FOOTBALLLe mariage entre Laurent Blanc et l’OL, « forcément du gagnant-gagnant » ?

Ligue 1 : Le mariage entre Laurent Blanc et l’OL, « forcément du gagnant-gagnant » après une telle traversée du désert ?

FOOTBALLL’ancien entraîneur des Girondins et du PSG, quadruple champion de France de 2009 à 2016, a pour mission depuis dimanche de redresser un Olympique Lyonnais moribond (9e en Ligue 1)
Ligue 1: Le débrief de la présentation de Laurent Blanc à l'OL
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • Largué en Ligue 1 au quart du championnat, l’Olympique Lyonnais a choisi dimanche de se séparer de Peter Bosz pour installer Laurent Blanc sur son banc de touche.
  • L’ancien entraîneur du Paris Saint-Germain (56 ans), sans club en Europe depuis 2016, va tenter d’enfin se relancer, mais aussi de secouer un OL actuellement 9e en championnat.
  • Convaincant pour sa présentation devant la presse lundi, Laurent Blanc avait hâte de retrouver un challenge qui pourrait se révéler « gagnant-gagnant » d’ici juin 2024.

Au centre d’entraînement de l’OL,

C’est paradoxalement dans sa pire période depuis vingt ans que l’Olympique Lyonnais vient d’attirer son entraîneur au CV le plus prestigieux. Vainqueur à quatre reprises du championnat de France, à la tête des Girondins de Bordeaux puis du PSG, et ex-sélectionneur des Bleus de 2010 à 2012, Laurent Blanc est de fait le coach le plus imposant de toute l’histoire de l’OL avec Gérard Houllier (de 2005 à 2007). Sauf que ses six dernières saisons très loin des radars du football européen (une seule expérience de 14 mois au Qatar avec Al-Rayyan) ne sont pas vraiment de nature à rassurer les supporteurs lyonnais. Comme ils viennent d’enquiller une 7e place en Ligue 1 avec un ancien entraîneur de l’OM qu’ils détestaient (en 2020), puis une 8e place avec un coach totalement perdu la saison passée, ceux-ci ne sont plus à une inconnue près pour leur club de cœur, en plein « déclassement » durable avec sa décennie sans le moindre titre.

La dernière chance pour les deux parties ?

Est-ce à dire que la route entre Laurent Blanc (sous contrat jusqu’en juin 2024) et Jean-Michel Aulas se croise au meilleur moment possible, après un rendez-vous manqué lors de l’après-Sylvinho en octobre 2019 ? « Laurent Blanc reste sur des résultats exceptionnels en France, et le voir entraîner à nouveau est forcément du gagnant-gagnant pour lui et pour l’OL, estime Jimmy Briand, ex-attaquant lyonnais ayant côtoyé Lolo White lors de convocations avec l’équipe de France. Grâce à son aura naturelle, il sait redresser une équipe, remobiliser des joueurs en dedans et apporter sa culture de la gagne. » Tout ce qui fait défaut à un club actuellement en perdition sportive à tous les étages, avec une 9e place à 11 points de Lorient (2e), et une série noire de 5 matchs sans victoire qui a fini par être fatale à Peter Bosz dimanche.


Pour son premier poste d'entraîneur principal en Europe depuis six ans, Laurent Blanc est apparu tout sourire, lundi aux côtés de son nouveau président Jean-Michel Aulas.
Pour son premier poste d'entraîneur principal en Europe depuis six ans, Laurent Blanc est apparu tout sourire, lundi aux côtés de son nouveau président Jean-Michel Aulas. - OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP

« Quand le temps passe, on vous oublie… »

« On a pris nos responsabilités, d’aucuns penseront qu’elles ont peut-être été prises tardivement, a indiqué à ce propos Jean-Michel Aulas lundi, lors de la présentation de Laurent Blanc devant la presse. Mais c’est toujours difficile quand on est entrepreneur, et un homme qui apprécie les relations humaines, de prendre des décisions trop tôt sans avoir la certitude que ce sont les meilleures. On essaie toujours de soupeser les éléments économiques, sportifs et humains. » Pas certain que l’ordre des critères énumérés par le président de l’OL soit un hasard, tant l’exigence sportive s’est effritée au fil du long règne de JMA. Sa difficulté à se séparer d'« un homme bien, intelligent et loyal », mais sans la moindre continuité dans le jeu et les résultats durant 16 mois, en est sans doute le symbole le plus éclatant.

