ANIMAUXL’incroyable retour des vautours dans les Cévennes

L’incroyable retour des vautours dans les Cévennes

ANIMAUXAu milieu du XXe siècle, le ciel des Grands Causses était désespérément vide. Quelques passionnés ont alors fait un pari fou : organiser le retour des quatre espèces de vautours qui y planaient jadis. Une incroyable aventure !
Le Monde des Animaux
Le vautour fauve se reconnaît à son long cou recouvert d’un duvet blanc, parfaitement adapté pour fouiller à l’intérieur des carcasses et en extraire les tissus mous dont il se nourrit.
Le vautour fauve se reconnaît à son long cou recouvert d’un duvet blanc, parfaitement adapté pour fouiller à l’intérieur des carcasses et en extraire les tissus mous dont il se nourrit.  - Jesus Noguera photography / Shutterstock / Shutterstock
Cyril Hue pour Le Monde des Animaux

Cyril Hue pour Le Monde des Animaux

Intimement liés à la notion de mort, les vautours ont été au gré des époques et des cultures soit vénérés, soit détestés. C’est surtout en Europe occidentale que leur image s’est progressivement dégradée. Victimes d’une profonde détestation et de croyances populaires infondées, ils ont fait l’objet d’une campagne d’extermination méthodique qui s’est achevée lorsque les derniers ont disparu du ciel français dans les années 1950. Seule une minuscule population est parvenue à subsister dans les Pyrénées.

Le vautour fauve revient dans les Causses

Dans les années 1970, quelques naturalistes passionnés par ces grands rapaces commencent à envisager le retour du vautour fauve dans les Grands Causses, dans le sud de la France, notamment dans les gorges de la Jonte.

En partenariat avec le parc national des Cévennes, créé en 1970, le Fonds d’intervention pour les rapaces (qui fusionnera plus tard avec la LPO) entreprend alors de réintroduire l’espèce dès 1981.

Des oiseaux provenant notamment d’élevages et de parcs zoologiques sont progressivement acclimatés puis relâchés : une première mondiale ! En tout, une soixantaine de vautours sont ainsi relâchés pendant une dizaine d’années. À force de patience, de persévérance et d’un considérable travail de suivi, le programme est couronné de succès et on compte aujourd’hui près de 800 couples reproducteurs dans les Cévennes.


L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Boucler la boucle

Forts de cette réussite, les naturalistes passionnés ne vont pas s’arrêter en si bon chemin. Leur objectif est alors de réintroduire les quatre espèces de vautours européens afin que chacune puisse jouer son rôle dans le processus d’élimination des carcasses d’animaux morts.

En 1992, le vautour moine fait l’objet de premières réintroductions. Une cinquantaine d’oiseaux vont ainsi repeupler le ciel cévenol. Là encore, succès ! Les premiers couples nicheurs se forment.

Bénéficiaire indirect des mesures de conservation mises en place pour favoriser l’implantation des colonies de vautours, le percnoptère d’Égypte fait son retour spontanément en 1986.

Enfin, en 2012, des opérations délicates de réintroduction du gypaète barbu sont menées dans les Grands Causses afin de tenter de connecter les populations des Alpes avec celles des Pyrénées. À suivre !


Avec une envergure pouvant atteindre 2,95 m pour un poids de 10 kg, le vautour moine est l’un des plus grands de nos rapaces.
Avec une envergure pouvant atteindre 2,95 m pour un poids de 10 kg, le vautour moine est l’un des plus grands de nos rapaces.  - Jesus Giraldo Gutierrez / Shutterstock

Un exemple de coopération

Si ces multiples programmes visant à restaurer les populations de vautours dans les Cévennes sont couronnés de succès, c’est grâce une coopération exemplaire entre tous les acteurs de terrain. Le travail des naturalistes et des scientifiques a pu aboutir grâce aux efforts concertés de l’administration, des instances de l’élevage, des services vétérinaires et des populations locales. Car ce sont bien les éleveurs, notamment de brebis, qui ont dès le départ accepté de fournir les carcasses nécessaires à l’établissement des colonies de vautours.

Aujourd’hui, une centaine de placettes d’équarrissage sont recensées dans les Causses, l’État français ayant même reconnu les vautours comme moyen d’équarrissage naturel.


Retrouvez le magazine "Le Monde des Animaux" en kiosque et sur monmag.fr (versions papier et numérique, et abonnements).


Le Monde des Animaux & de la nature est un magazine trimestriel.
Le Monde des Animaux & de la nature est un magazine trimestriel. - Le Monde des Animaux n°42

Le Monde des Animaux & de la Nature est un magazine dédié à la faune et à la flore sauvages du monde entier. À travers des histoires captivantes et de sublimes photographies, le magazine offre un véritable safari visuel au cœur de la nature.

Cet article est réalisé par Le Monde des Animaux et hébergé par 20 Minutes.