REPORTAGEA la Maison du Maroc, les étudiants ont poussé avant de déchanter

Coupe du monde 2022 : « On en voulait plus », souffle une étudiante marocaine après France-Maroc

REPORTAGELes supporteurs marocains ont espéré et poussé leur équipe, à la maison du Maroc de la cité internationale de Paris. Mais le but de Kolo Muani a anéanti tous les espoirs
A la maison du Maroc dans le 14e arrondissement de Paris.
A la maison du Maroc dans le 14e arrondissement de Paris. - Laure Gamaury / 20 Minutes / 20 Minutes
Laure Gamaury

L.Gam.

A la Maison du Maroc de la cité internationale de Paris,


Les visages sont déjà graves après un quart d’heure de jeu sur le visage des supporteurs marocains quand enfin, après des misères diverses dans le RER et le métro (coucou la RATP !), 20 Minutes arrive à la maison du Maroc, au cœur de la cité internationale de Paris. Il faut dire que Théo Hernandez a déjà climatisé l’assistance dès la 5e minute.



Le buffet au fond de la pièce, qui fleure bon les senteurs marocaines, est laissé à l’abandon et tous les regards convergent vers l’écran. Au carton jaune de Sofiane Boufal dans la surface française, la clameur monte progressivement. « Franchement, c’est sévère, réagit Naouel, maillot marocain sur le dos et installée confortablement dans le hall d’exposition transformé pour l’occasion en fan-zone. Mais ça va le faire. » Quand Mbappé puis Giroud mangent la feuille, cris et applaudissements retentissent.

« Gagner aux tirs au but »

Mais est-ce un délestage ? Un boycott ? L’image et le son se coupent subitement, provoquant la colère des étudiants présents. Certains demandent qu’on passe sur TF1, BeIN en arabe ayant quelques soucis de connexion ce soir. Mais après quelques manips, le match est de nouveau retransmis. C’est finalement la version française de la chaîne qatarie qui permet à la centaine d’étudiants d’encourager les Lions de l’Atlas. Il y a toujours 1-0 à la 38', Mehdi et ses amis s’impatientent.


A la maison du Maroc, lors du France-Maroc, mercredi soir.
A la maison du Maroc, lors du France-Maroc, mercredi soir. - Laure Gamaury / 20 Minutes

Sur le retourné exceptionnel d’El-Yamiq, le public du soir s’est levé d’un seul homme. Mais non, Lloris a sauvé les siens. Rebelote trois minutes plus tard sur corner. Les Marocains poussent, les quelque 300 étudiants aussi. Mais alors que les joueurs marocains font le siège du but français, rien. A la mi-temps, il y a 1-0 pour les Bleus.


A la pause, les quelque 300 étudiants, supporteurs du Maroc, profitent du buffet pour ajuster leurs pronostics.
A la pause, les quelque 300 étudiants, supporteurs du Maroc, profitent du buffet pour ajuster leurs pronostics. - Laure Gamaury / 20 Minutes

C’est le moment de la collation. Les conversations s’animent en arabe, en français, en anglais. Beaucoup pronostiquent une victoire du Maroc sur le fil, 2-1. « Ils sont capables de marquer à la toute fin de la seconde période, assure Mehdi. Ou alors de gagner aux tirs au but. » Hajar acquiesce : « Enfin, je le sens vraiment moyen. »

« Si on va en prolongation déjà, ça nous laisse une chance »

Reprise, les Marocains poussent toujours plus, et dans la salle, la ferveur est aussi forte que dans un Al Bayt Stadium totalement acquis à la cause marocaine. Impossible d’échanger avec qui que ce soit : plus le chrono tourne, plus les visages se tendent, même si l’espoir est toujours là. « Si on va en prolongation déjà, ça nous laisse une chance », souffle Ali, presque en apnée. Mais Kolo Muani douche les derniers espoirs. C’est la consternation : certains quittent la salle, dépités. A 2-0, l'espoir est mort à la maison du Maroc.

« On a quand même fait un sacré parcours mais si près du but, aaaaaaah, c’est dur, peste Mehdi, qui se sert un soda. On verra le positif demain mais ce soir, on a juste envie d’aller se coucher. » A parcours exceptionnel, déception à la hauteur : plus personne ne veut commenter la soirée, même si les Lions de l’Atlas sont applaudis au coup de sifflet final. Pas de passage par la zone mixte pour nos supporteurs marocains du soir, et rideau. Les klaxons et les feux d’artifice s’éloignent. « On en voulait plus », souffle Hajar, dépitée.