RELOCALISATION« Du tissage à la confection », un jean en lin « 100 % made in France »

« Du tissage à la confection », une marque lance un jean en lin « 100 % made in France »

RELOCALISATIONDu lin cultivé en Seine-Maritime puis filé et tissé en Alsace avant de repartir dans l’Orne et dans la Sarthe. En s’appuyant sur l’outil industriel de son père, Agathe Schmitt a créé la marque Sème, qui revendique un jean 100 % made in France
Le jean en lin de la marque « Sème » qui est totalement fabriqué, cultivé même, en France.
Le jean en lin de la marque « Sème » qui est totalement fabriqué, cultivé même, en France.  - Marie-Amélie Tondu / Sème
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

L'essentiel

  • Est-ce que votre jean est vraiment 100 % made in France ? Avec celui en lin de la marque Sème, c’est le cas. Le lin est même cultivé en France, ce qui n’est pas possible avec du coton.
  • « Le lin est cultivé en Seine-Maritime puis est filé, tissé et ennobli en Alsace. Le jean repart ensuite en Normandie pour être coupé et assemblé, avant une dernière étape de lavage dans la Sarthe », explique la créatrice de la marque, Agathe Schmitt.
  • Comment s’y est-elle prise ? En s’appuyant, d’abord, sur l’outil industriel de son père Pierre Schmitt. Depuis une douzaine d’années, cet ancien cadre du géant textile DMC s’est lancé dans le rachat de plusieurs usines.

Le « Made In France » est presque partout aujourd’hui. Avec, parfois, quelques incompréhensions pour le consommateur. Est-ce que tout est bien fabriqué ici ? Même la matière première ? Pour le jean en lin de la marque Sème, ces questions ne se posent pas : il est 100 % local. « Au total, il parcourt moins de 2.500 kilomètres », estime sa créatrice Agathe Schmitt, avant de détailler. « Le lin est cultivé en Seine-Maritime puis est filé, tissé et ennobli en Alsace. Le jean repart ensuite en Normandie pour être coupé et assemblé, avant une dernière étape de lavage dans la Sarthe. »



Vu de loin, ça paraît simple mais la native de Colmar (Haut-Rhin), 35 ans, est novatrice dans sa branche. Il faut dire qu’elle partait avec un avantage certain : l’outil industriel de son père, Pierre Schmitt. Depuis une douzaine d’années, cet ancien cadre du géant textile DMC s’est lancé dans le rachat de plusieurs usines. D’abord du leader européen de la fabrication de velours, Velcorex, en 2010 ; puis de la dernière entreprise de tissage sur le sol français, Emanuel Lang, en 2013. Mieux, en 2019, il avait aussi racheté en Hongrie des machines pour filer, de manière à rapatrier ce savoir-faire disparu du pays.


Agathe Schmitt.
Agathe Schmitt. - Marie-Amélie Tondu

« La France est le premier producteur de lin au monde et 80 % de la production est exportée, avant de revenir pour être transformée. C’était aberrant », réagit aujourd’hui, sa fille, qui a donc stoppé sa carrière chez LVMH pour lancer un vestiaire complet. Avec près de 100.000 euros engrangés sur les 8.000 escomptés, Sème a cartonné lors de sa campagne de financement sur Ulule.

« Le prix juste n’est pas forcément le prix bas »

De quoi encore un peu plus conforter Agathe Schmitt. « Dans mon métier avant, je devais trouver de nouvelles marques et on me demandait souvent du moyen haut de gamme avec une vraie traçabilité. Nous, on est la première marque à proposer un jean 100 % français et un vestiaire complet où on s’engage à tout faire ce qui est possible dans notre pays. Du tissage à la confection. Tout ça est possible car on s’appuie sur un groupe textile avec plusieurs usines. C’est un vrai parcours du combattant. »

Qui a un coût, forcément. Le fameux jean en lin s’achète 245 euros, la veste en velours 265 euros, la chemise en coton bio (pas français) 160 euros… Trop cher ? « Le prix juste n’est pas forcément le prix bas », répond l’entrepreneuse. « C’est le minimum qu’on peut proposer avec des marges réduites. Tous les coûts sont justement détaillés sur notre site Internet. » Le seul endroit où la marque est commandable, pour l’instant, et lors de quelques salons. Comme celui du « Made In France », en cette fin de semaine porte de Versailles.