EnvironnementC’est quoi les « rues vertes » que Strasbourg compte piquer à Montréal ?

C’est quoi les « rues vertes » que Strasbourg compte piquer à Montréal ?

EnvironnementRues vertes, nouvelles méthodes participatives, réflexions sur un urbanisme moins genré… La ville de Strasbourg va s’inspirer de Montréal pour de nouvelles méthodes d’initiatives citoyennes
Illustration. Une ruelle verte à Montréal
Illustration. Une ruelle verte à Montréal - Wikicommons / Wikicommons
Gilles Varela

Gilles Varela

Peu ou pas de trottoirs, du gazon ou de la terre au sol, des dessins, des bancs, des jeux pour les enfants, des potagers, des fleurs, des collecteurs d’eau de pluies… et surtout des lieux de vies partagés par ses habitants. Montréal compte au moins 400 ruelles vertes. Une version de certaines rues piétonnes présentes à Strasbourg mais poussée à la puissance 10. C’est ce que Jeanne Barseghian, maire de la capitale alsacienne, est allée découvrir, début octobre, avec une délégation d’adjoints, d’agents de la collectivité ou de membres de la société civile.

« A Montréal, il y a un vrai travail de réappropriation de l’espace par les habitants, placés au cœur d’une véritable démarche citoyenne, explique l’adjointe à la démocratie locale Carole Zielinski. La coopération ne se situe pas qu’entre administration et élus. La collectivité met à disposition la ruelle mais ce sont les habitants qui s’approprient la rue, parfois même qui la font fermer… Mais ce ne sont pas des rues passantes, prévient-elle. Souvent, ce sont des sortes d’arrière-cour ou qui sont occasionnellement passante. » Une manière de procéder jugée intéressante par la délégation strasbourgeoise venue répondre à la visite, au début de l’été, du maire de l’arrondissement montréalais de Rosemont-La Petite Patrie.

Mais pas question de faire du copier-coller dans la capitale alsacienne. Plutôt s’en inspirer. « Avec une méthode pour arriver avec des projets de qualité et pérennes », imagine l’élue. La méthodologie mise en place par la ville canadienne a aussi fortement intéressé la délégation strasbourgeoise comme « la participation citoyenne ». « Ce qui correspond un peu à notre budget participatif », explique Carole Zielinski.

Plus facile d’imaginer une rue verte de visu que par e-mail

La maire de Strasbourg et son équipe ont également découvert les « placottoirs », un espace public parfois verdi conçu en prolongement du trottoir, sur la chaussée où les habitants peuvent se rencontrer, travailler, faire du lien social. « Montréal est une ville connue pour tester pas mal de choses en urbanisme tactique, éphémère, transitoire, souligne Pierre Zimmermann, en charge de questions de transformations écologiques à la direction générale de Strasbourg. Comme le réaménagement de places, le design ou la mise en œuvre de pistes cyclables. Toute la stratégie qu’ils ont développée en matière d’approche citoyenne, d’aménagement temporaire, c’est toujours très inspirant. »

Quand les Canadiens étaient venus dans la capitale européenne, ils s’étaient montrés « très intéressés par nos écoquartiers, et l’habitat participatif, avance Carole Zielinski, quelque chose qu’ils ont vraiment envie de développer chez eux et sur lequel Strasbourg est déjà fortement engagé et en avancé. »



L’élue enchaîne à propos de cet échange entre correspondants montréalais et strasbourgeois : « C’est tout l’intérêt d’être allé sur place. Car avec des projets présentés sur des images et des e-mails conceptualisés, on a quand même un peu de mal à se projeter. Alors que là, ils sont déjà réalisés, ils sont sous nos yeux. C’est bien plus facile pour les imaginer à Strasbourg et aller vers un urbanisme transitoire qui amène à la pérennisation. »

S’il n’y a pas encore de calendrier pour des réalisations concrètes à Strasbourg, l’heure est à la réflexion. En attendant, les échanges hebdomadaires entre les équipes des deux collectivités qui travaillent sur des projets communs continueront… mais « en visioconférence ».

Comment une rue devient verte à Montréal ?

« Le projet est pensé avec les Montréalais, explique Carole Zieliinski, adjointe à la maire de Strasbourg, qui font des propositions et sont candidats pour rentrer dans le programme des ruelles vertes. Ils doivent obtenir l’adhésion de la majorité de la ruelle. Il faut que 70 % des habitants de la rue acceptent qu’elle devienne une ruelle verte, et il faut ensuite au minimum que 50 % des habitants s’engagent dans son entretien. Ce véritable engagement est essentiel. J’aimerais pouvoir utiliser cet esprit-là dans l’évolution de notre budget participatif à Strasbourg. »