AU CALMEUne forêt cinéraire va ouvrir en Alsace, pour reposer en pleine nature

Bas-Rhin : Une commune va ouvrir une forêt cinéraire pour reposer en pleine nature

AU CALMETrès développée en Allemagne, la « forêt cinéraire » arrive en France. En Alsace, Muttersholtz a réservé 100 arbres autour desquels des urnes pourront être enterrées
Pour l'instant, moins d'un hectare va être réservé pour cette forêt cinéraire sur le ban communal de Muttersholtz, dans le Bas-Rhin.
Pour l'instant, moins d'un hectare va être réservé pour cette forêt cinéraire sur le ban communal de Muttersholtz, dans le Bas-Rhin. - Mairie de Muttersholtz / Mairie de Muttersholtz
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

L'essentiel

  • Dans le Bas-Rhin, une commune va ouvrir une forêt cinéraire. En clair, un endroit en forêt où il sera possible de réserver une concession et déposer une urne, comme dans un cimetière.
  • Pour l’instant, cent arbres ont été sélectionnés, ce qui devrait permettre d’accueillir 1.200 urnes funéraires.
  • « En Allemagne, il y a déjà un peu partout ce genre d’endroits. Et je prends le pari que ce sera bientôt le cas en France », lance le maire écologiste de la commune, Patrick Barbier.

Les réservations ne sont pas encore ouvertes. Bientôt. « Je l’ai dit aux personnes qui m’ont déjà contacté, il faudra rappeler à la fin de l’hiver », prévient Patrick Barbier. Le maire de Muttersholtz, dans le Bas-Rhin, peut se préparer à quelques coups de fil. Sa commune va, au printemps prochain, ouvrir une forêt cinéraire. La deuxième en France après celle d’Arbas (Haute-Garonne), inaugurée en 2019, mais depuis à l’arrêt, car en discussions avec les services locaux de l’Etat.

« Nous avons passé le contrôle de légalité auprès de la préfecture », rassure de son côté l’édile alsacien, bien renseignés sur les éventuels points de blocage. « L’endroit sera clôturé, même de manière symbolique, et les urnes seront en pierre naturelle et non biodégradable. Comme ça, elles pourront être déplacées sur demande de la famille, ce qui est légal. »



Mais concrètement, à quoi ressemblera cette forêt cinéraire ? Le lieu sélectionné, « d’un peu moins d’un hectare (10.000 m²) », se trouve logiquement sur le ban communal de Muttersholtz. « Et il sera facilement accessible, pas très loin de la route », précise l’édile écologiste qui prévoit quelques aménagements. Comme la mise en place d’un sentier stabilisé afin que les personnes à mobilité réduite puissent aussi y accéder. Ou encore, dans la clairière, la mise en place d’un « lieu mégalithique » avec une table de cérémonie et des pierres pour s’asseoir.

Sur place, cent arbres ont été sélectionnés. Plus ou moins grand et peu importe leur type : « chênes, érables, mais aussi des noisetiers et même des arbustes. Mais pas de frênes car ils sont malades ». Autour de chacun d’entre eux, tous numérotés avec une pastille, douze concessions réparties en cercle seront réservables. Une toutes les mètres environ. Avec, au sol, la possibilité d’inscrire le nom du défunt et ses dates sur une plaque en laiton.

« Et rien d’autre. Il sera aussi interdit de déposer des fleurs », ajoute encore Patrick Barbier, dont l’équipe municipale a réalisé plusieurs visites dans un lieu similaire outre-Rhin. « Pour avoir suivi le garde forestier là-bas, il nous expliquait que c’était un combat de veiller au respect des règles. En Allemagne, il y a déjà un peu partout ce genre d’endroits. Et je prends le pari que ce sera bientôt le cas en France. »

« Il y a une vraie attente aujourd’hui »

Elia Conte Douette en est également convaincue. A l’initiative des forêts cinéraires dans l’hexagone, elle s’était déjà beaucoup investie dans celle d’Arbas où une vingtaine d’urnes reposent toujours. « Il y a un vrai besoin aujourd’hui. De la population d’une part car le cimetière ne répond pas aux attentes de certaines personnes. Des communes aussi car des cimetières sont déjà surchargés. Sans oublier qu’il y a une vraie tendance de retour à la nature. »

Autre argument défendu également par le maire écologiste de Muttersholtz, le fait de sanctuariser des arbres. « On va donner une vocation non productive à cette partie de la forêt qui deviendra quasiment une réserve naturelle. Attention, certains pourront être abattus si c’est nécessaire. C’est d’ailleurs écrit dans les conditions. » Comme le tarif, similaire à celui d’un emplacement plus traditionnel « car on ne voulait pas que le prix soit un critère de choix ».

Il faudra ainsi compter de 400 à 800 euros pour un habitant de la commune bas-rhinoise selon la taille de l’arbre, et de 800 à 1.200 euros pour les non-locaux. Avec la possibilité de réserver un arbre entier (à 10/12e du prix). « Nous avons déjà prévu d’agrandir petit à petit et d’aller jusqu’à deux hectares si c’est nécessaire », assure Patrick Barbier. Les réservations n’ont pas encore débuté.