FOOTBALLLa nouvelle politique de formation de l’OM fait débat

OM : « Ils ont tout faux »… La nouvelle politique de formation fait débat

FOOTBALLL’Olympique de Marseille qui dispute la Youth League, la ligue des Champions des moins de 19 ans, semble désormais privilégier la post-formation
L'entrée de la Commanderie, centre d'entraînement de l'Olympique de Marseille.
L'entrée de la Commanderie, centre d'entraînement de l'Olympique de Marseille. - AFP / AFP
Adrien Max

Adrien Max

L'essentiel

  • L’Olympique de Marseille est engagé en Youth League, la Ligue des champions des moins de 19 ans, une compétition qui a « trois mondes d’écart » avec celles habituellement disputées par les équipes de jeunes du club.
  • Pablo Longoria et ses équipes ont pourtant recruté plusieurs jeunes prometteurs pour renforcer les équipes de N3 et des U19, qui composent cette équipe en Youth League.
  • Cela semble surtout traduire un changement de stratégie au sein du centre de formation, avec la priorité mise sur la post-formation, qui pourrait se faire au détriment de la pré-formation.

On a connu apprentissage du haut niveau plus doucereux que celui des jeunes de l’Olympique de Marseille engagés en Youth League. Le début de la campagne de cette Ligue des champions des moins de 19 ans ressemble à un calvaire pour les minots, bons derniers de leur groupe après deux nuls et deux défaites (12 buts encaissés), et déjà éliminés avant de rencontrer l’Eintracht Francfort, mercredi après-midi, comme leurs aînés un peu plus tard (21 heures).

« Il y a un gros niveau d’écart avec les compétitions qu’ont l’habitude de jouer les équipes de jeunes de l’OM, je dirais même qu’il y a trois mondes d’écart », note un fidèle observateur du centre de formation. Difficile de lui donner tort quand on se rappelle le 6-0 infligé par le Sporting Portugal à domicile, début octobre. Mais ces difficultés ne viennent pas de nulle part. L’OM n’a plus vraiment l’habitude de disputer cette compétition, et l’équipe de Youth League est un délicat mélange entre l’équipe de N3 et les U19.

Des petits nouveaux pas encore convaincants

Pourtant, Pablo Longoria et ses équipes ont été actifs sur le marché des transferts, cet été, afin de dégoter de jeunes prospects, et les faire jouer cette compétition. « Je dirais qu’il y a du talent, mais ce ne sont pas encore des phénomènes ou des joueurs que l’on peut considérer comme des pépites. Tout semble bien se passer au niveau du comportement, mais je ne suis pas convaincu par ceux qui viennent d’arriver », avance un autre habitué de l’OM Campus.

Son homologue estime, lui, que « quand tu recrutes des joueurs de l’extérieur, ils doivent être meilleurs que ceux déjà présents ». Et lui « ne voit pas de différence ». « Je pense que quand tu recrutes Roggerio Nyakossi à Genève pour 2 millions d’euros, il doit a minima être un candidat pour intégrer la rotation de l’équipe professionnelle. » Ce qui n’est pas le cas.


Les deux observateurs s’accordent néanmoins sur un joueur prometteur : Sayha Seha, débarqué de l’ESTAC cet été. L’un « a bien aimé le peu [qu’il en a] vu sur quatre matchs », quand l’autre le considère comme « un bon joueur de ballon ».

Pisté par « plusieurs clubs français et allemand », le jeune franco-malgache de 17 ans a finalement été convaincu par Pablo Longoria et son directeur sportif, David Friio. « David Friio et Mathieu Louis-Jean le connaissaient depuis longtemps, à l’époque où ils travaillaient à Manchester United et qu’ils voulaient le recruter. A l’OM, on a retrouvé la même structure, et ils l’ont suivi sur presque tous les matchs depuis deux ans. On sait que le club veut investir dans la formation, il y a un gros travail de scouting pour trouver les meilleurs talents et les valoriser », liste Andrea Pellegatti, qui travaille pour Epic Sport, l’agence qui représente le joueur.

Du court terme au sein de la formation

Si ces arguments ont convaincu Sayha Seha de rejoindre l’Olympique de Marseille, ils révèlent surtout la nouvelle stratégie mise en place par Pablo Longoria, et la priorité mise sur la post-formation. Difficile de se le faire confirmer par l’OM, qui souhaite « attendre la fin des phases de poule de la Youth League pour prochainement expliquer clairement la stratégie et la structure du centre de formation », nous a-t-on fait savoir. Mais Jean-Luc Cassini, ancien directeur du centre de formation jusqu’en 2019, estime que l’OM « veut prendre la route de la post-formation ». « Pablo Longoria veut faire du court terme et faire éclater un beau joueur », est-il persuadé.

Mais selon lui, à travers la promotion de la post-formation, « on néglige le centre de formation et la pré-formation, qui est plus contraignante, avec des résultats sur du plus long terme ». Et surtout l’arrivée de joueurs en post-formation « n’aide pas les gamins du centre », selon l’un des observateurs. « Quand tu dis à certains que tu n’as pas les moyens de les payer et que derrière tu files 20 ou 30 briques à Nyakossi, le message est compliqué », poursuit-il.

Au détriment des plus jeunes

Vu le vivier présent à Marseille, Jean-Luc Cassini estime que cette stratégie de la post-formation est une erreur. « Par la grandeur de la ville, son passé, on est obligé de passer par de la préformation et de la formation à l’OM », avance-t-il. Mais pour cela, le centre de formation a besoin de beaucoup plus de stabilité. Nasser Larguet a succédé à Jean-Luc Cassini en 2019, avant d’être remplacé, cet été, par Marco Otero, un proche de Longoria débarqué de Valence, dont le rôle exact est encore flou selon plusieurs sources.

« Tous les trois ans ça change, les idées et le projet avec. Mais ils ont tout faux. On doit se recentrer sur Marseille, tout était en en place, il suffit de le perfectionner. Si tu révolutionnes tout, les idées de jeu, le projet, ça perturbe les enfants. Dans les meilleurs centres de formation, comme à Lyon ou à Rennes, il y a de la stabilité. Je suis parti il y a trois ans et demi, et depuis quasiment tous les Marseillais ont été virés », regrette l’ancien directeur du centre de formation.


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Les difficultés à faire évoluer un jeune du centre de formation vers l’équipe première – le dernier joueur à avoir suivi ce parcours est Boubacar Kamara, parti depuis à Aston Villa –, peuvent expliquer la volonté de Pablo Longoria, et de l’Olympique de Marseille, de donner une autre direction au centre de formation. Mais cela peut aussi s’avérer très contre-productif. « Si tu contactes n’importe quels parents de petits Marseillais, ils te diront qu’ils choisiront Nice ou Lyon pour leur enfant, avertit Jean-Luc Cassini. Mon petit-cousin de 14 ans est suivi par pas mal de clubs. Mais même moi qui suis un amoureux de l’OM, je lui conseillerais d’aller ailleurs. »