SORTIESEt si les « Mini-Monstres » étaient de grands gentils ?

Et si les « Mini-Monstres » étaient de grands gentils ?

SORTIESLe Muséum national d’histoire naturelle propose une exposition sur les animaux microscopiques – poux, tiques, etc.- qui peuplent notre quotidien, mais qui sont souvent détestés et haïs et victimes de campagnes d’extermination
Un immense acarien accueille le visiteur.
Un immense acarien accueille le visiteur. - G. Novello / 20 Minutes
Guillaume Novello

Guillaume Novello

L'essentiel

  • L’exposition Mini-Monstres s’ouvre au Muséum national d’histoire naturelle ce samedi et s’adresse en priorité à un public jeune, sans que les adultes en soient exclus bien sûr.
  • L’objectif est de lever les a priori que nous avons tous sur les acariens, tiques, moustiques et autres poux, et comprendre en quoi ils sont importants à l’équilibre de notre biodiversité.
  • La scénographie est ludique, tactile et surtout pédagogique et à coup sûr votre vision de ces micro-animaux sera changée à l’issue de la visite.

Ce qui est pratique avec les expositions pour enfants, c’est qu’elles plaisent surtout aux parents. Et Mini-Monstres au Muséum national d’histoire naturelle* ne devrait pas déroger à la règle. Cette exposition conçue par le Musée des Confluences de Lyon s’intéresse à tous ces petits animaux « que l’on connaît mais pour lesquels on a beaucoup d’a priori », explique Cyril Roguet, directeur du département des galeries, à savoir le pou, la mouche, l’acarien, ou encore le moustique.

Et l’objectif est de lever ces a priori. « Les tout-petits n’ont aucune aversion pour ces animaux, celle-ci se développe avec l’âge par transmission culturelle, notamment via les parents, rappelle Christophe Daugeron, entomologiste (l’étude des insectes) et commissaire scientifique. Et avec cette expo, nous avons envie de faire une transmission culturelle inversée des enfants vers les parents dans un sens positif. »

Vorace comme une tique

Pour ce faire, l’exposition plonge d’emblée dans l’infiniment petit en reconstituant du cuir chevelu avec les poux et lentes qui y vivent et en présentant la maquette gigantesque d’un acarien. Puis de petits box présentent ces mini-monstres à la manière de super-héros en insistant sur leurs qualités et compétences exceptionnelles par rapport à leur taille comme la puissance des puces, la voracité insatiable des tiques ou encore l’ultra-résistance des poux. C’est ludique, tactile, pédagogique, percutant, concis… Bref, on en apprend beaucoup sans même s’en rendre compte.



Vient ensuite une partie consacrée à l’observation et la classification de ces animaux immensément variés et nombreux. Les férus de microscope pourront s’en donner à cœur joie. La déambulation se poursuit avec une zone dédiée aux interactions des humains avec les mini-monstres, « parfois pour le pire, souvent pour le meilleur », assure Christophe Daugeron. Alors qu’aujourd’hui, tout est fait pour s’en débarrasser, pensons aux pesticides dans l’agriculture ou plus simplement aux prises anti-moustiques dans les chambres l’été, cela n’a pas toujours été le cas et l’exposition en montre quelques exemples comme les cirques de puces du début du XXe siècle et les incroyables puces déguisées du Mexique.

L’homme, le meilleur ennemi

Mais l’action (néfaste de l’homme) est une menace pour ces animaux, si utiles à la biodiversité. Saviez-vous que le moustique est l’unique pollinisateur des fleurs arctiques ? Heureusement, s’ils sont petits, ils n’en sont pas moins malins et savent contrecarrer nos plans machiavéliques. « Les insectes, par exemple, ont une descendance très nombreuse et il y en aura forcément un qui présentera la mutation capable de résister au pesticide, explique Christophe Daugeron. Or tous les insectes sensibles au produit seront éliminés et ne restera que celui qui a muté. En quelques générations, la population dans son ensemble sera devenue résistante. » Le contraire de l’effet recherché.

Le réchauffement climatique, conséquence de l’activité humaine, bouleverse également la vie de ces micro-animaux. Il modifie leur distribution spatiale et c’est pourquoi on retrouve en Méditerranée des espèces exotiques et des papillons méditerranéens en Ile-de-France. Le réchauffement a aussi un impact sur la phénologie des bêtes, c’est-à-dire à quel moment, elles commencent à s’activer, notamment dans les régions tempérées. Et, selon Christophe Daugeron, plusieurs études montrent que cela intervient plus tôt dans la saison. Et c’est pourquoi l’exposition entend insister sur l’importance des interactions entre eux et nous. Mieux les connaître pour mieux les apprécier.

* « Mini-Monstres », à la Galerie de géologie et de minéralogie, au Jardin des plantes. Du 22 octobre au 23 avril 2023, de 10 heures à 18 heures. Plein tarif : 10 euros, tarif réduit : 7 euros.

Animations flashs et ateliers pédagogiques

Pas de visite guidée pour cette exposition à découvrir par soi-même. Mais des animations flashs, par exemple « En tête à tête avec les petites bêtes », et des ateliers, à destination des enfants, se tiendront dans un espace dédié en fin d’exposition.