mobilisationPourquoi la « marche » de dimanche est un vrai test pour Mélenchon et LFI

LFI : Pourquoi la « marche contre la vie chère » est un test majeur pour Jean-Luc Mélenchon

mobilisationPlombés par l’affaire Quatennens, Jean-Luc Mélenchon et les insoumis espèrent rebondir en mobilisant massivement dimanche contre la politique d’Emmanuel Macron
Jean Luc Mélenchon,  en septembre 2022.
Jean Luc Mélenchon, en septembre 2022. - Gabrielle CEZARD / SIPA
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

L'essentiel

  • Jean-Luc Mélenchon et les insoumis appellent à une « marche contre la vie chère » ce dimanche 16 octobre.
  • Engluée dans l’affaire Adrien Quatennens, La France insoumise espère mobiliser massivement contre la politique d’Emmanuel Macron pour reprendre la main.
  • La manifestation est également un test pour la Nupes, pas toujours unie ces dernières semaines.

«Ce sera une démonstration de force, je l’espère ». Englués dans l’affaire Adrien Quatennens, Jean-Luc Mélenchon et les insoumis appellent à une grande « marche contre la vie chère » et la politique d’Emmanuel Macron ce dimanche. « Ce n’est pas la marche de monsieur Mélenchon. C’est la marche du peuple qui a faim, qui a froid, qui veut être mieux payé », a précisé le tribun dimanche dernier sur France 3. Mais alors qu’il est critiqué pour ses récentes sorties, la mobilisation aura aussi valeur de test pour le patron de LFI.

Clore le chapitre Quatennens

L’été des insoumis avait déjà été perturbé par la gestion des affaires de violences sexistes et sexuelles, concernant notamment le député Eric Coquerel et l’ex-candidat aux législatives Taha Bouhafs. Fin septembre, ce sont La France insoumise et ses alliés de la Nupes qui ont été ébranlés par les révélations sur Adrien Quatennens, qui a reconnu, entre autres, avoir giflé sa compagne. « Notre rentrée parlementaire a été gâchée par toutes ces affaires… », souffle un député socialiste.

« On ne va pas se cacher, c’était un épisode difficile. Mais je ne pense pas que nous en sortons affaiblis, car nous avons eu la bonne réaction, en restant droit dans nos valeurs féministes », vante Manon Aubry, eurodéputée LFI. Les insoumis espèrent donc clore ce chapitre et en ouvrir un nouveau avec la mobilisation de dimanche. « C’est le bon moment pour sonner la rentrée sociale, poursuit l’élue du Parlement européen. Mais j’ai confiance dans les médias pour relever chaque soubresaut de l’affaire [Quatennens] ». Jean-Luc Mélenchon n’a eu besoin de personne pour relancer la controverse, toujours dimanche dernier, en estimant que l’ancien coordinateur de LFI était victime de « gifles politiques ».

Afficher l’unité (fragile) de la Nupes

Outre son soutien sans faille à Adrien Quatennens, Jean-Luc Mélenchon a suscité le malaise au sein de La France insoumise et de ses partenaires de gauche avec un tweet appelant à « faire mieux » que lors des journées révolutionnaires d’octobre 1789, quand le roi, la reine et le dauphin avaient été ramenés de force à Paris. « On ne coupe pas de têtes, on marche, on râle, on crie, on danse, on est joyeux aussi, par contre on ne coupe pas de têtes », a notamment réagi la députée écologiste Sandrine Rousseau. La Nupes affichera-t-elle son unité sur le pavé parisien dimanche ?

« Notre union prend son sens à l’épreuve des faits et des grandes batailles comme celle-là. Il y a parfois des désaccords, mais 95 % de nos votes se font en commun à l’Assemblée », balaye Manon Aubry. Le PS, EELV et même le PCF - après hésitation - ont appelé à manifester. Mais la photo de famille ne sera pas complète. Des communistes seront bien présents à Paris, pas leur patron. Fabien Roussel, en froid avec les insoumis, sera dimanche dans sa circonscription. « Le mouvement social, ça ne peut pas être Mélenchon au guidon, et les syndicats et les autres partis pédalent derrière », grince l’un de ses proches. Un député PS reste, lui aussi, très prudent sur sa présence dimanche. « Ce n’est peut-être pas le bon moment. S’il y a des déclinaisons locales, j’irai peut-être dans ma circo… »

Se tester dans la rue

A plusieurs reprises par le passé, Jean-Luc Mélenchon a montré qu’il était un des rares politiques capables de mobiliser des milliers de personnes pour un événement. Le mouvement a affrété des dizaines de bus pour réunir le maximum de monde à Paris. A l’heure où le Parlement bataille sur le budget 2023 et la réforme des retraites est envisagée, l’ancien député de Marseille attend un maximum de manifestants pour espérer faire infléchir le gouvernement.



Un défi de taille car cet appel, soutenu par des associations et des intellectuels, ne l’a pas été par les confédérations syndicales, comme la CGT. Revenues sur le devant de la scène dans la crise actuelle des carburants, elles prévoient une journée de mobilisation pour le droit de grève et les salaires mardi prochain. « On aurait préféré qu’ils soient avec nous, mais il y aura quand même bien des syndicalistes présents. C’est important de se regrouper, de montrer que nous ne sommes pas amorphes face à la guerre sociale menée par Emmanuel Macron », assure Manon Aubry. « C’était mal embarqué au départ, mais le durcissement du climat social peut créer un déclic », ajoute un élu de gauche.

Reste une interrogation : Jean-Luc Mélenchon prendra-t-il la parole, comme il a coutume de faire, à l’issue de ce genre de rassemblement ? La question, nous dit-on, n’est pas encore tranchée. Une preuve supplémentaire du malaise ambiant à gauche.