PolitiqueFace à Hidalgo, Renaissance veut damer le pion à LR

Mairie de Paris : Face à Anne Hidalgo, Renaissance veut damer le pion à LR

PolitiqueLe parti gouvernemental a profité de la hausse de la taxe foncière pour lancer une grande offensive contre Anne Hidalgo en vue de préparer les municipales de 2026
Le siège d'Anne Hidalgo suscite bien des convoitises au sein des oppositions.
Le siège d'Anne Hidalgo suscite bien des convoitises au sein des oppositions. - Shutterstock/SIPA / Sipa
Guillaume Novello

Guillaume Novello

L'essentiel

  • L’annonce de la forte hausse de la taxe foncière par la Mairie de Paris lundi 7 novembre a été l’élément déclencheur d’une vaste offensive des macronistes contre la municipalité parisienne.
  • Une flopée de ministres ont participé à la charge, avec sans doute, des arrière-pensées pour les municipales de 2026. Renaissance qui compte, peu d’élus au Conseil de Paris, est d’ailleurs en voie de structuration pour peser davantage au niveau local.
  • Cette offensive reprend sans barguigner les thèmes portés par l’opposition LR au risque d’empiéter sur leur électorat, une chose que l’actuelle majorité municipale ne voit pas d’un mauvais œil.

Elles attendaient le signal pour monter à l’assaut de l’Hôtel de ville de Paris. L’annonce de la hausse de la taxe foncière le lundi 7 novembre a été le coup de sifflet qui a déclenché l’offensive des troupes macronistes. Et cela a été massif, avec intervention de plusieurs ministres. C’est Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat chargée de l’Économie sociale et solidaire qui dénonce dans Le Figaro un « budget de Paris [qui] n’est pas sérieux ». C’est Clément Beaune, le ministre des Transports, sur CNews, pour qui la « page Anne Hidalgo est déjà tournée pour les Parisiens ». C’est Olivia Grégoire, la ministre déléguée aux PME, sur CNews encore, qui souhaite « changer la façon dont la propreté est gérée » à Paris. Enfin c’est Gabriel Attal, sur France Inter, qui compare la gestion financière de la Mairie de Paris à un schéma de Ponzi.

Mais ce sont aussi les députés macronistes de Paris qui préparent une proposition de loi pour réformer le mode de scrutin afin de le rendre « plus démocratique et plus direct » selon les mots de Benjamin Haddad, un des parlementaires derrière le texte. Ce dernier prévoit ainsi l’élection directe du maire via une « liste sur l’ensemble de la Ville de Paris ».

Horizon 2026

Cette offensive générale, plus ou moins coordonnée – on pense au désaccord Beaune/Attal sur la proposition de mettre Paris sous tutelle –, a évidemment pour but de préparer les municipales de 2026, chacun tentant de se placer pour être le meilleur candidat Renaissance. « Avant même de penser à 2026, on a envie de réfléchir et d’être dans l’action, nuance Benjamin Haddad. Et même si on n’est pas très représentés au Conseil de Paris, on a envie de porter des messages aux Parisiens et les ministres peuvent porter des projets politiques pour Paris comme celui de Stanislas Guérini pour favoriser l’accès des fonctionnaires au logement social. »



Mais cet activisme anti-Hidalgo marche sur les plates-bandes du principal groupe d’opposition, Changer Paris, menée par Rachida Dati (LR). Les ministres Renaissance reprennent en effet allègrement la plupart des critiques émises par les élus de droite. C’est le cas des loyers capitalisés des bailleurs sociaux visés par Gabriel Attal et déjà dénoncés par Changer Paris. D’ailleurs, au QG du groupe, certains ont trouvé que son intervention au Sénat résumait brillamment leurs griefs envers la Mairie de Paris.

« Ce n’est pas un problème que les macronistes viennent dans l’opposition à Anne Hidalgo, affirme, en confiance, Nelly Garnier, conseillère LR de Paris. Et si le gouvernement peut faire quelque chose pour enrayer le déclin de Paris, c’est très bien. » Pour elle, le danger que Renaissance supplante LR comme principale force d’opposition n’existe pas : « L’incarnation de l’opposition, c’est nous. » Elle pointe les insuffisances de la majorité gouvernementale, notamment sur la demande de tutelle qu’elle juge à « contre-tempo », puisqu’avec les recettes issues de la taxe foncière le risque d’un budget pas à l’équilibre s’éloigne, tout en relevant « la contradiction entre Beaune et Attal ». « La maîtrise des dossiers techniques est chez nous, poursuit-elle. Renaissance n’a pas d’implantation locale et n’a pas de personnalité forte élue au Conseil de Paris. »


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C’est oublier Pierre-Yves Bournazel, le coprésident tendance Edouard Philippe du groupe Indépendants et progressistes (Renaissance), qui ne voit pas d’un œil très favorable tout ce tohu-bohu venant de son propre camp. Se réclamant d’une « opposition exigeante avec la majorité mais aussi avec nous-même pour construire une alternative solide », il n’apprécie guère les invectives et les coups médiatiques alors que lui préfère le temps long d’une stratégie de crédibilisation qu’il entend mener à bien avec des propositions fortes comme « la suppression des voitures avec chauffeurs » ou « le non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois au niveau de la technostructure ».

Il lui faudra cohabiter avec le groupe Renaissance qui est en train de « se structurer à Paris », précise Benjamin Haddad qui indique que c’est le député parisien Sylvain Maillard qui devrait en prendre la direction. « Cette structure nous donnera les moyens de travailler sur le terrain où nous sommes déjà très présents, détaille le parlementaire. D’ailleurs certains ministres viennent tracter sur les marchés. »

« Ces outrances ont un but interne »

Face à l’offensive Renaissance, la majorité municipale est montée au créneau, annonçant même qu’une plainte sera déposée à l’encontre de Gabriel Attal après sa sortie sur le schéma de Ponzi. Sans craindre l’exagération, Emmanuel Grégoire est même allé jusqu’à tweeter que « les ministres ont table ouverte sans qu’il nous soit donné la possibilité de répondre ». Ça, c’est pour le côté pile.


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Côté face, on a bien compris la manœuvre. « Ces outrances ont un but interne et sont la marque de rivalités entre les candidatures mais tout cela est tellement prématuré, soupire Rémi Féraud, président du groupe socialiste. Ils ont la foi des convertis et en rajoutent beaucoup. Les macronistes du Conseil de Paris sont plus modérés et subtils. »

Pour lui ces attaques ont le bénéfice de « souder la majorité » et surtout de « concurrencer LR sur le même électorat ». « Le vrai danger est pour LR », analyse-t-il. « Pas une élection sans la tête de Macron n’a été gagnée, répond Nelly Garnier. Aux dernières régionales, l’électorat Macron a voté pour Valérie Pécresse, les logiques ne sont pas les mêmes. Et en 2020, les candidats macronistes se sont violemment cassé les dents. » Il reste quatre ans à Renaissance pour ne pas rééditer ce fiasco.