PLAINTEQue risque Cyril Hanouna après la plainte du député Louis Boyard ?

Altercation Hanouna - Boyard : Que risque le présentateur de « TPMP » après la plainte du député Nupes ?

PLAINTEAu cours d’une conférence de presse, Louis Boyard, député de la Nupes et ancien chroniqueur de « Touche pas à mon poste » a annoncé son intention de porter plainte contre Cyril Hanouna… qui indique vouloir faire de même
Cyril Hanouna (Illustration)
Cyril Hanouna (Illustration) - Loic BARATOUX / Sipa
Caroline Politi

Caroline Politi

L'essentiel

  • Louis Boyard, insulté par Cyril Hanouna sur le plateau de TPMP, a fait part de son intention de porter plainte contre l’animateur pour « injure publique ».
  • Sa qualité d’élu - Louis Boyard est député - n’aggrave pas la peine encourue : 12.000 euros d’amende.
  • Cyril Hanouna a de son côté annoncé sa volonté de porter plainte pour diffamation.

Le second round de l’accrochage entre le présentateur de Touche pas à mon poste Cyril Hanouna et le député de la Nupes, Louis Boyard, se jouera-t-il dans les prétoires ? Lundi, lors d’une conférence de presse, l’élu a annoncé son intention de porter plainte pour « injure publique » contre l’animateur et le directeur de la publication de la chaîne. En cause : une violente altercation pendant l’émission au cours de laquelle Cyril Hanouna l’a notamment insulté de « tocard », « bouffon », « merde » après que ce dernier a dénoncé l’action de Vincent Bolloré – également propriétaire de la chaîne – en Afrique.

Si ce mardi, le parquet n’avait encore aucune trace de cette plainte, l’injure publique, qui dépend du droit de la presse, est passible de 12.000 euros d’amende, peine à laquelle peuvent s’ajouter des dommages et intérêts. « L’usage veut que généralement, lorsqu’il s’agit d’une première condamnation, la peine est prononcée avec du sursis », précise l’avocat pénaliste Me Eolas. Or, Cyril Hanouna a déjà fait l’objet d’une condamnation pour diffamation au mois de mai dernier pour des propos tenus dans cette même émission.

Une plainte en diffamation comme contre-attaque médiatique ?

En revanche, précise le conseil, la qualité d’élu du plaignant n’aggrave pas les qualifications. En septembre 2020 pourtant, le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti avait fait passer une circulaire auprès des procureurs leur demandant de privilégier la qualification d’ « outrage » à celle « d’injure » concernant les élus. Une différence de taille puisque le délit d’outrage est aggravé lorsqu’il est commis sur une personne chargée d’une mission de service public et passible d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende. « Dans ce cas-là, c’est absolument impossible, insiste Me Eolas. La principale différence entre les deux délits, c’est la publicité des propos, dès que ceux-ci sont susceptibles d’être entendus par d’autres, même dans la rue, on est dans le domaine de l’injure. » La question pour une émission diffusée à une heure de grande écoute ne se pose donc même pas.



La contre-attaque de Cyril Hanouna ne s’est pas fait attendre : lundi soir, au cours de deux heures d’émission consacré à cette « affaire », il a indiqué son intention de se tourner lui aussi vers les tribunaux, accusant le député, qui n’est autre qu’un ancien chroniqueur, de « diffamation ». « Sachez que nous aussi, on va prendre des mesures. Et on va attaquer pour ce qu’il a pu dire, diffamation, et toute la diffamation qu’il a eue à notre égard », a-t-il déclaré sans toutefois préciser quels propos étaient explicitement visés. Les déclarations de l’élu sur Vincent Bolloré ? Ses accusations de « faire monter le racisme », d’avoir fait de la « thune sur Zemmour » ou bien encore de « danser sur l’affaire Lola » ?


Notre dossier sur Cyril Hanouna

La différence est de taille puisque en matière de diffamation, seule la personne explicitement visée par les propos peut porter plainte. Ainsi, s’il s’agit des déclarations sur Vincent Bolloré, l’industriel est le seul à pouvoir initier la procédure. Reste que si Cyril Hanouna s’estime directement visé par certains propos tenus par Louis Boyard, il peut directement saisir le tribunal pour une citation directe. La procédure n’est cependant pas sans risque puisqu’une consignation financière est exigée par le tribunal et peut être gardée si la procédure est considérée comme abusive. D’où une règle bien connue dans le droit de la presse : annoncer publiquement son intention de porter plainte n’est pas automatiquement suivi de faits.