FOOTBALLLe Maroc assure le spectacle, les Bleus encaissent la recette

France - Maroc : Le Maroc assure le spectacle, les Bleus encaissent la recette et foncent en finale

FOOTBALLL’équipe de France a souffert après l’ouverture du score précoce mais jouera dimanche pour un deuxième titre mondial consécutif
Théo Hernandez, Kylian Mbappé et les Bleus célèbrent leur qualification face au Maroc.
Théo Hernandez, Kylian Mbappé et les Bleus célèbrent leur qualification face au Maroc.  - Franck Fife / AFP
Aymeric Le Gall

Aymeric Le Gall

De notre envoyé spécial à Al-Khor,

Quatre ans (et quelques mois) après le déluge estival de Moscou, les Bleus ont de nouveau rendez-vous avec l’histoire, après une victoire à la française, mercredi, face à de valeureux Lions de l’Atlas. Dominés, secoués, les hommes de Didier Deschamps ont su faire le dos rond quand il fallait et marquer deux buts dans les moments clés. C’est désormais une marque de fabrique : sans être flamboyants, les Bleus sont insolents de réalisme et d’expérience. Dimanche, ils seront opposés à l’Albiceleste de Leo Messi pour tenter de réaliser un doublé aussi historique qu’inimaginable il y a encore un mois.

Après le bruit vient la clim. Les quelques 55.000 Marocains présents dans l’enceinte d’Al-Bayt avaient promis de mettre un boucan d’enfer, mercredi, lors de cette demi-finale face aux Bleus, comme ils le font du reste depuis le début de la compétition. Et on peut dire qu’ils ont tenu leur promesse, les bougres, nos tympans (percés) en attestent. Chaque possession de balle française était accompagnée d’une nuée de sifflets perçants qui, à l’image des cigales l’été au camping dans le sud de la France, sont tolérables quelques minutes avant de finalement aspirer votre âme et votre concentration. Mais après un mois d’un Mondial à l’ambiance souvent morose dans les stades, on prend tous les jours. Heureusement pour nous, les Bleus ont vite climatisé ça en faisant ce qu’ils avaient annoncé la veille en conférence de presse par la voix de Raphaël Varane, à savoir ne pas se laisser endormir par un faux rythme et en marquant d’entrée de jeu.



Après une belle ouverture du capitaine vers Griezmann et un tir contré de Mbappé, Théo Hernandez surgissait côté gauche pour ouvrir le score de manière acrobatique (5e). Avant le match, nous avions prophétisé que si ce cas de figure se présentait, les Bleus allaient dérouler derrière et ne feraient qu’une bouchée des Lions de l’Atlas. Raté. Giroud par deux fois aurait pu mettre son équipe sur orbite mais il trouva d’abord le poteau avant de manquer le cadre de peu. Les Marocains auraient même pu revenir en première période sans un Hugo Lloris aussi impeccable sur sa ligne après un tir de Ounahi (10e) qu’en fin de mi-temps sur un retourné d’El-Yamik.

Le(s) Bleu(s) de chauffe. Si souffrir était une philosophie de jeu, alors les Bleus en seraient les prophètes. Comme face à l’Angleterre, cinq jours plus tôt, les hommes de Didier Deschamps se sont littéralement liquéfiés au retour des vestiaires, subissant les vagues successives d’une équipe marocaine loin d’être maladroite en attaque comme certains ont tenté de nous le faire croire les jours précédant le match. Il faut dire que l’absence d’Adrien Rabiot, malade et laissé au repos à l’hôtel, aura sacrément pesé sur les débats au milieu du terrain, le jeune Youssouf Fofana ne boxant pas dans la même catégorie que le Turinois. Sans l’intervention salutaire d’Ibrahima Konaté, aligné mercredi par Deschamps pour pallier un autre absent (Dayot Upamecano), après un festival et un centre dangereux de Boufal, les Bleus auraient pu plier comme ils l’avaient fait à l’heure de jeu face aux Three Lions. A l’arrivée, malgré de nombreuses alertes sur les buts de Lloris, le roseau français plia sans jamais rompre, grâce à un Griezmann incroyable dans le don de soi.

Le foot se joue à onze contre onze mais à la fin c’est la France qui gagne. Or, face à cette équipe de France insolente dans sa gestion des grands événements, si vous ne marquez pas quand vous en avez l’occase, derrière vous êtes morts. Nouvelle preuve mercredi soir, sur l’une des rares montées de balle tricolore dans le camp adverse. Trouvé dans la surface par Marcus Thuram, Mbappé réalise alors son seul réel exploit du match en dribblant deux joueurs dans un micro périmètre avant d’armer et de frapper. Contré par une forêt de jambes marocaines, le ballon s’offre alors à Randal Kolo Muani, entré en jeu une minute plus tôt à la place d’un Dembélé décevant, qui n’a plus qu’à le pousser au fond des filets pour plier définitivement l’affaire.

Comme l’Angleterre avant eux, les Lions de l’Atlas sortiront certainement de cette demi-finale avec la sensation d’avoir dominé et mis en difficulté les champions du monde en titre, d’avoir mérité mieux, aussi, mais au bout du compte le tarif est le même : Les adversaires assurent le spectacle, les Français encaissent la recette. Ce n’est pas flamboyant mais c’est tellement Didier Deschamps. Peu importe le jeu pourvu qu’on ait l’ivresse. Plus qu’une marche pour les Bleus désormais avant de (peut-être) sabrer le champagne. Dimanche, face à Leo Messi et ses dix guerriers, pour la revanche de la bataille de Kazan. On fait comment pour accélérer le temps ?