made in franceDes peluches françaises toujours en vie grâce aux couturières de Nounours

Noël : Produire des peluches en France, l’incroyable défi des anciennes couturières de Nounours

made in franceLa marque Doudou et Compagnie a repris l’atelier breton de Maïlou Tradition, qui faisait partie des derniers lieux de fabrication de peluches françaises
Rachetée par Doudou et Compagnie en 2019, la marque Maïlou Tradition reste l'une des rares à fabriquer des peluches en France.
Rachetée par Doudou et Compagnie en 2019, la marque Maïlou Tradition reste l'une des rares à fabriquer des peluches en France.  - C. Allain/20 Minutes / 20 Minutes
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • Passée tout près de la mort, la marque Maïlou Tradition a sur faire le dos rond pour produire des peluches made in France.
  • Créée par des anciennes couturières de Nounours, l’enseigne a été rachetée en 2019 par Doudou et Compagnie.
  • Installées dans une nouvelle usine en Bretagne, ses couturières fabriquent les derniers doudous français. Et participent à la conception des Phryges, les mascottes des JO 2024.

Trente ans à coudre, piquer et bourrer pour le compte de l’entreprise Nounours et puis plus rien. A la fermeture de l’usine de Châtillon-en-Vendelais (Ille-et-Vilaine) en 2008, bon nombre de salariées s’étaient retrouvées privées de leur savoir-faire, victimes d’un marché devenu mondial qui ne laissait plus de place à une peluche made in France. Trop chère. Une poignée d’entre elles avait rebondi dans l’atelier de Maïlou Tradition, petite boutique artisanale mal installée à Châteaubourg, qu’un entrepreneur avait repris… Avant de la lâcher dix-huit mois plus tard face aux difficultés de trésorerie. Plus de dix ans après, Maïlou Tradition est pourtant toujours debout grâce à des femmes d’exception. Passée d’un atelier bricolé à une usine toute neuve qui fabriquera la mascotte des JO 2024, la marque a tout connu. Elle fait aujourd’hui partie du club restreint des fabricants de peluches 100 % français.

L’émotion était palpable et la fierté se lisait dans les yeux des couturières de Doudou et Compagnie. Après avoir vu leur métier disparaître, ces femmes recevaient la visite de Tony Estanguet, qui préside le comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris, dans des locaux fraîchement rénovés à La Guerche-de-Bretagne. C’est dans cette ancienne jardinerie à l’abandon que sortent chaque jour plusieurs exemplaires de « Phryge », la mascotte des JO. « Ça prouve que l’on sait encore le faire en France », glisse Mélanie, l’une des couturières recrutées par Doudou et Compagnie.



La société parisienne ne pensait pas une seconde remporter cet appel d’offres quand elle a racheté Maïlou Tradition en 2019. « Elles avaient un savoir-faire unique en France qui allait disparaître si personne ne reprenait. Le marché était compliqué et le modèle économique trop tendu. La fabrication était artisanale et on a tout de suite compris qu’il faudrait l’industrialiser », se souvient Alain Joly, le PDG de Doudou et Compagnie. En France, environ 15 millions de peluches se vendent chaque année, soit environ 5 % du marché du jouet. Mais combien sont fabriquées dans l’Hexagone ? Pas beaucoup.

« Ouvrir la voie à d’autres entrepreneurs »

Depuis quelques semaines et l’arrivée des « Phryges », les douces peluches de la marque Maïlou ont un peu moins la cote dans l’atelier. Après 2024, elles resteront pourtant un élément important de la stratégie commerciale voulue par leur nouveau patron. « Il y aura un trou d’air après les JO mais on s’y prépare, on a déjà des idées originales. »


Rachetée par Doudou et Compagnie en 2019, la marque Maïlou Tradition reste l'une des rares à fabriquer des peluches en France. Ici dans l'atelier de La Guerche-de-Bretagne.
Rachetée par Doudou et Compagnie en 2019, la marque Maïlou Tradition reste l'une des rares à fabriquer des peluches en France. Ici dans l'atelier de La Guerche-de-Bretagne. - C. Allain/20 Minutes

L’objectif d’Alain Joly est simple : plus de 500 peluches des JO devront sortir chaque jour de l’usine de confection, sans pour autant abandonner les autres doudous qu’il faut continuer à livrer. « C’est un sacré défi mais on aime ça. Je suis revenue pour ça », explique Annick Brault. En 2008, c’est elle qui avait fondé Maïlou Tradition pour continuer à exercer son métier après avoir été virée de Nounours. « On a travaillé pour de grandes marques comme Hermès ou Dior. Mais c’était chaotique, on a fait de très gros sacrifices. Je passais toute ma journée en production et le soir, je faisais les commandes et l’administratif. J’étais fatiguée. » En 2020, Annick a pris sa retraite quand elle a eu l’assurance que son bébé était entre de bonnes mains. Elle est finalement revenue un an et demi plus tard pour former les nouvelles couturières en express et faire face à la demande des JO. « J’adore ce que je fais. Les peluches, c’est toute ma vie donc je suis revenue avec plaisir », assure-t-elle.

L’ancienne gérante a tout connu depuis son licenciement chez Nounours. Une expérience qui lui permet de mettre en garde ses nouveaux patrons face au risque de se voir trop beaux. « J’ai fait de la fabrication française et je sais combien c’est dur, combien c’est galère », assure la couturière. Son nouveau patron est pourtant optimiste malgré la féroce concurrence asiatique. « On va ouvrir la voie à d’autres entrepreneurs. On va montrer que l’on peut encore faire des peluches en France », promet Alain Joly. Un petit village gaulois résiste face à l’envahisseur.