CollectionDeux taxidermistes condamnés à Bordeaux pour détention d’animaux protégés

Bordeaux : Tigres, ours polaires… deux taxidermistes condamnés pour détention illégale d’animaux protégés

CollectionUn taxidermiste reconnu et son ex-élève ont été condamnés jeudi à de la prison avec sursis après la découverte de quelque 1.600 animaux, parfois protégés, découverts, empaillés ou congelés, dans un bâtiment de Bordeaux
Des animaux naturalisés, ici dans une boutique familiale américaine. Illustration.
Des animaux naturalisés, ici dans une boutique familiale américaine. Illustration. - Anthonu Wahl - AP/Sipa / AP Sipa
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Cette affaire insolite a commencé quand un directeur de cirque a proposé un tigre, sur le point d’être piqué, à Stéphanie Barthes, une performeuse plasticienne connue pour poser dénudée au milieu de ses animaux empaillés. Alertés par cette « cession irrégulière », les inspecteurs de l’Office français de la biodiversité (OFB) perquisitionnent les locaux de la taxidermiste et découvrent une collection de quelque 1.600 animaux empaillés ou congelés, dont de nombreuses peaux de félins, d’ours polaire, des singes, des flamants roses et autres oiseaux exotiques. Considérés pour plus de la moitié d’entre eux comme protégés ou en voie d’extinction, ces spécimens appartenant en grande partie à André Rouillon, taxidermiste bien connu de la place bordelaise et mentor de Stéphanie Barthes, étaient entreposés dans son ancien magasin. Sans pour autant disposer des autorisations requises.



Le dossier a connu jeudi un premier épilogue judiciaire. André Rouillon et son ex-élève ont été condamnés par le tribunal de Bordeaux à six mois de prison avec sursis et 15.000 euros d’amende pour détention, usage et mise en vente illicites d’espèces protégées ou en voie d’extinction, selon leur avocat.

Le tribunal a également interdit à Stéphanie Barthes d’exercer le métier de taxidermiste en assortissant sa peine d’un sursis probatoire de deux ans. Enfin, André Rouillon, s’est vu confisquer sa collection d’animaux naturalisés.

Amateurisme, business ou « bêtise »

« On a des espèces du monde entier, à valeur patrimoniale extrêmement importante, qui servent à alimenter un business », avait fustigé lors du procès François Ruffié, avocat de la Sepanso, fédération d’associations de protection de la nature en Nouvelle-Aquitaine.

Stéphanie Barthes avait, elle, plaidé « la bêtise » de ne pas s’être suffisamment renseignée, expliquant que sa « passion » l’emportait sur les contraintes administratives. Ambitionnant d’ouvrir un musée avec sa collection, André Rouillon a assuré devant le tribunal que les animaux les plus sensibles dataient d’avant 1981, quand la détention d’espèces protégées était peu réglementée. Pour la défense, les prévenus n’ont fait que « naturaliser des animaux morts, surtout des oiseaux » : « ce ne sont pas des ordures qui vont acheter des singes en Afrique », avait lancé l’avocat Christian Blazy.

« On a un professionnel reconnu à l’international, on pourrait s’attendre que les choses soient faites dans les règles de l’art. Or, on est dans l’amateurisme », s’était étranglée la représentante du parquet. Les condamnés vont faire appel.