Fake offQue sait-on des vidéos de rixes publiées après le match France-Maroc ?

France-Maroc : Que sait-on des vidéos de rixes ou de tirs de mortiers d’artifice après le match ?

Fake offDes vidéos très virales ont montré des scènes d’affrontements à Montpellier ou Grenoble
Des supporteurs français fêtent la victoire contre l'Angleterre à Montpellier le 10 décembre 2022.
Des supporteurs français fêtent la victoire contre l'Angleterre à Montpellier le 10 décembre 2022. -  Sylvain THOMAS / AFP / AFP
Emilie Jehanno et Mathilde Cousin

Emilie Jehanno et Mathilde Cousin

L'essentiel

  • Des vidéos circulent, montrant des violences à Montpellier ou à Grenoble après la victoire de la France face au Maroc mercredi soir. Des comptes les relaient, accusant de supposés supporteurs marocains d’être à l’origine de ces violences.
  • 20 Minutes fait le point sur ces vidéos.

Sur Twitter, TikTok, Snapchat, des vidéos d’échanges de tirs de mortiers d’artifice ou de rixes circulent dans les réseaux d’extrême-droite francophones ou anglophones après le match qui a opposé le Maroc à la France mercredi soir, suscitant des commentaires inquiets sur un « chaos ». Ces vidéos mettent généralement en cause de supposés supporteurs marocains qui attaqueraient les supporteurs français. Qu’en est-il réellement ?

Des affrontements sur la place de la Comédie, à Montpellier

Captées sur la place de la Comédie à Montpellier, facilement reconnaissable, ces vidéos durent entre 30 secondes et une minute. Sur une première vidéo, des tirs de gaz lacrymogène et de mortiers d’artifice sont entendus, la place est enfumée. Une personne se saisit d’une chaise d’un bar ou d’un restaurant et la jette sur la place. Sur une autre, des personnes courent, certaines semblent fuir, d’autres sont cagoulées, une personne à terre reçoit une chaise sur le dos. Des slogans « On est chez nous », fréquemment entendus dans les meetings du Rassemblement national ou de Reconquête, sont entendus.



Captures d'écran de tweets après la match France-Maroc.
Captures d'écran de tweets après la match France-Maroc. - Capture d'écran/Twitter

Pour la police nationale, les événements qui se sont déroulés sur la place de la Comédie relèvent d’une situation classique de maintien de l’ordre, avec la dispersion d’un attroupement. Bruno Mengibar, secrétaire départemental Unité SGP Police FO du département de l’Hérault, explique que, vers 22h15, à la fin du match, des personnes ont grimpé sur la statue des Trois Grâces, place de la Comédie. Elles ont agité des drapeaux occitan et français. « Rapidement, des personnes qui se trouvaient en bas ont allumé des mortiers d’artifice en direction de ces personnes, voilà ce qui a mis le feu aux poudres », relate-t-il. Des tirs « tendus » de mortiers d’artifice ont été échangés, entre un camp de supporteurs de l’équipe de France et de supporteurs de l’équipe du Maroc. Des vidéos diffusées par le quotidien Midi Libre permettent de le constater.


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Des slogans racistes entendus

Camille, étudiante et militante de SOS Racisme, était présente sur la place de la Comédie. Elle nous raconte qu’avant la fin du match des jeunes avec des drapeaux français ont escaladé les Trois Grâces. « Dès que des personnes avec des drapeaux marocains arrivaient, ils leur gazaient les yeux, témoigne-t-elle. Ils leur criaient : « Retournez chez vous, on est chez nous, vous êtes pas Français. » » Des tirs de mortiers d'artifice ont commencé. Camille* indique avoir vu « des bagarres » (que nous avons pu constater sur une vidéo qu’elle nous a envoyée), des « débordements », puis « quelque chose d’énorme a explosé », un mouvement de foule s’en est suivi. Elle et ses amis ont fui la scène.

Des journalistes de la Gazette de Montpellier ont aussi raconté et filmé la soirée, qui confirme ce déroulé. Selon leur récit, une poignée de militants nationalistes a pris d’assaut les Trois Grâces en scandant « on est chez nous », refusant que des supporteurs marocains montent sur la statue. A Mediapart, elles expliquent qu’un « supporteur marocain s’est fait gazer à bout portant par l’un des hommes, qui avait une bombe lacrymogène ». Des tirs de mortiers d’artifice ont été échangés « à partir de ce moment-là ».

Le mobilier des restaurants a servi de projectiles

Les CRS sont intervenus ensuite, sans que l’on sache précisément combien de temps après : « Il s’agissait de se mettre en barrage fixe et de servir de paravent », résume Bruno Mengibar. Des gaz lacrymogènes ont été utilisés pour disperser la foule. « Il y a eu des débordements avec des restaurateurs qui ont été victimes, poursuit le syndicaliste. Leur mobilier a été saisi pour servir de projectile ou simplement d’exutoire », sans qu’il n’y ait eu de blessés signalés, ajoute-t-il.



Au Café du théâtre, un restaurateur, témoin de la scène, explique que la fête a « tourné à l’eau de boudin », « des jeunes se sont tirés dessus aux feux d’artifice, puis des CRS sont arrivés pour arrêter ça ». S’il n’y a pas eu de dommages dans l’établissement, « deux tables ont été cassées dans le restaurant voisin », indique-t-il.

Contacté, le parquet de Montpellier nous précise que les incidents qui ont eu lieu sur la place de la Comédie n'ont « en l’état fait l’objet d’aucune judiciarisation ».

Un homme frappé à Grenoble

Que s’est-il passé à quelques centaines de kilomètres de là, à Grenoble ? Une vidéo brève, de sept secondes, circule sur Twitter et Snapchat, montrant une personne à terre, frappée par des hommes. La vidéo, non datée, a bien été tournée dans le centre-ville de la préfecture iséroise. Des comptes affirment qu’il s’agit d’un supporteur français « se faisant lyncher ». On ne voit aucun maillot sur la vidéo, que ce soit sur la personne à terre ou sur ses agresseurs. Des jeunes ont signalé une rixe à la police après le match « au cœur de la foule de 2.000 personnes », indique le parquet de Grenoble à 20 Minutes. « Malgré leurs efforts, ils n’ont pas identifié les victimes », ajoute le parquet.

La police nationale explique à 20 Minutes qu’aucune interpellation ne leur a été signalée et invite la victime à déposer plainte si elle le souhaite. Les forces de l’ordre confient par ailleurs avoir signalé plusieurs vidéos sur la plateforme Pharos.


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Quatre gardes à vue ont été prises à Grenoble la suite d’incidents après le match, pour des incendies de poubelle ou d’une « barricade » et pour un jet de bouteille en direction des policiers. Aucune n’est en lien avec les faits visibles dans la vidéo.

Plus de 250 personnes ont été arrêtées en France après la victoire des Bleus, dont un groupe de 40 personnes proches de l’ultradroite. Cinq policiers ont également été blessés.

* Le prénom a été modifié.