LoseCarton de DeSantis, candidats MAGA recalés… Donald Trump ressort affaibli

Midterms 2022 : Carton de DeSantis, candidats MAGA recalés… Donald Trump ressort affaibli en vue de 2024

LoseL’ancien président américain, qui devrait annoncer sa candidature mardi prochain, a vu nombreux de ses poulains échouer pendant que le gouverneur de Floride est accueilli comme le futur du parti républicain
Donald Trump et celui qui était alors candidat au poste de gouverneur de Floride, Ron DeSantis, le 3 novembre 2018.
Donald Trump et celui qui était alors candidat au poste de gouverneur de Floride, Ron DeSantis, le 3 novembre 2018. - The Associated Press / Sipa
Philippe Berry

Philippe Berry

De notre correspondant aux Etats-Unis,

Rien ne s’est passé comme Donald Trump l’espérait lors des midterms. Une vague rouge devait déferler sur la Chambre, il comptait placer ses poulains MAGA à des postes clés en vue de la prochaine présidentielle, et annoncer triomphalement sa candidature mardi prochain. Au lieu de cela, les républicains ont réalisé une contre-performance, les « swing states » ont rejeté les candidats complotistes les plus extrêmes, et le triomphe de Ron DeSantis fait du gouverneur de Floride un adversaire potentiellement redoutable en vue d’une primaire fratricide.

Avant d’enterrer Donald Trump, prudence. Il reste ultra-populaire auprès de la base républicaine. Et si le Congrès était incertain, mercredi soir, les républicains se trouvaient en ballottage favorable à la Chambre et pourraient encore ravir le Sénat aux démocrates, un scénario qui permettrait à l’ancien président de limiter la casse. Mais il y a du sang dans l’eau, et les requins – des élus républicains modérés mais aussi Fox News – sont prêts à festoyer.

Positive attitude

Silencieux toute la matinée, et « en colère » selon les potins, Donald Trump a réagi sur son réseau, Truth Social. Fait rare pour ce jusqu’au-boutiste du « positive thinking » emprunté au pasteur Norman Vincent Peale, l’ancien président a reconnu que les résultats de ce scrutin étaient « quelque peu décevants ». Pour les autres. « D’un point de vue personnel, ça a été une grande victoire », assure-t-il.

Maths à l’appui, il affirme que les candidats à qui il a apporté son soutien ont remporté 219 victoires pour 16 défaites. Un ratio flatteur exagéré, et surtout trompeur. Même s’il possède un casino à Vegas, Donald Trump n’est pas joueur. S’il reste un faiseur de roi aux primaires, il apporte le plus souvent son soutien à un candidat quasi-assuré de l’emporter. Soit dans un Etat très rouge, comme l’Alabama ou le Dakota du Sud, soit dans un district taillé sur mesure à la Chambre ou dans une législature locale.

CNN a compilé les performances des candidats qui ont remis en doute la victoire de Joe Biden et/ou perpétué le mythe d’une fraude à l’élection de 2020. En ne gardant que les scrutins à l’échelle de tout un Etat (gouverneur, sénateur, secrétaire d’Etat), et pas simplement d’un district, le score de Donald Trump est de 21 victoires pour 24 défaites. Et nettement moins si on ne regarde que les « swing states », où il faut séduire un électorat davantage centriste.

La « débâcle » Trump

Ainsi, le candidat d’extrême droite Doug Mastriano s’est fait balayer de 14 points en Pennsylvanie. Don Bolduc de 9 dans le New Hampshire. Idem pour Tudor Dixon, dominée par la Némésis de Trump, Gretchen Whitmer, dans le Michigan. Le Dr Oz a perdu face à un John Fetterman diminué par un AVC. Des trumpistes ont échoué dans le Wisconsin, le Minnesota et en Virginie. En Arizona et dans le Nevada, leur sort reste incertain. Au final, seul JD Vance s’en est vraiment bien sorti dans l’Ohio, un Etat que Trump avait remporté par 8 points contre Clinton et Biden.

L’été dernier, Mitch McConnell avait critiqué la « qualité » des candidats républicains choisis lors des primaires, le plus souvent des novices en politique ayant prêté allégeance au « Don ». « On ne peut pas nominer des candidats qui sont incapables de séduire l’électorat au-delà d’une base étroite », a attaqué mercredi le sénateur républicain modéré de Pennsylvanie, Pat Toomey. « Plus les candidats étaient MAGA, plus ils ont sous-performé dans leur Etat », continue-t-il, dénonçant une « débâcle dont est responsable Donald Trump ».

Ron « DeFuture » DeSantis

Pour ne rien arranger, cette déconvenue trumpienne intervient alors que Ron DeSantis, que Donald Trump avait beaucoup aidé en 2018, a décroché une victoire éclatante par près de 20 points en Floride. Au point de conquérir Miami-Dade, un comté pourtant majoritairement hispanique que Trump avait perdu de 7 points contre Biden et de 29 contre Clinton.

Le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, entouré de sa femme et de leurs trois enfants, a facilement été réélu le 8 novembre 2022.
Le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, entouré de sa femme et de leurs trois enfants, a facilement été réélu le 8 novembre 2022. - Dave Decker//SIPA

Selon les sondages sortis des urnes, DeSantis a remporté 57 % du vote latino, en parvenant à séduire non seulement les émigrés cubains, traditionnellement conservateurs, mais également l’électorat portoricain. Du jamais vu pour un candidat idéologiquement proche de Donald Trump mais avec la discipline d’un ancien avocat de la Navy passé par Harvard, qui semble moins rebuter les indépendants.

Toute la journée, Fox News a chanté ses louanges, et le New York Post, qui appartient également à la famille Murdoch, a fait sa une sur « Ron DeFuture ». Sentant la menace monter comme un ouragan se renforçant dans le Golfe du Mexique, Donald Trump, qui a écarté de repousser son annonce, a fait dans la menace voilée : « Je ne sais pas s’il va être candidat. Mais s’il se lance, je révélerai des choses peu flatteuses sur lui. J’en sais plus sur lui que quiconque, peut-être à l’exception de sa femme » Renforcé après ces midterms, Joe Biden a déjà sorti le popcorn, s’amusant en conférence de presse de ce potentiel duel : « Ça sera fun de les regarder s’affronter ! »