TENDANCEQui se cache derrière les bots, particulièrement populaires sur Twitter ?

« C’est de droite ou c’est de gauche » : Qui se cache derrière les bots, particulièrement populaires sur Twitter ?

TENDANCEDerrière les propos d’Elon Musk sur les bots se cache une foule hétéroclite, dont l’outil « C’est de droite ou de gauche » illustre plusieurs réalités
La requête François Hollande classe toujours le socialiste... à droite de l'échiquier. Il appréciera !
La requête François Hollande classe toujours le socialiste... à droite de l'échiquier. Il appréciera ! - 20 Minutes / Cap écran du site "C'est de gauche ou de droite"
Laure Gamaury

Laure Gamaury

L'essentiel

  • Les bots sur Twitter sont sûrement aussi décriés qu’ils sont populaires. Et ce groupe cache une réalité hétéroclite à ne pas négliger.
  • #CestDeGaucheOuDeDroite et le site éponyme, créés par Théo Delemazure, doctorant en informatique, illustre les amalgames faits entre bots et IA, entre contenus sérieux et créations humoristiques.
  • « Dans l’intelligence artificielle, il ne faut pas oublier qu’il y a une part d’humain, et donc le travail sur l’éthique est important. L’IA n’est pas juste un algorithme », rappelle Katya Lainé, cofondatrice de TALKR. ai, spécialiste en intelligence artificielle et administratrice de Numeum.

Elon Musk veut les supprimer. Pourtant, ils sont l’ADN de Twitter. Ils ? Les bots, ces comptes automatiques très présents sur le réseau à l’oiseau bleu. En les décriant publiquement, le milliardaire s’en prend indifféremment à une réalité hétéroclite, où se côtoient intelligence artificielle, faux comptes, génies visionnaires et petits rigolos en tout genre. Et ce n’est pas Théo Delemazure, créateur de #CestDeGaucheOuDeDroite et du site éponyme, qui en deux semaines a enregistré plus de 4 millions de requêtes, qui va le contredire.

« Avec mes amis, on a l’habitude de plaisanter sur tout et n’importe quoi en se demandant si c’est de gauche ou de droite : une marque de bière, l’équitation, le train, etc... J’ai eu l’idée début octobre d’utiliser l’intelligence artificielle (IA) pour la tester sur ce jeu tout bête » et « C’est de gauche ou de droite » est né. Mais dans quel but ? L’IA est-elle seulement affaire de bots ?


Ne pas mettre tous les bots dans le même panier

« Il ne faut pas généraliser : l’IA ne se résume pas aux bots, et les bots ne sont pas la forme la plus dangereuse de l’IA, analyse Katya Lainé, cofondatrice de TALKR. ai, spécialiste en intelligence artificielle et administratrice de Numeum. On fait souvent la contraction car l’humain a besoin de visualiser ce qu’est une IA ». On est loin de ces dizaines de bots, semblables à des virus verts géants (coucou l’univers enfantin et ses monstres à trois têtes et huit pattes), que notre imaginaire crée en lisant Elon Musk. « Les bots sur Twitter ça veut tout et rien dire, ajoute-t-elle. Ça dépend surtout de qui les a fabriqués, mis en ligne et dans quel but ».

Pour créer son site humoristique, Théo Delemazure, doctorant en informatique, s’est lui servi d’Open IA, « un outil déjà au point, très fort, utilisé par exemple pour faire des chatbots, que je détourne ». De quoi desservir la cause ? « 99 % du temps, l’IA est utilisée à des fins légitimes, servicielles », note encore Katya Lainé. En créant le buzz sur un détournement, c’est sûr que le sérieux et la réputation en prennent un coup.

De l’absurdité d’un tel bot

Et Elon Musk, qui enrage contre les faux comptes et les spams, qu’il évalue à 20 % quand la plateforme parle de 5 %, mais veut dans le même temps réintroniser Donald Trump et ses tweets et lâcher du lest sur la modération au nom de la liberté d’expression, c’est de gauche ou de droite ? Evidemment… de droite, assure le site de Théo Delemazure. Twitter lui est classé à gauche. Au contraire de… François Hollande. « L’IA le classe à gauche mais les votes des utilisateurs, que j’ai décidé de prendre en compte pour améliorer mon outil, ont totalement biaisé le résultat », admet le créateur du site. « Un dommage collatéral » qui pointe les limites et manquements d’un tel outil.


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« Dans l’intelligence artificielle, il ne faut pas oublier qu’il y a une part d’humain, et donc le travail sur l’éthique est important. L’IA n’est pas juste un algorithme », rappelle Katya Lainé. L’experte insiste : « Avec "C’est de droite ou c’est de gauche", il n’y a pas de représentativité, on ne va pas vérifier si c’est vrai ». Mais, rappelle Théo Delemazure, « mon but, c’est vraiment de m’amuser, il n’y a aucun but politique ou autre ». Soit.

La régulation est-elle alors la clé sur Twitter ?

« L’un des dangers de l’IA, c’est bien la manipulation des données », insiste l’experte. C’est d’ailleurs une des premières questions qu’on pose au créateur de « C’est de gauche ou de droite » : « je ne collecte les données que pour éviter les appels inutiles à l’IA sur des requêtes déjà postées ». Inconcevable pour lui de les vendre, d’autant que la loi française l’interdit sans demande préalable à l’utilisateur. « De toute façon, je n’ai pas le nom des gens, les données sont non significatives puisque j’ai seulement les requêtes et d’où elles proviennent ». Faut-il alors prôner l’auto-régulation et croire en l’éthique de chacun ?

« Twitter est un réseau privé donc c’est le propriétaire qui décide, énonce Katya Lainé. Mais supprimer totalement les bots paraît un peu extrême, c’est comme si on supprimait les voitures parce qu’une d’entre elles était défectueuse et dangereuse ». Des règles de régulation plus claires seraient peut-être une première étape pour cette forme d’expression numérique chère aux Twittos, plutôt que l’interdiction pure et simple. Elon, si tu nous lis…

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