CRIMEAprès la mort de Nadia, la justice déplore l’enquête parallèle d’habitants

Meurtre de Nadia à Nantes : Le procureur déplore l’enquête parallèle des habitants

CRIMELe procureur de la République ne « cautionne pas » les méthodes illégales employées par certains pour tenter de retrouver le meurtrier de Nadia Hassade
Renaud Gaudeul, procureur de la République de Nantes.
Renaud Gaudeul, procureur de la République de Nantes. - F.Brenon/20Minutes / 20 Minutes
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • Nadia Hassade, 47 ans, a succombé à plusieurs coups de couteau dimanche 16 octobre, vers 6h30, alors qu’elle se rendait à son travail.
  • Un habitant du quartier a été interpellé lundi, puis mis en examen ce mercredi pour homicide volontaire en état d’ivresse.
  • Emus et en colère, plusieurs habitants du quartier Bellevue avaient mené leur propre enquête avec des méthodes illégales.

Bien sûr, il dit « comprendre l’émotion très forte et la volonté de ne pas rester inactif » face au meurtre choquant de Nadia Hassade, cette mère de famille poignardée dans la rue dimanche matin alors qu’elle se rendait à son travail. Mais, en marge de l’annonce de la mise en examen d’un suspect, le procureur de la République de Nantes, Renaud Gaudeul, a tenu aussi mercredi à exprimer son profond désaccord avec les « méthodes employées » par plusieurs habitants « en dehors de tout cadre légal ».

Le procureur fait d’abord référence aux tentatives d’intrusion sur la scène de crime, dès dimanche matin, « au risque d’entraver » les preuves, et qui ont obligé à mobiliser d’importants moyens de police. Cette mobilisation policière « nous a empêchés de procéder immédiatement à l’enquête de voisinage comme nous le faisons habituellement », regrette Renaud Gaudeul.

« Je ne peux pas cautionner »

Mais le procureur pointe encore plus du doigt l’enquête parallèle menée par des habitants le lendemain des faits. Ceux-ci se sont en effet procurés des images de vidéo-surveillance auprès d’une entreprise et d'une école voisines, ont repéré un véhicule suspect, ont retrouvé ce véhicule dans le quartier Bellevue, puis se sont introduits chez le propriétaire pour l’interroger de force et le faire arrêter. Lorsque la police est intervenue au domicile du suspect, une centaine de personnes se trouvaient devant et à l’intérieur du logement. C’est ce même suspect qui a finalement été mis en examen après avoir avoué le crime.

« Je ne peux pas cautionner les conditions dans lesquelles les personnes ont pu avoir accès à ces images de vidéosurveillance, dès lors qu’elles ont été obtenues en violation des conditions légales d’obtention, et en adoptant une attitude menaçante vis-à-vis des employés, poursuit le procureur de la République. Je ne peux pas non plus cautionner cette irruption au domicile de la personne mise en cause, irruption au cours de laquelle il y a eu une fouille, mais également prélèvement d’objets qui pourraient nous être indispensables pour la poursuite de l’enquête. Je ne peux pas non plus cautionner les interrogatoires de cette personne, ni l’exploitation de son téléphone, ni le fait qu’il a été victime de violences volontaires à coups de pied et à coups de poing. Dans un état de droit, on ne peut pas accepter ça. »

« C’est le prix à payer dans un état de droit »

Renaud Gaudeul insiste sur « l’investissement des forces de l’ordre et enquêteurs » de la police dans cette affaire. « La procédure remise au magistrat fait 500 pages. C’est le prix à payer dans un état de droit pour permettre à l’accusation et à la défense d’exercer leurs droits et de pouvoir venir devant une juridiction de jugement avec des éléments tangibles. »

Mère de quatre enfants majeurs, Nadia Hassade, 47 ans, travaillait à la Polyclinique Santé Atlantique en tant qu’agent d’entretien. Ses obsèques se déroulent ce jeudi à Nantes. En parallèle, une cagnotte de soutien à la famille, qui réside quartier Bellevue, a été ouverte. Plus de 10.000 euros ont déjà été collectés.