reportage« Ça aurait pu m’arriver »… L’hommage émouvant de Fouquereuil à Lola

Meurtre de Lola : Entre « colère sourde » et effroi, l’hommage émouvant de Fouquereuil

reportageDans la ville d’origine du père de Lola, un livre de condoléances a été mis à disposition pour que chacun puisse rendre un dernier hommage à la collégienne, tuée, il y a une semaine à Paris
A Fouquereuil, des livres de condoléances ont été mis à disposition du public souhaitant rendre un dernier hommage à Lola, la jeune fille tuée à Paris vendredi dernier.
A Fouquereuil, des livres de condoléances ont été mis à disposition du public souhaitant rendre un dernier hommage à Lola, la jeune fille tuée à Paris vendredi dernier. - M.Libert / 20 Minutes / 20 Minutes
Mikaël Libert

Mikaël Libert

L'essentiel

  • A Fouquereuil, dans le Pas-de-Calais, un registre de condoléances pour rendre hommage à Lola a été à disposition par la mairie, à l’initiative des parents de la jeune fille.
  • Les habitants de la commune ou des villes aux alentours se succèdent pour exprimer leur soutien à la famille de Lola.
  • Les obsèques auront lieu, lundi, à Lillers, la ville d’origine de la mère de l’adolescente.

A Fouquereuil, dans le Pas-de-Calais,

« On ne sait même pas quoi écrire tellement c’est horrible », s’émeut une habitante de Fouquereuil, venue, ce vendredi soir, rendre un dernier hommage à Lola. Une semaine après le meurtre de la jeune fille de 12 ans, les esprits ne décolèrent pas dans cette petite commune du Pas-de-Calais où se sont réfugiés les parents de la victime, fuyant Paris. Une colère sourde, dans le respect de la famille de la jeune fille pour qui « le soutien de toute une population est une aide précieuse pour surmonter cette douloureuse épreuve ».

C’est avec l’accord de la famille de Lola que la mairie de Fouquereuil a mis en place, ce vendredi, des livres de condoléances pour recueillir les hommages à la jeune victime et ainsi adresser leur soutien à ses parents. Devant l’entrée du foyer communal, face au stand de tir municipal, deux tables avaient été installées de part et d’autre d’un portrait peint de Lola. « Tu étais le soleil de nos vies, tu seras l’étoile de nos nuits », une phrase signée Jordan et Thibault, les frères de Lola, que l’on peut lire sous le portrait.

Seuls, en couple ou par petits groupes, des anonymes se succèdent pour déposer un bouquet de fleurs et laisser un mot dans l’un des quatre livres mis à disposition. « Sincères condoléances, courage à la famille, que Lola repose en paix », a écrit Mickaela, une habitante de Fouquereuil. Elle ne connaissait ni la jeune fille, ni sa famille, mais ce fait divers atroce l’a bouleversée : « Que voulez-vous dire dans de telles circonstances, c’est juste horrible », glisse-t-elle.

« J’espère que ça fera bouger les choses »

Habitant, lui aussi, Fouquereuil, Bernard cache son émotion derrière une colère sourde : « Ça n’aurait jamais dû arriver, si les choses avaient été faites dans les règles, Lola serait encore là », affirme-t-il. Dans les règles, pour lui, ça signifie que la suspecte du meurtre aurait dû être expulsée : « J’espère au moins que Lola n’est pas morte pour rien, lâche-t-il, et que ça fera changer les choses ». « Changer les lois plutôt », renchérit Mickaela.

Delphine, elle, est venue avec sa petite fille de 11 ans, Héloïse. « En tant que maman, je me devais de faire un geste pour la famille de la petite, même si l’on ne peut pas imaginer leur douleur », reconnaît la mère de famille. « Cet événement m’a chamboulé, paix à ton âme », a écrit sur un des livres Héloïse. Elle ne peut s’empêcher de s’identifier à Lola, « parce qu’on a presque le même âge et que ça aurait pu m’arriver », se désole la petite fille.

« On se sent tous concernés »

La nuit commence à tomber sur Fouquereuil et les badauds se font plus rares. Restent de nombreux journalistes, parqués derrière des barrières. « C’est curieux qu’il n’y ait pas eu de marche blanche », s’étonne Nathalie, 50 ans. Mais elle respecte ce souhait de la famille : « On se sent tous concernés, sauf qu’on ne sait pas comment on réagirait face à un drame pareil », insiste-t-elle. « Qu’est-ce qui est voyeuriste, qu’est-ce qui ne l’est pas ? », s’interroge la quinquagénaire.



Debout devant le portrait de Lola, ses deux frères remercient sobrement les personnes venues rendre hommage à leur sœur. Ils ne parleront pas à la presse et, d’ailleurs, personne ne les sollicite. Après le coucher du soleil, ils étaient une centaine à avoir laissé un mot sur les registres.

Pour les obsèques, lundi, à Lillers, les autorités s’attendent à davantage d’affluence. « L’église peut contenir 400 personnes, et plusieurs milliers sur le parvis. Il y aura une sonorisation mais pas d’écran », détaille à 20 Minutes un représentant de l’Etat. Sur la venue du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, « rien n’est confirmé », ajoute-t-il. Rappelons d’ailleurs ce souhait des parents de Lola qui ne veulent ni « écharpes officielles, ni signe particulier d’appartenance à un organisme politique. »