VERDICTTrente ans de prison pour l’homme qui a tué le policier Franck Labois

Lyon : « On condamne cet homme à plus que son âge », 30 ans de prison pour avoir tué le policier Franck Labois

VERDICTMercredi soir, les jurés de la cour d’assises du Rhône ont condamné Farès D. à 30 ans de prison pour avoir volontairement fauché au volant de son fourgon Franck Labois, lors d’une intervention policière en janvier 2020
Farès D, qui avait volontairement fauché le policier Franck Labois lors d'une intervention de police en janvier 2020, a été condamné à 30 ans de prison.
Farès D, qui avait volontairement fauché le policier Franck Labois lors d'une intervention de police en janvier 2020, a été condamné à 30 ans de prison.  - KONRAD K./SIPA / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

L'essentiel

  • Mercredi soir, Farès D. a été condamné à 30 ans de prison alors que l’avocat général de la cour d’assises du Rhône avait requis la perpétuité.
  • L’accusé de 24 ans était jugé pour avoir volontairement fauché le policier Franck Labois en 2020 en prenant la fuite au volant de son fourgon.
  • Plongé dans le coma, le policier avait succombé à ses blessures deux jours après, ce qui avait suscité un vif émoi au sein des forces de l’ordre.

Farès D., reconnu coupable d’avoir volontairement fauché le policier Franck Labois en 2020 en prenant la fuite au volant d’un fourgon, a été condamné mercredi soir à trente ans de réclusion par la cour d’assises du Rhône alors que l’avocat général avait demandé la perpétuité.

Dans leur verdict rendu après cinq heures de délibéré, les jurés ont retenu l' « extraordinaire gravité de ce geste » résultant, selon eux, de la volonté de l’accusé de 24 ans « d’échapper coûte que coûte à une interpellation », avec pour conséquence la mort du policier dans la nuit du 10 au 11 janvier 2020. Une « intention homicide incontestable », a expliqué le président de la cour Antoine Molinar-Min.

« Verdict de soulagement »

« C’est un verdict de soulagement », a réagi Jean-François Barre, avocat de la famille Labois. Cette dernière et les nombreux policiers réunis au moment de l’énoncé ont accueilli le verdict avec beaucoup d’émotion pendant de longs instants.

« Le plus important pour nous, c’est la reconnaissance de l’intention de tuer. Parce que finalement, ça nous libère tous de ce sentiment de culpabilité. C’est ce qu’on attendait tous de ce procès, de vraiment remettre la culpabilité du bon côté, c’est sa faute », a déclaré Marianne Charret-Lassagne, cheffe de la sûreté départementale au moment des faits.

L’avocat général comme les parties civiles avaient plaidé que cette intention se traduisait à la fois dans la percussion, mais aussi dans « toute l’accélération du fourgon ». Le corps du policier avait été traîné sur une dizaine de mètres.

« On condamne cet homme à plus que son âge »

Jugé depuis lundi, l’accusé a nié toute volonté de tuer. « L’intention homicide a été retenue, pour autant on a admis que l’accusé pouvait garder espoir, démontrer qu’il était en capacité de réfléchir, de progresser », a commenté son avocat Julien Charle.

« Il a eu ces quelques mots, en disant "c’est comme ça". C’est une façon de respecter la décision de justice, d’essayer d’y réfléchir et de l’entendre », a confié l’avocat. Et de relever : « On a condamné cet homme à plus que son âge ».

La nuit du drame, le policier du GAO participait à une opération visant à interpeller une équipe de malfaiteurs qui venait de dérober un chargement de lessive en Isère. En périphérie de Lyon, le fourgon Volkswagen qui transportait la marchandise volée s’est retrouvé coincé par deux véhicules et a tenté une manœuvre pour se dégager, percutant de plein fouet Franck Labois, dressé sur son chemin arme au poing.

Il n’a pas tiré. « Franck Labois aimait tellement la vie que ça lui était impossible de donner la mort », a affirmé Me Laurent-Franck Liénard, avocat des collègues de la victime.

Il ne sera relevé aucune trace de freinage au sol et le policier décédera trois jours plus tard. L’enquête a permis de remonter à trois hommes, dont Farès D., finalement arrêté le 16 janvier.



Délinquance précoce

Les avocats de l’accusé ont martelé lors de leurs plaidoiries qu’il ne pensait « qu’à s’enfuir », et ont pointé les « incertitudes » du dossier alors que les avocats de la famille du policier décrivaient eux un homme à la tête d’une équipe « déterminée ».

Auparavant, ses proches l’avaient décrit comme « gentil et calme », mais aussi « influençable », à l’évocation d’une délinquance précoce : une douzaine de faits déjà condamnés, plus quelques jugements encore attendus, notamment pour le vol de la nuit fatale.

Alors qu’il prenait la parole pour la dernière fois, l’accusé a parlé « à la famille, aux frères, à la mère ». « Je m’excuse, sincèrement », a-t-il simplement déclaré.