securiteL’ultradroite sous étroite surveillance pour la finale de la Coupe du monde

Coupe du monde 2022 : Les groupuscules d’ultradroite sous étroite surveillance

securiteDes incidents causés par des membres de l’ultradroite avaient éclaté dans plusieurs villes à l’issue du match opposant la France au Maroc

Des CRS interviennent à Nice pour contenir des débordements à la suite de la victoire de la France en demi finales de la coupe du Monde de Football
Des CRS interviennent à Nice pour contenir des débordements à la suite de la victoire de la France en demi finales de la coupe du Monde de Football  - Frederic Dides  /  SIPA
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Paris, Lyon, Nice ou Montpellier… L’ultradroite s’est mobilisée dans plusieurs villes de l'Hexagone après la demi-finale du Mondial France-Maroc, causant des incidents sporadiques.
  • Pour le politologue Jean-Yves Camus, « à chaque fois que l’ultradroite peut sortir du bois à l’occasion d’une confrontation sportive avec un pays du Maghreb, elle tente sa chance ». Selon lui, il y a peu de chance que les membres de ces groupes se remobilisent ce week-end, à l’occasion de la finale du Mondial de football face à l'Argentine.
  • Le ministre de l’Intérieur a néanmoins réuni les patrons de la police, de la gendarmerie, de la préfecture de police de Paris et de la sécurité intérieure pour évoquer le sujet.

L’ultradroite tentera-t-elle de gâcher la fête ce week-end ? Après avoir causé des incidents dans plusieurs villes après la demi-finale du Mondial opposant la France au Maroc, les membres des groupuscules seront dans le viseur des autorités, comme l’a souligné ce vendredi matin le ministre de l’Intérieur. Il s’agira, selon Gérald Darmanin, « de les suivre et les interpeller en cas de réunion ou de réunification de ligue (…), car certaines ont été dissoutes, comme Génération Identitaire ». Si le nombre de ces militants n’est que de « quelques dizaines » dans toute la France, « ces personnes sont dangereuses et seront suivies par le ministère de l’Intérieur », a assuré le locataire de la place Beauvau qui a réuni, jeudi soir, les patrons de la police, de la gendarmerie, de la préfecture de police de Paris et de la sécurité intérieure pour évoquer le sujet.

Mercredi soir, à Paris, un groupe de 40 personnes proches de l’ultradroite, qui s’apprêtaient à rejoindre les Champs-Élysées, a été interpellé lors d’un contrôle dans le 17e arrondissement. Ce vendredi, 26 d’entre elles étaient toujours en garde à vue, essentiellement pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences » et certaines pour port d’arme, a indiqué le parquet de Paris. Sept procédures ont été classées sans suite, a-t-il ajouté. Parmi les gardés à vue, Marc de Cacqueray-Valmenier, le leader du groupuscule « les Zouaves », dissous début janvier. « Ils étaient venus faire le coup de poing », a expliqué Gérald Darmanin, soulignant que plusieurs étaient recherchés par les services de police.

« Un effet d’opportunité »

A Lyon, peu après la fin de la demi-finale, « un groupe de jeunes d’extrême droite s’est rapproché des supporters rassemblés sur la place Bellecour. Il y a eu une rixe et la police est rapidement intervenue pour repousser le groupe et le suivre », a indiqué à l’AFP une source préfectorale, qui a fait état de six interpellations, dont deux parmi les militants d’extrême droite. A Montpellier, des supporters marocains ont été invectivés par des membres de la mouvance ultradroite occitane entonnant « On est chez nous ». Même scène à Nice, où des hommes encagoulés ont crié « Dehors les Arabes » et « On est chez nous » en poursuivant des supporters marocains, rapporte Le Figaro.

Pour le politologue spécialiste de l’extrême droite et directeur de l’Observatoire des radicalités politiques Jean-Yves Camus, ces groupuscules ont profité « d’un effet d’opportunité ». « L’ultradroite fait une fixation sur l’immigration, les pays du Maghreb, l’Algérie, le Maroc aussi. A chaque fois qu’elle peut sortir du bois à l’occasion d’une confrontation sportive avec un pays du Maghreb, elle tente sa chance », explique-t-il à 20 Minutes. « D’un côté, il y avait des supporters marocains, dont certains avaient déjà commis quelques dégradations. Parmi eux figurent des Franco-Marocains qui ont clairement choisi de soutenir l'une de leurs deux patries plutôt que l’autre, ce qui est leur droit. De l’autre, l’ultradroite s’agitait déjà depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux, en expliquant qu’elle ne voulait pas laisser ces supporters insulter la France. »



« Pas de contentieux particulier » entre la France et l’Argentine

Peu de chance, selon lui, que les membres de l’ultradroite se mobilisent une nouvelle fois à l’occasion des deux rencontres sportives de ce week-end. « Je ne vois pas bien pourquoi l’ultradroite tenterait de tirer profit de la petite finale [samedi entre le Maroc et le Croatie], sinon pour aller - passez-moi l’expression - "taper" des supporters marocains, ce qui est une possibilité », poursuit le politologue.

D’autre part, il n’y a « pas de contentieux particulier » entre la France et l’Argentine. Et Jean-Yves Camus de conclure : « Qu’il y ait quelques dégradations, comme souvent à la fin des grands événements qui rassemblent beaucoup de monde sur les Champs-Élysées, surtout si la France gagne, c’est possible. Mais des heurts politiquement motivés, honnêtement, je ne pense pas. »