TENDANCELes succès de librairie s'écrivent aussi sur TikTok

Avec le phénomène #bookTok, la littérature retrouve de l'influence

TENDANCELa plateforme vidéo dope les ventes de certains auteurs grâce aux témoignages de lecteurs
L'autrice Sarah Sprinz à la foire du livre de Francfort. Elle fait partie des romanciers qui ont bénéficié le plus de la vague #bookTok
L'autrice Sarah Sprinz à la foire du livre de Francfort. Elle fait partie des romanciers qui ont bénéficié le plus de la vague #bookTok - AFP / AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

L'essentiel

  • Le Salon du livre de Francfort, la plus grande foire au monde consacrée à la littérature, a pour la première fois fait de TikTok l’un de ses partenaires.
  • Les vidéos de TikTok regroupées sous le hashtag #bookTok génèrent ventes et succès pour de nombreux romanciers.
  • Le phénomène s'explique en partie par le fait que TikTok est une plate-forme visuelle, permettant aux gens de montrer ce qu’ils pensent d’un livre.

Une image vaut mille mots. Le proverbe est chinois et TikTok, fleuron numérique du pays, l’a remis au goût du jour d’une manière inattendue. La plateforme est en effet en passe de devenir l’un des prescripteurs les plus efficaces dans le domaine de la nature. Sous le hashtag #BookTok, les auteurs sont de plus en plus nombreux à produire des images pour vendre leur prose.

De l’Allemande Sarah Sprinz au Suisse Joël Dicker, de plus en plus de romanciers surfent sur la tendance. Le format habituel sur TikTok, une vidéo courte avec effets visuels ou musique, semble se prêter assez mal à la critique littéraire traditionnelle. Mais il permet des présentations de « coups de cœur » et dope la popularité de certaines œuvres.



Cibler les jeunes

Avec l’influence grandissante de #BookTok, le Salon du livre de Francfort, la plus grande foire au monde consacrée à la littérature, a pour la première fois fait de TikTok l’un de ses partenaires. Cette tendance « est pour moi super importante », confie Sarah Sprinz, auteure du best-seller Dunbridge Academy, qui se déroule dans un internat en Ecosse.

« Je pense que cela a contribué à mon succès car j’ai vu beaucoup de vidéos recommandant mes livres », ajoute-t-elle, lors d’un entretien à l’AFP au Salon du livre de la ville allemande. C’est un canal particulièrement efficace pour attirer une nouvelle audience et donner le goût de la lecture aux jeunes, estime l’autrice de 26 ans.

84 milliards de vues

« Je crois vraiment qu’il faut être sur tous les canaux qui permettent de lire et faire lire », a de son côté affirmé dans une vidéo Joël Dicker, auteur suisse de best-sellers, dont La Vérité sur l’affaire Harry Quebert. Selon TikTok, #BookTok a engrangé plus de 84 milliards de vues. C’est devenu « un endroit où l’on recommande des livres et où on les découvre mais aussi où l’on partage des critiques et où l’on exploite la culture des fans », explique Tobias Henning, manager pour TikTok en Allemagne et en Europe centrale et orientale.

« Cela a vraiment un impact sur les ventes de livres dans le monde », constate-t-il. Jamais plus, le livre fiction réalité de l’Américaine Colleen Hoover, a vu ses ventes exploser après avoir été vanté dans la communauté TikTok. Une critique typique montre une femme sanglotant en lisant le roman, avec de la musique et une voix off affirmant « Je n’ai jamais pleuré aussi longtemps après un livre ».

Pas de contradiction

Sarah Sprinz explique en partie le phénomène #BookTok par le fait que TikTok est une plate-forme visuelle, permettant aux gens de montrer ce qu’ils pensent d’un livre. Et avec les confinements pendant la pandémie de coronavirus, cela a probablement accéléré la tendance, dit-elle. Pour elle, il n’y a pas de contradiction majeure entre passer davantage de temps sur les réseaux sociaux et essayer de promouvoir la littérature : de nos jours, les gens lisent de différentes façons, sur les livres électroniques et les smartphones et pas seulement sur des ouvrages papier. Mais un livre ne peut pas avoir du succès seulement grâce aux réseaux sociaux, souligne-t-elle.

« TikTok et #BookTok sont une sorte de multiplicateurs et une bonne opportunité pour recommander des livres », observe-t-elle. Mais « il faut qu’il y ait quelque chose en plus : un livre doit bien sûr être bon ».