DEBATLa droite parisienne demande le retrait de la résine au pied des arbres

Paris : La droite, en guerre contre la résine au pied des arbres, veut le retour des grilles Davioud

DEBATLa résine et le stabilisé utilisés aux pieds des arbres en lieu et place des grilles Davioud sont jugés inesthétiques, et pire, ces matières pourraient, à terme, asphyxier les arbres
Photo d'un arbre avec une grille Davioud (à gauche) et un composite (à droite).
Photo d'un arbre avec une grille Davioud (à gauche) et un composite (à droite). - Tangi Le Dantec / Aux Arbres Citoyens
Aude Lorriaux

A.L.

L'essentiel

  • Le vœu du groupe Changer Paris au prochain Conseil de Paris demande « que la Ville de Paris renonce à employer dans sa gestion des pieds d’arbres, les revêtements en résine, ciment et béton et ceux avec des bordures métalliques, à la fois inesthétiques et néfastes pour les arbres ».
  • Ces matières pourraient asphyxier les arbres, selon Tangi Le Dantec, cofondateur de l’association Aux Arbres Citoyens.
  • « Je fais confiance aux agents du service public, de la Ville de Paris, plutôt qu’à des gens qui s’improvisent experts en tous genres sur les réseaux sociaux » rétorque l’adjoint à la végétalisation Christophe Najdovski.

C’est une ode à la grille Davioud, la fameuse grille qu’on retrouve partout à Paris aux pieds des arbres. Le groupe LR au Conseil de Paris s’apprête à déposer un vœu demandant à la ville de « réaffirmer la grille Davioud comme modèle privilégié dans sa gestion des pieds d’arbres », en lieu et place des résines et autres matières utilisées, et qui ont récemment fait beaucoup parler.

Le vœu demande « que la Ville de Paris renonce à employer dans sa gestion des pieds d’arbres, les revêtements en résine, ciment et béton et ceux avec des bordures métalliques, à la fois inesthétiques et néfastes pour les arbres ». Car les résines ne plaisent pas, notamment celles apparues sur l’avenue de Suffren et le boulevard Haussmann. « Remettez les grilles d’arbres ! » clame une pétition signée par près de 2.000 personnes.

Au bout d’un an ou deux, « l’eau ne passe plus »

Pire : ces matières pourraient asphyxier les arbres. Comme l’explique Tangi Le Dantec : « les arbres respirent y compris par les racines. Il faut un sol souple qui contiennent toujours une certaine quantité d’air. Quand on met de la résine ou du béton, au tout début c’est poreux, il y a 30 à 40 % de porosité. mais ces trous finissent par se colmater avec déchets sur voirie. Au bout d’un ou deux ans c’est devenu imperméable. » Et donc l’eau ne passe plus, selon le cofondateur de l’association Aux Arbres Citoyens.



Sollicité par 20 Minutes, l’adjoint à la végétalisation Christophe Najdovski réfute ces arguments. Selon lui, « 100 % des pieds d’arbres sont perméables à Paris. Les élus LR font une confusion entre résine et stabilisé », qui lui, comprend un mélange de 4 % de ciment, et peut être utilisé « de manière temporaire dans l’attente qu’on repose des grilles ». Car là est le problème : la préfecture demande parfois à la mairie de retirer les grilles, par exemple au moment des manifestations. Tant qu’il n’y a pas de passage dessus, pas de tassement donc, le stabilisé peut rester sans étouffer les arbres.

« Quel élu aurait envie d’endommager les arbres ? »

100 % d’arbres perméables, vraiment ? Il y a quelques jours, Tangi Le Dantec est allé faire un tour au pied des arbres cours de Vincennes, « trente minutes après la pluie pour bien laisser à l’eau le temps de s’infiltrer si nécessaire ». « Sur 42 pieds d’arbres où une grille Davioud avait été installée, seuls trois (soit 7 %) présentaient un défaut de perméabilité. […] Pour la résine ou le stabilisé en ciment : l’intégralité des huit pieds d’arbres concernés, soit 100 %, présentaient un grave problème de perméabilité. »

« Cela n’a pas de sens de poser un principe général en disant qu’"il ne faut plus de stabilisé", réplique Christophe Najdovski. Je fais confiance aux agents du service public, de la ville de Paris, plutôt qu’à des gens qui s’improvisent experts en tous genres sur les réseaux sociaux. Quel élu aurait envie d’endommager les arbres ? Personne ! Nous avons à Paris un service de l’arbre qui est compétent. »



Il n’empêche, dans Le Parisien, le premier adjoint Emmanuel Grégoire a semblé faire entendre un autre son de cloche. S’agissant des aménagements de l’avenue de Suffren et du boulevard Haussmann, l’élu a estimé que « les réfections ont été mal réalisées et seront rectifiées rapidement. Des livraisons de nouvelles grilles sont prévues début 2023 pour être apposées sur ces sites. »