FAKE OFFMais en fait, ça gagne si bien que ça raffineur chez TotalEnergies ?

Pénurie de carburant : Les raffineurs en grève sont-ils légitimes avec des salaires à 5.000 euros ?

FAKE OFFD’après un syndicat et plusieurs salariés, la rémunération des raffineurs serait plus basse que ce qu’a annoncé Total
Pénurie d'essence à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine).
Pénurie d'essence à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). - Jacques Witt/SIPA / SIPA
Lina Fourneau

Lina Fourneau

L'essentiel

  • Dimanche, un communiqué de presse publié par TotalEnergies a dévoilé le salaire moyen de ses collaborateurs « 5.000 euros par mois ».
  • Sur les réseaux sociaux, des internautes accusent les salariés des raffineries de faire grève et bloquer le carburant, alors que leurs salaires seraient nettement supérieurs à la moyenne en France.
  • Sauf que le chiffre dévoilé par TotalEnergies n’est que le salaire moyen et ne correspond pas vraiment aux bulletins de paye des opérateurs à la fin du mois.

Des longues heures d’attente à la station essence et des automobilistes qui n’en peuvent plus. A la pompe, le carburant se fait de plus en plus rare. Dimanche, environ 30 % des stations-service manquaient d’au moins un carburant, constatait le ministère de la Transition énergétique. Mais pourquoi ça coince ? Chez TotalEnergies et Esso-ExxonMobil, les raffineurs sont en grève depuis le 21 septembre pour demander l’augmentation de leurs salaires.

Mais depuis, sur Twitter, c’est le déferlement - en particulier contre TotalEnergies. Les internautes s’interrogent sur la légitimité de cette grève alors que ses salariés seraient déjà grassement payés. Se servant d’un communiqué de presse publiée par TotalEnergies, ils pointent du doigt « le salaire minimum de 5.000 euros » des raffineurs. Comprenez le sous-texte : les salariés des raffineries font galérer les Français alors qu’ils ont un salaire déjà bien élevé.

Et il fallait s’y attendre, le patron de TotalEnergies a également été la cible des attaques. Patrick Pouyanné aurait augmenté son salaire de 52 % l’an passé. « Salaire annuel 5.9 millions », mentionne-t-on sur Twitter. Toutes ces remarques sont-elles vraies ? 20 Minutes fait le point.

FAKE OFF

Ce dimanche, TotalEnergies a bien publié un communiqué de presse pour appeler à la responsabilité afin de « permettre le bon approvisionnement du pays ». A cette occasion, l’entreprise a annoncé avancer les négociations annuelles et obligatoires des salaires, « sous réserve de la fin des blocages des dépôts et de l’accord de l’ensemble des partenaires sociaux ». Initialement prévues en novembre, les négociations auront finalement lieu en octobre.



Mais ce n’est pas tellement ce paragraphe qui intéresse les internautes. Plus bas, TotalEnergies publie « un rappel des mesures sociales prises pour 2022 ». Dans celui-ci, l’entreprise explique que « les salariés français du Socle Social Commun » ont reçu une augmentation moyenne de +3,5 % en 2022. Ils ont également perçu une prime d’intéressement moyenne de 9.108 €, avec un montant minimum de 7.250 €. Une information qui, sur Twitter, a très vite été transformée en « un salaire minimum de 5.000 € ».

Salaire moyen ne veut pas dire minimum

Or, le salaire minimum n’est en rien équivalent au salaire moyen. Ce dernier prend en compte également des plus hauts salaires - notamment celui du PDG - et en fait une moyenne, sans prendre en compte les écarts. Par ailleurs, le salaire minimum prend en compte l’intéressement évoqué plus haut.


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Chez Total, il aurait sûrement été plus juste de comparer les salaires à travers la médiane, qui divise en deux groupes égaux les salariés : ceux qui gagnent plus que le salaire médian, et ceux qui gagnent moins. A noter qu’en France, selon les chiffres de l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE), le salaire moyen en France est de 2.518 € net par mois en 2020. Le salaire médian, lui, s’éleve la même année à 2.005 € net. Nous avons contacté TotalEnergies pour les interroger sur ce chiffre plus précis, mais la société n’a pas répondu à nos sollicitations.

Lors d’une Assemblée générale de TotalEnergies, ce lundi, la journaliste de Paris Normandie Patricia Lionnet a pu accéder au bulletin de paye d’un opérateur qu’elle a ensuite publié sur son Twitter. En tout, le salarié « avec responsabilités » gagnerait 2.900 € brut. Un fait confirmé ce lundi par le Secrétaire général FNIC-CGT. Sur RTL, Emmanuel Lépine contestait le chiffre annoncé par Total, assurant qu’il se trouvait plus « aux alentours de 3.000 euros » pour « des postes à très hautes qualifications ».

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Selon de nombreux internautes, les revendications des salariés de TotalEnergies s’avèrent indécentes et injustes. Pour d’autres, le combat est justifié d’autant que l’entreprise a largement augmenté les dividendes versés aux actionnaires, sans penser aux salariés. En effet, fin septembre, TotalEnergies annonçait un « bilan très solide » pour l’année avant d’accorder à ses actionnaires « un acompte » de 2,62 milliards d’euros à ses actionnaires.

Quant à Patrick Pouyanné, son salaire a bien bondi de 3,9 à 5,9 millions d’euros au printemps dernier… ce qui ne passe pas vraiment du côté des salariés qui demandent une augmentation de salaire à hauteur de 10 % pour l’année 2022, dont « 7 % pour l’inflation et 3 % pour le partage de la richesse ». « Les résultats de la compagnie sont exceptionnels en 2022 et nous ne vous oublierons pas », a toutefois promis Patrick Pouyanné ce vendredi, avant d’ajouter : « Tous les collaborateurs, tous nos collègues recevront leur juste récompense sur leur fiche de paie avant la fin de l’année ».