Pourquoi Laurent Blanc (56 ans) a-t-il perdu, parallèlement au déclin lyonnais, le fil d’une carrière d’entraîneur entamée sur les chapeaux de roues (15 trophées cumulés en 9 ans) ? Son limogeage du PSG en juin 2016, quatre mois après avoir été prolongé, marque évidemment un tournant. « Pendant deux années, j’avais besoin de souffler, je n’étais pas prêt à repartir, a confié l’ancien défenseur central lundi. C’est là où j’ai eu le plus d’occasions de revenir dans le football. Je ne les ai pas saisies, c’est un choix que j’assume totalement. Après, j’étais ouvert à toute proposition car cette envie-là, ce sport-là, je l’ai dans les tripes. Quand le temps passe, on vous oublie… Mais je pense que l’Olympique Lyonnais ne m’a pas oublié. »


L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

« Pas beaucoup de candidats lui arrivant à la cheville »

Après une pirouette guère élégante pour faire porter l’unique responsabilité du choix de Rudi Garcia en octobre 2019 sur les épaules de Juninho sans même le nommer directement, Jean-Michel Aulas s’est évidemment montré dithyrambique au sujet d’un autre « Président », faisant fi de la mauvaise réputation de Blanc, celle du golfeur invétéré dépendant du travail de son ex-adjoint historique Jean-Louis Gasset. Le champion du monde 98 le sait bien, il y a d’ailleurs répondu entre les lignes lundi, promettant à son groupe beaucoup de travail, un mot « qu’il connaît, même si vous pensez que chez moi il a une autre signification ».

« J’ai toujours rêvé d’avoir Laurent Blanc comme entraîneur de l’Olympique Lyonnais, a ainsi vite lâché JMA lundi. Je connais parfaitement son attachement au football, son professionnalisme et son envie de gagner. Il n’y avait pas beaucoup de candidats qui lui arrivaient à la cheville. »

On veut bien le croire au vu des habituelles idées de la direction sportive de l’OL, alors que Vincent Ponsot et Bruno Cheyrou sont restés muets durant les 50 minutes de conférence de presse lundi, une rareté qui interroge sur leur futur rôle auprès de l’ancien sélectionneur des Bleus. Il n’empêche, à quel point Laurent Blanc s’est-il déconnecté du football européen depuis 2016 ? « Je ne me suis pas tenu très éloigné du football, je peux vous certifier que j’ai vu beaucoup de matchs », assure l’intéressé. « En tant que voisins au Bouscat, près de Bordeaux, on se croisait souvent et on parlait football, raconte Jimmy Briand. Je sais qu’il n’a jamais arrêté de suivre le championnat de France dans lequel il a tant brillé. »


Jimmy Briand, ici en septembre 2010 à Clairefontaine, lors d'une de ses apparitions en équipe de France durant les deux années de Laurent Blanc à la tête des Bleus.
Jimmy Briand, ici en septembre 2010 à Clairefontaine, lors d'une de ses apparitions en équipe de France durant les deux années de Laurent Blanc à la tête des Bleus.  - BORIS HORVAT / AFP

« Les joueurs vont être surpris »

L’actuel consultant pour Prime Vidéo partage un autre point commun avec Laurent Blanc : celui de n’avoir vu que les deux derniers matchs de l’OL cette saison, à Lens (1-0) et contre Toulouse (1-1), une fois l’intérêt lyonnais à son égard activé par un coup de fil de JMA. Cet aveu surprenant de Lolo White lundi permet de se rappeler, sans doute, pourquoi il n’avait pas eu le job il y a trois ans face à Rudi « powerpoint » Garcia. Néanmoins, pour un coach n’ayant pas exercé au plus haut niveau pendant six ans, et n’ayant dirigé qu’une seule séance d’entraînement avec son nouveau club, celui-ci a présenté un solide état des lieux des maux lyonnais.

« On veut faire comprendre à cet effectif-là qu’il mérite beaucoup mieux, mais faut-il encore qu’il ait conscience du travail hebdomadaire à effectuer. La responsabilité des joueurs est engagée et je pense qu’ils en sont conscients. Ils vont être surpris parce qu’il y aura une somme de travail qui va être importante, avec une préparation athlétique de très haut niveau. » »

Entre « une situation d’urgence » non feinte et un tacle envers « des joueurs expérimentés qui n’apportent pas ce qu’ils devraient apporter », Laurent Blanc a su lister avec franchise les axes de progression d’un OL qu’il sait en retard dans la course à l’Europe. « Si vous n’arrivez pas à écrire une histoire, vous avez du mal à marquer les esprits et à gagner des titres, poursuit-il. On est en train de vouloir écrire une histoire. »

Son palmarès hors pair et sa clairvoyance peuvent-ils le rendre légitime à faire bouger les lignes dans un club qui ronronne ? Son discours tranche en tout cas avec l’absence d’autocritique chronique de son nouveau boss, qui continue de rabâcher sa gloire passée comme un général en retraite. « J’ai eu la chance de gagner avec les équipes masculines et féminines un peu plus de 50 titres, a une nouvelle fois lâché JMA. J’ai pu affronter toutes les situations, quelques fois critiques. Et au bout du bout, on a su prendre les bonnes décisions pour gagner. » Si on occulte les dix dernières années (aucun titre et une deuxième place en Ligue 1 à seulement deux reprises chez les hommes), on pourrait presque être d’accord avec lui.