HEURTSL’ultradroite perturbe la fête, une quarantaine d’interpellations en France

Coupe du Monde 2022 : L’ultradroite perturbe la fête, une quarantaine d’interpellations en France

HEURTSA Paris, Lyon, Nice et Montpellier, plusieurs groupuscules d’extrême droite ont tenté d’en découdre mercredi soir avec les supporteurs marocains
Des supporters lyonnais célèbrent la victoire de la France avant que la fête ne dégénère.
Des supporters lyonnais célèbrent la victoire de la France avant que la fête ne dégénère. - Laurent Cipriani/AP/SIPA / SIPA
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • Après la défaite du Maroc face à la France en demi-finale de la Coupe du monde, plusieurs groupuscules d’extrême droite ont tenté d’en découdre mercredi soir avec les supporteurs marocains.
  • Après les heurts qui ont éclaté à Paris, Lyon, Nice et Montpellier, une quarantaine de militants ont été interpellés et placés en garde à vue.
  • La gauche réclame la dissolution de ces groupuscules auprès du ministre de l’Intérieur Gérard Darmanin.

L’ambiance bon enfant, observée à l’issue de la qualification de la France pour la finale de la Coupe du monde de football, est rapidement devenue électrique mercredi soir dans plusieurs villes de France, où des heurts ont éclaté. Certains du fait de militants d’extrême droite. A Lyon, « deux événements concomitants » sont venus assombrir la soirée, au cours de laquelle huit personnes ont été interpellées et sept policiers blessés.

Alors que des feux de poubelles ont été allumés rue de la République et que les policiers ont essuyé des jets de projectiles place Bellecour, des militants de l’ultradroite « se montrant menaçants » ont traversé la Saône pour rejoindre la presqu’île afin d’en découdre avec les supporteurs marocains. Une rixe a éclaté. « Cela a nécessité une intervention rapide des forces de l’ordre, qui se sont empressées de les repousser et de les suivre afin de les empêcher de revenir dans le centre », indique une source préfectorale. Deux individus appartenant à ce groupe - armés de bâtons - ont été arrêtés et placés en garde à vue, selon nos informations.

Bâtons et armes blanches

A Paris, un groupe proche de l’ultradroite a été stoppé avant de passer à l’action alors qu’il s’apprêtait à rejoindre les Champs-Elysées. Quarante personnes ont été interpellées pour « groupement en vue de commettre des violences » et port d’armes prohibées. Toutes ont été placées en garde à vue, confirme le parquet de Paris auprès de l’AFP, soulignant que certains d’entre elles étaient en possession d’armes blanches.

À Nice, la situation a également dégénéré. Des tirs de mortiers auraient été enclenchés par plusieurs dizaines de personnes liées à la même mouvance, alors que des hommes encagoulés se sont mis à poursuivre des supporteurs marocains en hurlant « Dehors les Arabes » ou « On est chez nous », rapporte Le Figaro. Ces mêmes slogans ont été entendus dans les rues de Montpellier, où un adolescent de 14 ans est par ailleurs décédé après avoir été percuté par un chauffard. Là encore, des Marocains ont été vivement invectivés par des membres de l’ultradroite, selon une source sécuritaire. Mais il n’a été fait état d’aucune interpellation pour l’instant.

« L’histoire se répète »

« Hélas, l’histoire se répète. Cet événement n’est pas isolé : il est la conséquence directe d’un retour en force de ces groupuscules fascistes, à Lyon comme partout en France », a déploré ce jeudi le groupe EELV, rappelant que « les groupuscules d’extrême droite sévissent depuis plusieurs années à Lyon » et que Grégory Doucet, le maire de ville avait déjà réclamé leur dissolution auprès du ministre de l’Intérieur Gérard Darmanin.

Lors d'un conseil municipal jeudi, l'ensemble des groupes politiques de Lyon a voté un voeu, proposé à l'initiative de la gauche, demandant « la fermeture définitive » de « la Traboule » et « l'Agogé », un bar et une salle de boxe fréquentés par l'ultra-droite locale.

« Cette situation n’est plus tenable », insiste encore le groupe EELV demandant l’ouverture d’une enquête. Ce qui a été fait entre Rhône et Saône. Le parquet de Lyon, qui « entend rappeler sa détermination à apporter une réponse ferme et rapide à de tels comportements violents », a ouvert plusieurs enquêtes confiées à la sûreté départementale du Rhône. « Elles devront permettre de déterminer leur exacte implication dans les faits de violences et de dégradations et en établir leurs motivations. Elles devront également permettre d’identifier les éventuels organisateurs et initiateurs de ces passages à l’acte », conclut-il auprès de 20 Minutes.