COME BACK« Star Academy », un retour gagnant assuré ?

« Star Academy »: Un paquet de défis à relever pour espérer un retour gagnant

COME BACKSamedi, les portes du château de Dammarie-les-Lys rouvriront pour une nouvelle saison du télécrochet culte de TF1. L’attente est aussi forte que les défis à relever sont nombreux
(Montage photo) Nikos Aliagas, présentateur historique de "Star Academy" sera de nouveau au rendez-vous de l'édition 2022 du télécrochet.
(Montage photo) Nikos Aliagas, présentateur historique de "Star Academy" sera de nouveau au rendez-vous de l'édition 2022 du télécrochet. - Jean-Marc Haedrich / Sipa / Endemol France / TF1 et E.Koutsoukis/TF1 / Phototele
Fabien Randanne

Fabien Randanne

L'essentiel

  • Star Academy fait son retour samedi 15 octobre à 21h10 sur TF1.
  • « Ce programme c’est une évidence, affirme Rémi Faure, le directeur des programmes de flux de TF1. Revenir à ce type d’émissions, vivantes, en direct, où tout est possible, où tout peut arriver, c’est le sens de la télévision d’aujourd’hui. »
  • Si l’effet de curiosité va sans doute fonctionner, notamment pour le lancement, plusieurs défis attendent le télécrochet pour concrétiser le succès de cette nouvelle mouture.

Ne lui demandez pas pourquoi Star Academy a été relancée. Rémi Faure, le directeur des programmes de flux de TF1, préférerait qu’on lui demande pourquoi elle n’est pas reparue plus tôt à l’antenne. Quand bien même, on ne serait pas plus avancés : il admet ne pas avoir la réponse.  « Ce programme c’est une évidence, dit-il. Revenir à ce type d’émissions, vivantes, en direct, où tout est possible, où tout peut arriver, c’est le sens de la télévision d’aujourd’hui. » Alors l’emblématique château des Vives-Eaux à Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne), encore imprégné de la sueur et des larmes de Jenifer, Nolwenn, Patxi et Georges-Alain, rouvrira ses portes samedi, à 21h10, avec une promotion de treize élèves aux rêves de gloire plein la tête. Succès d’audience en perspective ? Pas sûr. Même si l’effet de curiosité devrait fonctionner à plein pour les premières émissions, le télécrochet va devoir relever plusieurs défis.

Ne pas pâtir de l’ombre de « The Voice »

Vous connaissez la chanson : on vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. A l’automne 2001, la Star Ac' débarque sur TF1, dépoussière « La Mu-siiiiiiii-queuh » de Nicoletta et enjoint Jenifer à arrêter de manger de la brioche. De jeunes inconnus goûtent à la notoriété - certains demeureront célèbres - et se retrouvent à chanter en duo avec Céline Dion ou Pierre Perret. Le tout, sous l’œil des caméras ne manquant rien de leurs cours de chants, leçons de danses et débriefing d’après prime mais aussi de leurs coups de cœur et coups de mou. Et cela a duré huit saisons comme ça.

« Ça a commencé comme de la téléréalité, c’est devenu la télévariété », résume Nikos Aliagas, l’animateur historique qui rempile pour l’édition 2022. Or, en vingt-et-un ans, le monde du petit écran a bien changé. Le nombre de chaînes a explosé, les habitudes du public (coucou les plateformes de streaming et les visionnages en rattrapage) ont été bouleversées et, entre-temps, sur la même chaîne, The Voice a imposé un certain niveau d’exigence. Un Jean-Pascal luttant constamment avec la justesse de sa voix a-t-il encore leur place dans un télécrochet d’aujourd’hui ? Non, en convient Mathieu Vergne, producteur chez DMLS TV. : « On n’a pas sélectionné treize élèves parmi 20.000 candidatures pour arriver avec quelqu’un qui ne sait pas chanter. » Les élèves de la promotion 2022 ont cependant, « pour la plupart, de gros progrès à faire » et « c’est ça qu’on va regarder », ajoute-t-il.



