BDPourquoi la programmation de Bastien Vivès à Angoulême fait polémique ?

Sur les réseaux sociaux, la programmation de Bastien Vivès au Festival de la BD d’Angoulême choque

BDLe dessinateur de BD Bastien Vivès est accusé de banaliser voire de faire l’apologie de l’inceste et de la pédocriminalité, dans ses livres et en interview
Détail de la couverture de Petit Paul, de Bastien Vivès
Détail de la couverture de Petit Paul, de Bastien Vivès - © Bastien Vivès & éditions Glénat 2018 / éditions Glénat 2018
Pauline Ferrari

Pauline Ferrari

L'essentiel

  • L’exposition « Dans les yeux de Bastien Vivès », programmée au Festival International de la BD d’Angoulême, fait largement polémique sur les réseaux sociaux.
  • Le dessinateur est accusé de banaliser voire de glorifier la pédocriminalité et l’inceste, dans ses planches et dans ses propos.
  • De nombreuses voix du milieu de la BD commencent à se faire entendre pour dénoncer la « carte blanche » donnée à l’artiste dans cette future exposition.

C’est une pétition à plus de 51.000 signatures qui agite le petit monde de la bande dessinée depuis plusieurs semaines : des militantes féministes, dessinatrices, illustratrices, ainsi que des associations de lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants demandent la déprogrammation de l’exposition « Dans les yeux de Bastien Vivès » dans le cadre du Festival International de la BD d’Angoulême, qui aura lieu du 26 janvier au 30 janvier 2023. Ce n’est pas la première fois que Bastien Vivès est sous le feu des critiques. Depuis plusieurs années, dans ses différentes BD ou dans ses interviews, le dessinateur multiplie les références plus ou moins explicites à l’inceste et à la pédocriminalité.

Bastien Vivès s’est fait connaître en 2009 par sa BD Le goût du chlore (Editions Casterman), pour laquelle il gagnera un prix au festival d’Angoulême. Sa BD Polina recevra également de nombreuses récompenses. A côté de ces albums grand public, Bastien Vivès publie également de BD pornographiques chez des éditeurs tous publics, comme Glénat. En 2011, dans Les melons de la colère, son jeune personnage principal, à la poitrine énorme qui l’handicape, subit de multiples viols, et viole son petit frère à son tour. En 2018, il signe La décharge mentale, qui tourne autour d’une famille où les trois filles de 10, 15 et 18 ans auront des relations sexuelles incestueuses. En 2018, Petit Paul, édité chez Glénat, se centre sur le personnage d’un enfant de 10 ans au sexe disproportionné, qui sera violé tout le long de la bande dessinée par différents personnages. La publication de ce dernier livre fera un tollé, au point que Cultura et Gibert Joseph le retireront de leurs rayons.

Qu’est-ce qui est reproché à Bastien Vivès ?

La carte blanche proposée par le festival à Bastien Vivès passe mal sur les réseaux sociaux. Sur Twitter notamment, de nombreux internautes dénoncent les œuvres « puant l’inceste et la pédopornographie » ou encore les propos du dessinateur en interview. Un faisceau d’indices qui viserait à montrer la fascination du dessinateur pour les situations pédocriminelles et incestueuses, et dénoterait d’une misogynie latente dans ses œuvres.


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La dessinatrice Emma a elle aussi dénoncé le dessinateur, qui l’aurait menacée dans un post Facebook, et aurait eu des propos extrêmement violents à son encontre, comme elle l’explique dans un long post. Elle dénonce également, capture d’écran à l’appui, des propos évoquant son attirance pour des « gamines de 10 ou 12 » sur un forum. « Si je vous raconte tout ça, c’est parce qu’en dehors de la sphère féministe, tout le monde se tait », écrit-elle, en appelant d’autres dessinateurs et dessinatrices à se positionner quant à Bastien Vivès et ses productions.


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Séparer l’homme de l’artiste ?

Dans un milieu qui peine à faire de la place aux femmes, autrices comme dessinatrices, la carte blanche donnée à Bastien Vivès a un goût amer. « Dans le contexte de #MeToo, alors que le monde de la BD a déjà du mal à faire sa propre remise en question, quel message cette expo donne-t-elle de notre milieu ? » s’est questionné sur Instagram le dessinateur Jérôme Dubois. Si certains dénoncent une possible censure de Vivès et de son exposition, d’autres appellent à un boycott clair et net de son travail, les faits qui lui sont reprochés n’étant pas nouveaux.


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Encore cet été, le dessinateur avait été épinglé après une planche publiée sur Instagram (depuis supprimée), se centrant sur deux personnages lesbiens stéréotypés et sexualisés. À la suite de plusieurs semaines de polémique, Bastien Vivès a réagi, interrogé par Libération : « Je les représente [les fantasmes, N.D.L.R.] de manière burlesque mais j’ai zéro fantasmes incestueux ou pédophiles », avant d’ajouter : « Moi mon fantasme, c’est l’hypertrophie des corps, masculins comme féminins ». Du côté du Festival d’Angoulême, l’exclusion ou la déprogrammation ne semble pas de mise. Fausto Fasulo, codirecteur artistique du festival, a indiqué à Libération : « Ce serait une défaite philosophique énorme ».