ENQUêTEEva Kaili, la vice-présidente grecque du Parlement européen a été écrouée

Soupçonnée de corruption, la vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili a été écrouée

ENQUêTETrois autres personnes ont également été écrouées dans cette affaire de corruption présumée en lien avec le Qatar
Eva Kaili le 7 décembre.
Eva Kaili le 7 décembre. - AFP / EUROPEAN PARLIAMENT
20 Minutes avec AFP

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Elle avait été exclue de son parti vendredi, avait perdu son poste de vice-présidente du Parlement européen samedi. Dimanche, la Grecque Eva Kaili a été inculpée et écrouée par la justice belge dans une enquête sur des soupçons de corruption en lien avec le Qatar au sein de l’UE. C’est du moins ce qu’affirme une source judiciaire proche du dossier, s’exprimant sous couvert d’anonymat.

Le parquet, lui, n’a pas donné les noms des inculpés, se contentant de signaler que quatre personnes ont été écrouées après leur inculpation par un juge d’instruction bruxellois pour « appartenance à une organisation criminelle, blanchiment d’argent et corruption », a indiqué le parquet fédéral dans un communiqué. Deux autres personnes ont été libérées par le juge.

Sacs remplis de cash

Eva Kaili n’a pas pu bénéficier de son immunité parlementaire car l’infraction qui lui est reprochée a été constatée en flagrant délit vendredi. Le parquet fédéral a annoncé par ailleurs qu’une perquisition avait eu lieu samedi soir au domicile d’un second eurodéputé.

Dans cette affaire « est suspecté le versement d’importantes sommes d’argent ou l’offre de cadeaux significatifs à des tiers ayant une position politique et/ou stratégique permettant, au sein du Parlement européen, d’influencer les décisions » de cette institution, souligne le communiqué du parquet.

L’ex-présentatrice télé de 44 ans devenue une figure de la sociale-démocratie dans son pays était l’une des nombreuses vice-présidentes du Parlement européen. D’après le journal belge L’Echo, « plusieurs sacs remplis de billets » auraient été découverts à son domicile bruxellois, que la police a perquisitionné après avoir surpris le père de l’élue lui-même en possession d’une grosse quantité d’argent liquide dans « une valise ».

Des déclarations pro-Qatar

Eva Kaili s’était rendue début novembre au Qatar où elle avait salué en présence du ministre qatari du Travail les réformes de l’émirat dans ce secteur. « Le Qatar est un chef de file en matière de droits du travail », avait aussi affirmé la Grecque le 22 novembre à la tribune du Parlement européen. Ces propos, qui avaient alors suscité des remous dans les rangs de la gauche, sont revenus à l’esprit de nombreux eurodéputés à l’annonce de l’arrestation de Eva Kaili.

Des socialistes français ont dénoncé « un scandale gravissime », tandis que les écologistes Michèle Rivasi et David Cormand ont pointé du doigt « une complaisance coupable » de certains socio-démocrates (S & D) lors du débat sur le Qatar à la dernière session plénière. La prochaine session, qui démarre lundi à Strasbourg, s’annonce agitée. L’eurodéputée française Manon Aubry (gauche radicale) a exigé un nouveau débat sur le même sujet, en fustigeant samedi « le lobbying agressif du Qatar ».