PROCESUn géant du transport jugé pour homicides involontaires et harcèlement

Sarthe : « C’était marche ou crève… » Un géant du transport jugé pour homicides involontaires et harcèlement

PROCESLe transporteur Jacky Perrenot et quatre de ses dirigeants comparaissent jusqu’à mardi devant le tribunal correctionnel du Mans
Un camion Jacky Perrenot sur l'autoroute
Un camion Jacky Perrenot sur l'autoroute  - Adil Benayache/SIPA / SIPA
20 Minutes avec AFP

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L'essentiel

  • Le transporteur Jacky-Perrenot et quatre de ses dirigeants comparaissent jusqu’à mardi devant le tribunal correctionnel du Mans.
  • Après le décès de deux chauffeurs du groupe, plus de 40 salariés ou proches des victimes présumées ont porté plainte pour harcèlement.

Plus de 40 personnes les accusent d’un système de harcèlement institutionnalisé et ont décidé de porter plainte contre eux. Le transporteur Jacky Perrenot et quatre de ses dirigeants comparaissent jusqu’à mardi devant le tribunal correctionnel du Mans pour harcèlement et homicides involontaires. Deux chauffeurs du groupe, qui emploie plus de 9.000 salariés et se présente comme leadeur dans le transport pour la grande distribution, avaient trouvé la mort à quelques semaines d’intervalle en 2018 : l’un s’était suicidé, l’autre avait eu un accident suite à un malaise au volant.

Dans les deux cas, ces décès étaient en partie liés au rythme et aux conditions de travail imposés par la direction de la filiale sarthoise du groupe, Perrenot-Robineau, basée à Soulitré près du Mans, selon l’enquête. Le chauffeur de 56 ans qui a mis fin à ses jours, habitué aux longues distances, aurait été affecté contre son gré à des tournées régionales réputées difficiles. Sa compagne estime que « l’employeur est totalement responsable du suicide de son conjoint ». L’autre chauffeur décédé d’un accident de la route à l’âge de 42 ans, avait, lui aussi, vécu comme une punition son passage du statut de « grand routier » à celui de journalier, évoquant une « pression folle », par exemple, pour livrer les clients à temps.

Cadences infernales, punitions…

Suite à ces décès, plus de 40 salariés ou proches des victimes présumées, entendus par les enquêteurs, ont déposé plainte pour harcèlement moral entre 2016 et 2021. Ils dénoncent notamment des cadences infernales, des tournées modifiées au dernier moment, des « punitions » pour ceux qui ne rentrent pas dans le moule… « Les chauffeurs étaient devenus de simples pions, des numéros. Il n’y avait aucune politique sociale dans l’entreprise. C’était marche ou crève », a affirmé une ancienne employée du service des ressources humaines.

La première journée d’audience a permis d’entendre les quatre prévenus et le président, représentant légal de son groupe, poursuivis pour harcèlement moral et homicides involontaires dans le cadre du travail. Ils ont expliqué que le transport routier était un « métier compliqué », qui oblige parfois les conducteurs à partir le matin sans savoir quand ils reviendront à leur base. « Sans cesse on est en train de trouver des solutions aux aléas », a assuré le directeur du site de Soulitré, Sébastien Rousset. Le procès doit se terminer mardi.