerciale trompeuse ».

Ce délit a d'ailleurs valu à la célèbre Nabilla Benattia-Vergara une amende de 20 000 € en 2021, après avoir fait la promotion sur Snapchat de services de formation au trading d'un site spécialisé dans le bitcoin, pour avoir omis de préciser qu'elle était rémunérée, ainsi que pour des allégations trompeuses.

L'internaute responsable

Bien que l'AMF et la Répression des fraudes luttent activement contre toutes les pratiques illicites, ces acteurs institutionnels mettent également en garde les internautes contre leurs propres comportements. En effet, si vous répondez aux sirènes de l'investissement facile et que vous placez vos économies en Bourse ou sur des marchés complexes et dangereux comme le Forex ou les CFD (des produits qui permettent de parier sur les variations d'un actif), vous avez de fortes chances de tout perdre, sans pouvoir blâmer quiconque.

Avant tout placement, il est donc recommandé de bien se renseigner auprès de sources fiables et de ne jamais se précipiter. Demandez-vous si la personne qui vante tel ou tel produit a les compétences pour en parler et si vous comprenez-vous même réellement de quoi il s'agit et comment cela fonctionne. Alors que les offres alléchantes pullulent sur la Toile, Claire Castanet le martèle : « Il faut déconstruire le mythe de l'argent facile, parce que ça n'existe pas ».