CLIMATPourquoi une tornade n’est pas reconnue comme catastrophe naturelle

Tornade dans le Pas-de-Calais : Pourquoi l’état de catastrophe naturelle n’a pas été reconnu

CLIMATL’Etat n’a pas jugé utile de placer la tornade qui a saccagé deux villages du Pas-de-Calais en catastrophe naturelle
Bihucourt, le 24 octobre 2022. Une tornade a ravagé le village de Bihucourt, près de Bapaume, dans le Pas-de-Calais, sans toutefois faire de victime.
Bihucourt, le 24 octobre 2022. Une tornade a ravagé le village de Bihucourt, près de Bapaume, dans le Pas-de-Calais, sans toutefois faire de victime. - M.Libert / 20 Minutes
Gilles Durand

Gilles Durand

L'essentiel

  • Le dimanche 23 octobre dernier, une tornade dévastait particulièrement deux villages du Pas-de-Calais.
  • Les vents ont atteint une vitesse comprise entre 220 et 270 km/h.
  • Considéré comme une tempête, l’événement ne sera pas reconnu catastrophe naturelle par les autorités.

Mise à jour, le 3 novembre : Un lecteur de « 20 Minutes », juriste, nous précise que le code des assurances fait le distinguo entre les tornades et les épisodes cycloniques. En effet, l’article 122-7 évoqué dans l’article souligne « les effets du vent dû à un événement cyclonique ». Or, une tornade est assimilée à une tempête et non à un cyclone qui est un phénomène météorologique différent. Même si les conséquences sont souvent les mêmes, pour les assurances, la prise en charge est donc différente.

« Des vents très violents engendrés par des tornades ». C’est ainsi que la préfecture du Pas-de-Calais qualifie l’événement climatique qui a touché, le dimanche 23 octobre, le secteur de Bapaume dans le sud du département. Deux villages, Bihucourt et Hendecourt-lez-Cagnicourt, ont été particulièrement saccagés.

Une semaine plus tard, les autorités dressent un bilan de cette catastrophe : 233 habitations touchées dont 30 ont été déclarées inhabitables « en raison de travaux lourds qui se feront sur un temps long ». « Ainsi, 27 familles ne pourront donc pas occuper leur logement pendant plusieurs mois », précise la préfecture, dans un communiqué.

Prise en charge par les assurances

Les témoignages des habitants s’accordent à dire qu’il s’agissait d’une tornade qui a tout dévasté « en quelques secondes ». Dans le bulletin municipal, le maire d’Hendecourt, Denis Sénéchal, évoque « une tornade qui a traversé le village sur 100 mètres de large laissant derrière elle d’importants dégâts ». La commune a même été privée d’eau et d’électricité pendant près de 24 heures.


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Et pourtant, l’état de catastrophe naturelle ne sera pas reconnu, confirme la préfecture à 20 Minutes. « La garantie "tempête, neige et grêle" est prévue dans les contrats d’assurance, explique l’autorité départementale. Les victimes ne seront pas mieux indemnisées si un arrêté de catastrophe naturelle est pris. Au contraire, les sinistrés peuvent signaler à leur assurance les dégâts sur leurs biens assurables sans avoir besoin de l’intervention de l’Etat, contrairement à la procédure de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle. »

Et de prendre l’exemple de la tornade qui avait dévasté la ville d’Hautmont et ses environs, dans le Nord, en 2008. Les vents avaient été estimés entre 270 et 320 km/h, selon Keraunos, l’observatoire français des orages violents. « A l’époque, l’Etat avait reconnu un état de catastrophe naturelle, mais pour les coulées de boue et les glissements de terrain qui ne sont pas pris en compte dans les contrats d’assurance », précise la préfecture.

Vitesse des vents estimée entre 220 et 270 km/h

Pour les habitants de Bihucourt ou d’Hendecourt, la non-reconnaissance de catastrophe naturelle ne doit donc rien changer à la prise en charge des dégâts par les assurances, promet la préfecture.

Pourtant, le code de l’assurance dit tout autre chose. Selon l’article 122-7, les garanties s’arrêtent si « les vents maximaux de surface enregistrés ou estimés sur la zone sinistrée ont atteint ou dépassé 145 km/h en moyenne sur dix minutes ou 215 km/h en rafales ». Or, après enquête sur le terrain, la vitesse maximum des vents a été estimée entre 220 et 270 km/h.

« Certains éléments permettent de mesurer la vitesse du vent, explique une spécialiste qui souhaite rester anonyme. Si le souffle a pu soulever une plaque d’égout, par exemple, on peut calculer la distance parcourue par rapport au poids de cette plaque. On est ainsi capable de déterminer la force qu’il a fallu pour la transporter. »

Il s’agit, en tout cas, de la plus forte tornade recensée en France métropolitaine depuis 2013, à Etrochey, en Bourgogne. C’est aussi la plus longue jamais observée, selon Keraunos. Sa trajectoire parcourue depuis Bihucourt affiche 85 km jusqu’à Leuze-en-Hainaut, près de Tournai, en Belgique. Son intensité s’est heureusement affaiblie en cours de route.

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