ABUSUn député traque les offres illégales ou indignes de Pôle emploi

Un député traque les offres illégales ou indignes de Pôle emploi

ABUSHadrien Clouet, député LFI de Toulouse, débusque sur le site de Pôle emploi des offres vraiment limite et les publie quasi-quotidiennement sur son fil Twitter
Annonces sans durée de travail ni indication de salaire, emploi en dessous du Smic... Certaines offres diffusées par Pôle Emploi passent entre les mailles des contrôles. Illustration.
Annonces sans durée de travail ni indication de salaire, emploi en dessous du Smic... Certaines offres diffusées par Pôle Emploi passent entre les mailles des contrôles. Illustration. - Mourad Allili / Sipa
Hélène Ménal

Hélène Ménal

L'essentiel

  • Des CDD d’une heure, des emplois pour lesquels il faut courir toute la journée à ses frais… L’équipe du député de la 1re circonscription de Haute-Garonne Hadrien Clouet (LFI-Nupes) consulte régulièrement les offres de Pôle emploi.
  • Le parlementaire en juge certaines « indignes » mais d’autres sont carrément illégales.
  • Pôle emploi assure contrôler régulièrement les offres mais reconnaît aussi que des améliorations peuvent être apportées.

«Donnez un nouvel élan à votre carrière »… avec un CDD de quatre heures. Cette annonce d’auxiliaire de crèche, Hadrien Clouet, le député LF-Nupes de Toulouse, l’a tout simplement dégotée sur le site de Pôle emploi. Elle a rejoint sur son fil Twitter un CDD d’un mois pour trois heures de ménage par semaine, « soit 150 euros par mois », ou encore la recherche d’un « vendeur au comptoir expérimenté », mais « payé en dessous du Smic ! ». Ce chapelet de pépites, des annonces toulousaines qui, « quand elles ne sont pas illégales sont tout simplement indignes et inadmissibles ». Le parlementaire ne passe pas un temps infini à les débusquer. « Quand on s’y met avec mon équipe, on en chope une vingtaine en l’espace d’une heure », assure-t-il.

Evidemment, en plein examen de la réforme de l’assurance chômage par le parlement, la démarche du député insoumis est politique. « Je veux montrer à quel point les projets gouvernementaux sont hémiplégiques, dit-il. En ne voulant contrôler que les chômeurs on en oublie de contrôler les offres d’emploi et on tire tout le monde vers le bas. » Il trouve aussi certaines pratiques extrêmement préoccupantes. Si l’on comprend qu’un agent de nettoyage ne peut pas faire tout le temps le ménage sur le même site, certains contrats, de 30 heures par semaine par exemple, sont si dispersés, dans le temps comme dans l’espace, qu’ils donnent le tournis. « Le but pour ces entreprises très rentables, c’est de ne pas payer le déplacement sur le lieu de travail », estime le député de la 1re circonscription de la Haute-Garonne.

Intelligence artificielle et contrôle humain

Mais l’intention d’Hadrien Clouet n’est pas d’accabler les agents de Pôle emploi. « Depuis 2006, leur site agrège aussi les annonces d’autres opérateurs. Il n’est pas humainement possible de contrôler 12 millions d’annonces par an. Ils n’en ont ni le temps, ni l’effectif », estime-t-il.

Sollicitée par 20 Minutes, la direction régionale de Pôle emploi assure qu’elle procède « à un contrôle de légalité sur l’ensemble des offres qui sont publiées sur son site ». « Ce contrôle s’effectue dans un premier temps en s’appuyant sur l’intelligence artificielle, qui permet de bloquer la publication des offres provenant des sites partenaires dès lors qu’elles incluent des mentions non conformes, ajoute-t-elle. S’agissant des offres déposées directement par des entreprises […], ce contrôle automatisé est doublé d’un contrôle par un conseiller dédié entreprises. »

Pôle emploi précise aussi que si l’on prend par exemple la semaine du 4 au 11 septembre, « 48 % des offres » partenaires ont été « rejetées, principalement pour des doublons mais aussi pour des non-conformités ». Le service public de l’emploi reconnaît toutefois que « des améliorations peuvent toujours être apportées » et indique qu’il y « travaille régulièrement ».

Enfin, l’organisme assure qu’une étude effectuée en 2021 « sur 4.973 offres a montre que 94,8 % d’entre elles étaient conformes au cadre légal ». Encore du grain à moudre pour le député traqueurs d’annonces illégales : « 5 % d’offres illégales sur 12 millions, ça fait environ 600.000 », calcule-t-il. Or, il y a selon Pôle emploi entre 255.000 et 390.00 offres non pourvues par an. Certains contrats illégaux trouvent donc preneur…