OCTOBRE ROSEA Nice, Realetee a développé des prothèses mammaires révolutionnaires

Cancer du sein : A Nice, Realetee a développé une première mondiale en matière de prothèses mammaires

OCTOBRE ROSELes prothèses mammaires externes de Realetee permettent une reproduction à l’identique du sein après une mastectomie
A Nice, Realetee crée des prothèses mammaires externes révolutionnaires, une première mondiale
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • Realetee, une société niçoise, propose aux patientes touchées par le cancer du sein et qui ont recours à une mastectomie, des prothèses mammaires externes qui ressemblent dans les moindres détails à leur sein avant opération.
  • Une révolution et une première mondiale réalisée grâce à l’impression 3D.
  • Le fondateur, Julien Montenero, est en discussion avec la Haute Autorité de santé pour une prise en charge complète de ces prothèses et les rendre accessibles à toutes.

«Ça m’a choqué de penser que ça n’existait pas encore. » Derrière son bureau de la place Grimaldi, à Nice, Julien Montenero retrace l’histoire de sa société Realetee et de la création des premières prothèses mammaires externes sur-mesure du monde.

Depuis avril 2022, il propose aux patientes touchées par le cancer du sein et qui ont recours à une mastectomie, ces prothèses temporaires ou définitives, reproduites à l’identique par rapport au sein enlevé. Le poids, la forme, la couleur de peau, les détails des veines ou des grains de beauté, jusqu’à l’aréole et le mamelon et leurs sensations, tout y est « pour que la femme retrouve ce que la maladie lui a enlevé ». Cette « révolution » est possible grâce à l’impression 3D et c’est une première mondiale.

« On s’adapte à toutes »

Le fondateur également épithésiste, qui crée des prothèses faciales, a eu l’idée parce que « ça fait quinze ans qu'[il] fai [t] ça ». « Je me suis dit que si je pouvais le faire pour des nez, il y avait quelque chose à faire pour les prothèses mammaires, développe le professionnel. Actuellement, elles sont standardisées, lourdes et ressemblent plus à des poches triangulaires qu’à des seins. Ce qui fait que depuis des années, les femmes opérées s’y sont détournées et que d’autres solutions sont nées comme le tatouage réparateur et toutes sortes de vêtements adaptés. Avec la 3D, on peut faire du sur-mesure. Ce qui veut dire que la patiente peut utiliser exactement les mêmes sous-vêtements qu’avant l’ablation. J’ai remarqué à quel point ça comptait pour elle. Et puis, c’est surtout très important d’apporter enfin cette solution parce qu’il y a autant de seins que de femmes et nous, on s’adapte à toutes. »

Realetee, c’est avant tout une histoire personnelle pour Julien Montenero. « J’ai vu ma tante il y a vingt-sept ans se faire enlever un sein l’un après l’autre pour vaincre son cancer. Elle avait des difficultés dans sa posture, particulièrement dans la société, poursuit-il. Elle ne se sentait pas à l’aise socialement. Depuis vingt ans, ça me trottait dans la tête. Le déclic, ça a été quand mon amie Géraldine m’a annoncé lors du premier confinement qu’elle était elle aussi attaquée par une tumeur. Je lui ai demandé si ça lui disait d’être en quelque sorte mon cobaye pour développer ce concept et permettre aux prochaines patientes de retrouver leur anatomie après la dure épreuve du cancer à vivre. »

Accessible qu’importent les ressources ?

Dix-huit patientes ont déjà pu bénéficier de ces prothèses. « J’ai encore eu cinq appels ce matin, précise le fondateur. Et il doit y avoir une quinzaine de projets en attente. » Pour le moment, cette révolution n’est accessible qu’aux personnes « aisées ». « Nous sommes en processus de normalisation avec la Haute Autorité de santé pour que ce genre de prothèses soient complètement prises en charge, précise le Niçois. Toutes les prothèses faciales le sont, il n’y a pas de raison que ce ne soit pas le cas pour celles-ci. Comme on utilise une technologie particulière, ça prend du temps, mais mon objectif est de permettre à toutes les femmes, quelles que soient leurs ressources, d’avoir accès à ces prothèses. » Il ajoute : « Les prix vont de 1.500 à 4.000 euros, qui s’expliquent notamment par l’utilisation de machines très performantes pour avoir ce résultat impressionnant. »

En effet, pour créer ces seins sur-mesure, Julien Montenero utilise les dernières technologies, du matériel aux logiciels utilisés. La première étape consister à scanner le sein qui est destiné à être enlevé grâce à une sorte d’appareil photo non invasif, « inspiré d’un appareil qui sert à l’archéologie », confie l’épithéiste. « On fait cette empreinte en trente secondes. Dans le cas où la mastectomie est déjà réalisée, on utilise la méthode miroir et on se base sur le sein restant pour créer l’autre », précise-t-il encore.

Une fois modélisé, il imprime en 3D ce à quoi ressemblera la prothèse, c’est le prototype. « A cette étape-là, on voit avec la patiente les derniers détails pour que tout lui corresponde et pour lui redonner la reproduction la plus juste. On en fait un moule où on insère le silicone médical qu’on vient par la suite travailler à la main. » A la prothèse externe définitive est ajouté un adhésif. « En fonction de la sudation de la personne, elle peut aller courir et pratiquer toutes sortes d’activités avec sa prothèse, affirme Julien Montenero. Certaines n’ont pas non plus la nécessité de porter un soutien-gorge. »

Un accompagnement même avant l’opération

Pour pouvoir reproduire au mieux, il doit prendre l’empreinte avant mastectomie. Pour cette raison, il s’est rapproché du centre Lacassagne de Nice, une référence dans la lutte contre le cancer du sein. « On est persuadé qu’en proposant cette solution à la patiente avant même la chirurgie, elle pourra appréhender d’une manière différente la maladie et que, psychologiquement, la prothèse apporte également un soutien, souligne le professionnel. On veut pouvoir accompagner du mieux possible la patiente. »

Pour l’instant, il estime la durée de vie d’une prothèse entre trois à cinq ans. Une donnée sur laquelle il espère pouvoir avancer. « En mettant la patiente au centre du processus, on a des retours et on peut faire évoluer au mieux ce qu’on propose », affirme-t-il. Dans ses prochains objectifs, il souhaiterait pouvoir reproduire la texture interne sur la prothèse externe et ainsi permettre de sentir chaque partie du sein « comme pour de vrai ».