Dans une Amérique où les menaces de violence contre les élus et les employés fédéraux ont doublé depuis le Capitole, le mari de Nancy Pelosi a été attaqué au marteau à leur domicile de San Francisco, dans la nuit de jeudi à vendredi. L’attaque provoque une vive émotion chez les politiques américains, à 11 jours des élections de la mi-mandat.

Selon des sources policières du New York Times et de CNN, l’agresseur aurait crié « Où est Nancy, où est Nancy ? » avant de frapper son mari, qui a été hospitalisé. Cet homme cherchait Nancy Pelosi et a «menacé de mort» son mari, a précisé plus tard le porte-parole de la présidente de la Chambre des représentants, Drew Hammill.

La speaker de la Chambre se trouvait à Washington au moment de l’attaque, ont confirmé les autorités. Le suspect, David DePape, 42 ans, a été interpellé et devrait être inculpé pour « tentative d’homicide », a indiqué le chef de la police de San Francisco, William Scott, lors d’un point presse. Selon lui, il ne s'agissait pas d'une attaque «au hasard» mais bien d'un acte «intentionnel»

Coups de marteau

La police est intervenue à 2h27 du matin. En arrivant sur place, les agents ont vu le suspect et Paul Pelosi lutter pour prendre le contrôle d’un marteau. David DePape a réussi à le saisir puis a « violemment frappé » le mari de Nancy Pelosi avec l’outil avant d’être maîtrisé par les policiers. L’enquête se poursuit pour déterminer un mobile. Selon ABC, le suspect est entré par effraction en brisant une porte coulissante en verre.

Selon Politico, Paul Pelosi a pu prévenir les secours en pretextant avoir besoin d'aller aux toilettes, et en appelant le 911 avec son téléphone qu'il rechargeait à la salle de bains.

« Tôt ce matin, un agresseur s’est introduit dans la résidence des Pelosi à San Francisco et a violemment agressé M. Pelosi », a indiqué le porte-parole de la patronne de la Chambre, Drew Hammill dans un communiqué. Paul Pelosi, 82 ans, a été opéré avec succès d'une fracture du crâne et de blessures au bras et à la main.

Cette attaque survient alors que les autorités fédérales avaient alerté d’une hausse des menaces contre les élus à l’approche des midterms. Selon la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, Joe Biden a échangé avec Nancy Pelosi dans la matinée. Le leader des républicains au Sénat, Mitch McConnell, s’est dit « horrifié et révolté », et précisé que la police du Capitole était mobilisée. Chez les démocrates, Chuck Schumer a dénoncé un acte « lâche ».

Posts antisémites et complotisme

Selon le San Francisco Chronicle, David DePape avait, il y a une dizaine d’années, des liens avec des activistes naturistes de San Francisco et se disait, à l’époque, membre du Green party. Mais selon deux blogs (ici et là) qui semblent lui appartenir, il a l’air d’être tombé dans le complotisme, relayant de nombreux thèmes populaires dans les sphères conspirationnistes d’extrême droite.

Il a notamment partagé de nombreux mèmes antisémites et racistes, dénonçant la soi-disant « censure » des groupes technologiques et des élites qu’il accuse de couvrir des scandales pédophiles, un thème au coeur du complotisme de QAnon. Dans un post, il se demande si Donald Trump ne serait pas le fameux leader du mouvement, « Q ».

Dans les billets encore en ligne, qui remontent jusqu’à août, il parle peu de ses convictions politiques et ne mentionne jamais Nancy Pelosi. Il semble toutefois persuadé que l’élection de 2020 a été entachée de fraude et conseille à Donald Trump de choisir l’ex-démocrate Tulsi Gabbard comme colistière pour la prochaine élection.