procèsUne affaire de racket sur un marché devant le tribunal de Versailles lundi

Yvelines : Huit hommes jugés à partir de lundi pour du racket sur l’un des plus grands marchés d’Île-de-France

procèsHuit hommes sont soupçonnés d’avoir mis en place un système de pourboires en échange d’un bon emplacement sur un marché de Mantes-La-Jolie
Le marché de la fripe est installé rue des Petits-Murs, en plein centre-ville de Nantes
Le marché de la fripe est installé rue des Petits-Murs, en plein centre-ville de Nantes - J. Urbach/ 20 Minutes / 20 Minutes
20 Minutes avec AFP

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Depuis 2013, des « commerçants terrorisés » dénonçaient ce système « mafieux ». A partir de lundi, huit hommes – dont un élu et quatre placiers – seront jugés par le tribunal de Versailles dans une affaire de racket sur l’un des marchés les plus importants de la région parisienne, à Mantes-la-Jolie.

Ces prévenus, âgés de 32 à 44 ans, sont accusés d’avoir mis en place ou contribué à un racket de grande ampleur. D’après l’accusation, le système reposait sur l’exigence de pourboires systématiques en échange d’un emplacement sur le vaste marché du quartier populaire du Val-Fourré, à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Paris. Outre des pourboires « quotidiens » permettant de « doubler la redevance », le prix même d’une place a pu monter jusqu’à 12.000 euros.

« Omerta efficace »

Les placiers, qui ont contesté les faits devant la juge d’instruction, comparaîtront notamment pour extorsion, un délit passible de sept ans d’emprisonnement. Trois d’entre eux seront aussi jugés pour blanchiment, les enquêteurs ayant mis au jour des transferts d’argent à Dubaï, Madagascar et au Maroc. « Mon client n’a pas bénéficié d’une instruction équitable », a assuré Me Frédéric Landon, avocat de l’un des placiers. « La juge a refusé de le confronter aux commerçants entendus sous X qui le mettent en cause », a-t-il fait valoir.

Les nombreux témoignages de commerçants, faisant « allusion à une mafia, à la terreur qui règne » ont été majoritairement recueillis sous couvert de l’anonymat « par crainte de représailles », selon l’ordonnance de renvoi, qui évoque un système basé sur « une omerta (…) efficace ». Des camions de commerçants ont été incendiés au cours de l’enquête. Trois hommes seront jugés pour ces destructions.

« Des histoires de magouilles »

De son côté, Sidi El Haimer, alors premier adjoint à la mairie, est accusé d’avoir fait pression sur une commerçante ayant témoigné en lui envoyant des placiers pour l’amener à se rétracter. Celui qui fut ensuite maire par intérim quelques mois en 2022, sera jugé pour « subornation de témoin » et risque jusqu’à trois ans d’emprisonnement. Sidi El Haimer « place toute sa confiance en l’autorité judiciaire de jugement pour révéler, enfin, son innocence et laver son honneur », a assuré son avocat Alexandre Simonin.

Au cours de l’enquête, l’ancien maire de Mantes-la-Jolie et actuel président LR du Conseil départemental, Pierre Bédier, avait été entendu mais pas mis en cause. Des lettres anonymes pointaient sa potentielle implication, tandis que le président de la société Mandon – qui a repris la gestion du marché en avril 2018 et est partie civile dans ce dossier – a affirmé, notamment dans des interceptions téléphoniques, s’être vu imposer par Pierre Bédier l’embauche des placiers.

La mairie est aussi partie civile. « On espère que ce procès répare le préjudice d’image de la ville de Mantes-la-Jolie, qu’on ramène toujours à des histoires de magouilles », a déclaré l’actuel édile, Raphaël Cognet (LR).