TEXTILEDouble survivant, Royal Mer redécolle grâce au succès du made in France

Après avoir failli couler deux fois, Royal Mer redécolle grâce au succès du « made in France »

TEXTILELa marque de vêtements marins, qui s’était distinguée en produisant des milliers de masques pendant la crise sanitaire, séduit grâce au savoir-faire rare de ses couturières
L'atelier de la marque Royal Mer se trouve à La Regrippière (Loire-Atlantique), dans le vignoble nantais.
L'atelier de la marque Royal Mer se trouve à La Regrippière (Loire-Atlantique), dans le vignoble nantais. - Royal Mer / Royal Mer
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • Réputée pour ses pulls, Royal Mer est spécialisée dans les vêtements d’inspiration marine.
  • Sauvée de la faillite en 2016, elle a, depuis, doublé son chiffre d’affaires.
  • L’entreprise est présente au grand salon Made In France qui se tient à Paris jusqu’au 13 novembre.

Elle a acquis, depuis 1946, une belle réputation grâce à ses marinières et pulls tricotés en maille traditionnelle d’inspiration marine. Pour autant, la marque de prêt-à-porter Royal Mer, basée en Loire-Atlantique et en Ille-et-Vilaine, est aujourd’hui une survivante. Par deux fois, en moins de dix ans, elle a failli disparaître. Placée en liquidation judiciaire en 2015 en raison d’une forte concurrence internationale, elle n’a dû son salut, une première fois, qu’à un duo de repreneurs et un repositionnement stratégique.

« On a repensé la collection, on s’est recentré sur le tricotage, notre signature, en prenant le risque de mettre de côté tous nos articles en tissu [shorts, chemises…], explique Hervé Coulombel, président de Royal Mer. On mise désormais à fond sur la qualité et la durabilité de nos produits. » En parallèle, la marque a aussi essayé de rajeunir la cible clientèle, plutôt haut de gamme, en ajoutant des coloris, et en renforçant sa présence sur le Web. Et ça marche. Portée par l’engouement retrouvé pour le made in France, Royal Mer s’est redressée de manière spectaculaire, doublant son chiffre d’affaires en quelques années (5 millions d’euros en 2021), malgré une concurrence toujours vive sur le segment du vêtement breton de style marin (Saint-James, Armor-Lux…).

« Un savoir-faire unique recherché »

Distribuée dans plus de 200 points de vente français, la société produit désormais 60.000 pièces par an dans son atelier de La Regrippière, au cœur du vignoble nantais. Quelque 70 personnes y travaillent, dont une cinquantaine de couturières expérimentées. « Ce savoir-faire unique est recherché. Après l’essor des vêtements peu chers et jetables venus d’Asie, on observe un intérêt grandissant pour les produits de circuits courts, raisonnables, qui vont durer dans le temps. Cela reste fragile car on ne peut pas proposer des prix aussi bas que les manufactures asiatiques. Mais le vent tourne. Tant mieux pour nous », apprécie Hervé Coulombel.


Depuis sa reprise en 2016, Royal Mer a introduit de nombreuses couleurs dans ses collections.
Depuis sa reprise en 2016, Royal Mer a introduit de nombreuses couleurs dans ses collections. - Royal Mer

Cet essor du made in France, mis à l’honneur cette semaine lors du grand salon parisien éponyme au cours duquel Royal Mer est présente, a aussi permis à la marque de développer la sous-traitance pour d’autres enseignes renommées : Agnès B., Sézane, Hopaal, Fusalp… « Elles cherchent à produire en France et s’adressent naturellement à nous. Cela représente désormais 25 % de notre activité », indique Hervé Coulombel.

Les masques comme bouée de sauvetage

Cette renaissance a pourtant failli être de courte durée. En 2020, frappée de plein fouet par la crise Covid, Royal Mer se retrouve à nouveau en péril. « Tous nos revendeurs ont fermé boutique du jour au lendemain. Les deux tiers de notre collection printemps-été sont restés à quai », se souvient le chef d’entreprise. Lui vient alors l’idée de se lancer à fond dans la production de masques de protection. Plus de 600.000 masques, tricotés dans le style maison, sortiront de l’usine de La Regrippière. « Ça nous a sauvés, clairement, affirme-t-il. Le personnel était extrêmement mobilisé. On a le sentiment d’avoir participé à l’effort collectif. Ça a aussi été l’occasion de démontrer qu’on pouvait être réactifs et qu’on savait faire autre chose que des vêtements. »

Si l’activité de masques s’est interrompue, comme la plupart des fabricants français, en raison de l’arrivée tardive mais massive de masques chinois sur le marché, l’atelier Royal Mer a tout de même poursuivi dans la diversification. Début 2022, une première chaussure, une sneaker assemblée à la main avec des matériaux recyclés, a été lancée. Un second modèle de chaussure, hivernale et en laine cette fois, devrait suivre. En parallèle, pour assurer ses arrières, Royal Mer réfléchit aussi à se lancer dans les éléments tricotés de la décoration et du mobilier. « Ce sont des pistes qu’on explore sérieusement », confirme Hervé Coulombel, lequel recherche désormais des couturières formées pour soutenir cette croisance.

Ventes à l’atelier ce week-end

Royal Mer organise du 10 au 13 novembre (9h-12h30 et 14h-18h) ses ventes hivernales dans son atelier de La Regrippière, à 35 km à l’est de Nantes. L’entreprise ouvre également régulièrement ses portes aux visites commentées.