« L’autre élément différenciant avec The Voice, c’est que la dimension spectacle primera, précise Rémi Faure. Les artistes chanteront à deux, à trois, à dix, il y aura des chorégraphies et le plateau sera modulable. » Si la mécanique reste inchangée avec trois nommés le mardi et une élimination le samedi, le directeur des flux promet que le rythme de l’édition 2022 « ne sera pas le même » que jadis.

« Sur la quotidienne [diffusée du lundi au samedi], on tente une nouvelle écriture, sans animateur, glisse Jean-Louis Blot, le président d’Endemol. C’est un choix éditorial. On doit fournir 45 minutes de programmes par jour, juste avant le feuilleton [Ici tout commence] qui raconte lui aussi l’histoire d’une école. » La saison ne durera que le temps de six semaines et de sept primes, soit deux fois moins longtemps que les précédentes. Le public ne sera sans doute pas lassé mais ne risque-t-il pas de peiner à s’attacher à cette version express ?

Un nouveau public à conquérir…

Le « gros challenge », affirme Rémi Faure, sera plutôt « de convaincre un public jeune qui n’est pas familier de l’émission » car « c’est le public de demain » et que « si on veut faire d’autres saisons, il faut qu’on l’embarque. » Pour accrocher l’attention d’une génération qui ne connaît que peu de choses sur Star Academy hormis des séquences cultes - l’incontournable reprise de SOS d’un Terrien en détresse par Grégory Lemarchal en tête -, il mise sur les « valeurs » du télécrochet, à commencer par… le travail.

« Ce qui nous a scotchés lors des castings, c’est que les élèves nous disaient vouloir apprendre et progresser », confie-t-il. Il a la certitude que la promesse de suivre l’évolution musicale des candidats au fil des semaines est un meilleur argument pour appâter le téléspectateur que les engueulades en maillot de bain sous le soleil de la TNT.

« L’époque de la téléréalité trash [poubelle, scabreuse] a vécu. Je ne sais pas si les jeunes sont si friands de cette écriture-là. Je ne pense pas que ce soit ça qui fasse de l’audience », suggère-t-il. Ce ne sera pas pour autant le monde des Bisounours : « Nous aurons une exigence de discipline. Les profs seront cash. On ne cherche pas particulièrement la bienveillance mais à montrer la réalité. »

Jean-Louis Blot, mise, lui, sur la capacité d’identification entre les plus jeunes téléspectateurs et les élèves qui auront entre 18 et 26 ans. « Le plus important est d’être représentatif de la jeunesse, de ce que les jeunes ont envie de faire », note le président d’Endemol.

… sans déplaire aux nostalgiques

Attention cependant à ne pas désarçonner les « vieux » espérant croquer dans une madeleine de Proust. Rémi Faure a beau marteler que « ce ne sera une émission hommage » et que c’est « la première saison de la nouvelle Star Ac' » qui s’apprête à s’écrire, il n’empêche, le public d’hier retrouvera des têtes connues. Karima Charni, candidate de la saison 4 devenue journaliste, présentera l’émission de deuxième partie de soirée du samedi tandis que sa camarade de promo Lucie Bernardoni officiera comme répétitrice. Edouard (saison 3) jouera de la guitare dans l’orchestre et Mosimann (saison 7) réalisera l’album des nouveaux élèves.

Chaque dimanche, trois ou quatre anciens viendront dîner au château. Un prime sera consacré aux ex-staracédémiciens et le répétiteur d’antan, Mathieu Gonet, dirigera l’orchestre philharmonique lors d’une autre soirée en direct. Ce n’est peut-être pas un hommage, mais cela ressemble fort à des clins d'oeil nostalgiques. Il ne faut surtout pas sous-estimer le désir plus ou moins conscient des fidèles de l’époque de retrouver les ingrédients qui les faisaient vibrer. Ils ne manqueront pas de jouer au jeu des comparaisons : cette édition 2022 devra aussi être à la hauteur.

