INTERVIEW« Il y a toujours une très forte demande de voyager », constate Volotea

« Il y a toujours une très forte demande de voyager », constate-t-on chez Volotea

INTERVIEW« 20 Minutes » a interrogé Céline Lacroix, responsable du développement international de la compagnie aérienne Volotea
Céline Lacroix, Responsable du Développement International de Volotea.
Céline Lacroix, Responsable du Développement International de Volotea. - Mickaël Bosredon / 20 Minutes
Mickaël Bosredon

Propos recueillis par Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • Malgré les débats sur la sobriété, on constate au sein de la compagnie aérienne low cost « une très forte demande de voyager » notamment à l’international.
  • Il n’empêche que la compagnie aérienne, très présente en France, anticipe des évolutions dans le modèle industriel.
  • Elle doit faire face aussi à la hausse du prix du carburant, qui impacte directement le prix des billets d’avion.

Compagnie espagnole dont le siège est basé à Barcelone, Volotea opère 50 % de son activité en France, proportion qui grimpera à 60 % l’an prochain. « Sur les 11,7 millions de sièges que nous proposerons en 2023, il y en aura 6,5 millions en France » a annoncé cette semaine Céline Lacroix, responsable du développement international de Volotea, en déplacement à Bordeaux pour y acter le lancement de deux nouvelles lignes, Héraklion (à partir du 29 avril) et Calvi (à partir du 6 mai).

Volotea opère en France 224 lignes, dont 62 lignes domestiques, « ce qui fait de nous la deuxième compagnie aérienne après Air France en termes de nombre de vols intérieurs » poursuit Céline Lacroix [dans un communiqué, la compagnie Easy Jet tient à préciser qu'elle est la deuxième compagnie domestique en part de marché avec plus de 20 %]. La compagnie emploie 1.750 employés dont 700 en France. 20 Minutes a interrogé la responsable du développement international, pour évoquer la situation du transport aérien et du low cost.

Le modèle low cost redémarre mieux que les compagnies classiques, comment l’expliquez-vous ?

Pour Volotea en tout cas, nous avons été très rapides et très agiles dès la reprise en juin 2020, puisque nous avons fait le pari de transformer notre réseau en un réseau quasiment totalement domestique, car il y avait beaucoup de restrictions et que les gens avaient encore peur de voyager à l’étranger. Cela nous a permis de récupérer dès 2020 80 % du trafic. Puis, nous avons progressivement évolué vers un retour à l’international, en fonction de la demande, et en discussion avec chaque aéroport.

Comment cela va-t-il évoluer ?

C’est compliqué, car nous élaborons nos plans année par année en fonction des aéroports et des opportunités. Mais nous resterons toujours sur un ratio d’environ 60 % à l’international, pour lequel il y a toujours une forte demande, et 40 % de domestique. Tout dépendra cependant du contexte, et on a bien vu pendant le Covid qu’il avait fallu s’adapter.

On parle quand même beaucoup de sobriété, de réduire ses déplacements, envisagez-vous une évolution du modèle touristique ?

Nous sommes tous conscients que nous ne pourrons plus voler demain de la même manière qu’aujourd’hui. Il faudra décarboner l’industrie, et nous travaillons déjà sur plusieurs projets, notamment un avion 100 % électrique qui pourrait transporter entre 9 et 19 personnes, dans l’idée d’éprouver cette technologie avant de l’élargir à des vols plus capacitaires. Nous incluons par ailleurs 34 % de SAF (carburant durable) dans notre navette Airbus entre Toulouse et Hambourg-Finkenwerder, et nous espérons pouvoir en inclure très rapidement dans nos vols commerciaux. Nous avons été reconnus comme la compagnie qui a le plus réduit ses émissions de CO2 depuis 2019, de l’ordre de 14 %, grâce notamment au renouvellement de notre flotte d’avions. Nous veillons aussi à remplir nos avions à plus de 90 %, ce qui nous permet de faire baisser nos émissions de CO2. Nous travaillons beaucoup sur la connectivité, avec l’idée de ne proposer que des lignes directes, c’est-à-dire sans passer par un hub. Mais en ce qui concerne le trafic, il y a toujours une très forte demande de voyager, que ce soit pour le loisir ou les déplacements personnels, par exemple pour aller voir sa famille. En revanche, il va peut-être falloir anticiper une diminution du trafic business à la faveur du télétravail et de la visioconférence.

Le prix du kérosène reste très élevé avec des conséquences sur le prix des billets, cela risque de continuer, comment allez-vous absorber cette hausse ?

Le carburant pour toute compagnie aérienne est une partie importante de nos coûts. Cette année, nous n’avons pas pu entièrement compenser cette hausse, et nous avons dû appliquer des augmentations du prix des billets. Mais en fait, cela dépend beaucoup des lignes et des périodes… C’est évidemment une situation inquiétante, mais nous restons optimistes car il y a toujours de la demande, et nous continuons à ouvrir de nouvelles lignes.



Les très bas prix proposés par les low cost sont-ils encore tenables ?

Je le pense. Nous commençons par exemple nos tarifs à 29 euros, imaginons que l’on doive rajouter quatre euros à ce prix en raison de la hausse des carburants, nous resterons encore très compétitifs.