La difficulté à convaincre les stars internationales

Madonna, Mariah Carey, Beyoncé, Rihanna, Ray Charles, Britney Spears, Tina Turner, Jennifer Lopez, Kylie Minogue… Le plateau de la Star Ac' a accueilli un paquet d’artistes internationaux - certains ont même joué le jeu de la rencontre avec les élèves à Dammarie-les-Lys. « L’émission était une vitrine », rappelle Nikos Aliagas. A l’époque, c’était, sinon le passage obligé, du moins une halte importante et une promo efficace pour s’assurer de toucher des millions de Français. Mais, là encore, les choses ont bien changé en vingt ans. Les stars peuvent s’adresser aisément à leurs millions de followers sur les réseaux sociaux tout en contrôlant leur communication comme elles l’entendent, la viralité de TikTok est parfois plus efficace qu’une apparition télé pour faire frémir les ventes et les écoutes en lignes, et certaines peuvent même se permettre de snober le passage par la case France.

« On ne va pas se mentir, c’est compliqué de faire venir des artistes internationaux aujourd’hui », admet Mathieu Vergne. Pour sa défense, il propose de remettre de l’ordre dans nos souvenirs : « Les stars citées sont le best-of de celles qui sont venues pendant huit saisons. » Autrement dit, il n’y avait pas tous les samedis soir une BritBrit ou une RiRi sur le plateau de TF1 et les invités étaient essentiellement des figures francophones.

Cette saison, sont attendus, pêle-mêle, Juliette Armanet, Amir, M. Pokora, Slimane, Kendji, Pomme, Julien Clerc, Véronique Sanson, Michel Polnareff, Mika, Dadju, Soprano… La plupart ne sont pas suffisamment rares à la télé pour prétendre créer l’événement, mais niveau carrière musicale, c’est plutôt solide. Ironie de l’histoire, la promotion 2022 aura pour parrain Robbie Williams… qui n’était jusque-là jamais venu à la Star Ac'.

Gérer une génération très connectée

« Ils ont grandi avec les écrans, ils veulent faire partie de l’écran », souligne Nikos Aliagas au sujet des treize nouveaux staracédémiciens. L’animateur raconte comment il a été surpris, le jour où, suivi par une caméra, il est allé annoncer à l’une des élèves qu’elle avait été sélectionnée. « Elle avait déjà toute la panoplie, avec la ring light [la lampe prisée par les influenceurs pour leurs vidéos]. Aujourd’hui ils savent se mettre en scène avec leurs téléphones, leurs lumières… » Cela va donc sans doute faire bizarre à cette génération très connectée de se retrouver à Dammarie-les-Lys… sans accès à Internet.

« Pour qu’ils soient concentrés et à fond dans leurs cours, on va garder le côté coupé du monde. On réinstaure la minute de téléphone par jour - so 2000 - et il y aura couvre-feu à minuit », énumère Mathieu Vergne. Le producteur de DMLS TV estime cependant essentiel que la nouvelle promo soit présente sur les réseaux sociaux pour « être en lien direct avec le public ». Ils auront donc de temps en temps accès à des téléphones non connectés pour faire des stories et des posts, mais d’abord uniquement sur les comptes officiels de TF1 et de Star Academy, et sans pouvoir lire les réactions et commentaires. « Au milieu du programme, un artiste viendra partager son expérience lors d’une masterclass [un cours magistral] visant à leur apprendre à se servir des réseaux sociaux. A partir de ce moment-là, ils posteront sur leurs propres comptes », avance-t-il.

Rémi Faure, lui, considère que « le réseau social, c’est le château ». Et d’expliquer : « Le but des réseaux, pour les célébrités, c’est de donner de ses nouvelles, de se mettre en scène, de raconter ce qu’elles font. Là, il y aura des caméras partout donc, a priori, on ne va pas apprendre grand-chose des candidats sur les réseaux sociaux. » D’ailleurs, il sera possible de suivre leurs faits et gestes en permanence via le « direct » (en léger différé) proposé sur MyTF1 Max, l’option payante de la plateforme de la chaîne. Le directeur des flux estime que, loin devant les reels et les retweets, le plus important, « c’est le travail ». « Peut-être que d’autres programmes ont laissé penser le contraire… », poursuit-il. Mais ce ne sera pas le cas de la Star Ac' où le mot d’ordre sera : au boulot ! Alors, on regarde ?