footballPour ces travailleurs aussi, cette finale sera la journée de leur vie

Finale France-Argentine : Pour ces travailleurs aussi, dimanche sera (un peu) la journée de leur vie

footballTout comme les footballeurs français et argentins, de nombreux métiers vont vivre une journée pleine d’intensité dimanche, à l’occasion de la finale de la Coupe du monde
Des supporteurs français dans un bar à Nice lors de la demi-finale France Maroc.
Des supporteurs français dans un bar à Nice lors de la demi-finale France Maroc.  - Fred Dides / SIPA
Jean-Loup Delmas

Jean-Loup Delmas

L'essentiel

  • On ne va vous faire l’affront de vous le rappeler : ce dimanche, la France affronte l’Argentine en finale de Coupe du monde.
  • Une journée de rêve pour tout footballeur, l’Everest d’une carrière, d’une vie.
  • Mais même quand on ne tape pas dans le ballon rond, ce dimanche peut avoir des airs de sommet. 20 Minutes a interrogé une livreuse, les gérants d’un bar et un journaliste sportif sur leur dimanche à venir.

«Allons enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé. » Dimanche, l’équipe de France, menée par Didier Deschamps, tentera de décrocher une troisième étoile face à l’Argentine, dans LE match que rêve de vivre tout footballeur : une finale de Coupe du monde. Mais il n’y a pas que pour les 22 acteurs (et leurs remplaçants) que la journée sera historique. Car pour d’autres professions aussi, ce dimanche s’annonce très intense. 20 Minutes a interrogé une livreuse Deliveroo, les gérants d’un bar et un journaliste sportif avant le grand rendez-vous.

Inès, livreuse

La préparation d’avant-match : « La veille, je commence par checker la météo. Rouler sous la pluie ou par temps venteux, ce n’est quand même pas la même chose. J’essaie de marcher quelques kilomètres afin de préchauffer les jambettes, et de me coucher tôt, évidemment. Un mois de compet', ça commence à tirer. »

Le jour J : Comme nos Bleus, Inès prendra « un petit dej de championne ». Des flocons d’avoine + du pain complet + des amandes + des œufs, parfait combo protéines/lipides/glucides. C’est que les demandes affluent les jours de match et qu’Inès se prépare à avoir une heatmap digne d’Antoine Griezmann face au Maroc. Eh oui, « même à 16 heures, les gens commandent. Notamment pour éponger l’alcool ». L’horaire reste plutôt une bonne chose : « Il fera jour au début, et il y aura quand même moins de commandes que si c’était en soirée. Je ne suis pas certaine de plus rouler que pour la demie ou le quart », des matchs qui tombaient à 20 heures.

Problème du football, « d’habitude, certains acceptent de descendre chercher leur livraison en bas de l’immeuble. Pendant un match, c’est mort, il faut quasiment monter à chaque fois », de quoi encore plus tirer sur les gambettes.

Ce que ce match représente pour elle : « Du fric ». Le sport rendant généralement les supporteurs euphoriques et heureux, « on reçoit beaucoup de pourboire, surtout si la France gagne ». Dès qu’on est mené, comme contre l’Australie ou la Tunisie, « ça vire radin très vite. » Pas footeuse pour un sou, Inès espère donc quand même une victoire française, et pas à la 89e. Plutôt un 3-0 dès la mi-temps.

L’après-match : Une crainte en tant que femme, « lors de la victoire en 2018, il y avait eu beaucoup de débordements sexistes. J’espère ne pas tomber sur trop de relous ». En cas de défaite, « chacun rentrera chez soi tête baissée, et commandera de chez lui, donc ça devrait augmenter les livraisons encore - et réduire les pourboires ». Une victoire verrait les gens « se regrouper, voire sortir dans la rue, donc potentiellement moins de courses. »



Julien et Marina, gérants du pub le Saint Hilaire à Paris

La préparation d’avant-match : Rien à signaler la veille, le bar fermera à quatre heures du matin, comme chaque samedi. Reprise des hostilités quelques heures plus tard, en horaire décalé pour ce dimanche : 14-20 heures. « On préparera déjà un peu la mise en place la veille ». Placement des tables et des réservations en 4-4-2 ou en 4-5-1, on les laisse trancher.

Ouvrir deux heures avant le coup d’envoi, ça laisse le temps d’installer tout le monde – le bar affiche déjà complet –, de se faire pas mal de chiffres d’affaires sur les bières prématch, et d’installer une bonne ambiance : « Les gens viennent surtout pour ça ».

Le jour J : Débordés, évidemment. Comme toute équipe dans un grand match, le milieu de terrain a été renforcé : l’effectif du bar comptera ce dimanche un barman et un runner - un commis de salle - en plus de d’habitude, ainsi qu’un service de sécurité mis en place pour chaque gros match, de la France ou du Paris Saint-Germain. Mais même avec ces renforts bienvenus, il ne faut pas rêver : « Ça va être intense, et on va crouler sous les verres à servir. » Comme pour Inès, l’horaire est plutôt un soulagement : « On s’en tiendra à un service de cuisine minimum et simple, pas besoin de préparer des plats comme pour les matchs à 20 heures. »

Ce que le match représente pour eux : Version romantique, tout d’abord : « C’est pour ce genre d’événements qu’on fait ce métier et que nous sommes un pub sportif. Une finale n’est pas forcément la recette de l’année en matière de consommation, mais c’est assurément la meilleure ambiance et les souvenirs les plus marquants. Le bar a déjà vécu 1998 et 2018, on espère à nouveau connaître ça. »

Version plus pragmatique ensuite, « une Coupe du monde, c’est aussi l’occasion de fidéliser de nouveaux clients, qui viennent chez nous un peu par hasard puis qui décident de rester, pour l’ambiance, les souvenirs, et qui reviendront à chaque match des Bleus ou en soirée. »

L’après-match : Evidemment, faire la fête avec tout le monde en cas de victoire, rincer deux ou trois mètres de shot et de bières aux habitués. Et une fois tout cela fini, « juste un repas avec tous les membres du staff pour célébrer cette Coupe du monde, qui aura été un beau succès pour nous. Victoire ou défaite, c’est une journée à vivre. »

Aymeric, journaliste sportif à 20 Minutes (oui, on a pris la crème de la crème)

La préparation d’avant-match : Samedi, c’est déjà branle-bas de combat pour l’un de nos envoyés spéciaux au Qatar, chargé de suivre les Bleus, avec la conférence de presse d’avant-match de Didier Deschamps et d’Hugo Lloris. « On n’y apprend jamais grand-chose car ''Dédé'' ne dit strictement rien d’intéressant. Mais ça met dans le bain. » Après, un article est à préparer, « donc j’aurai clairement la tête dans le guidon et pas trop le temps de penser au match du lendemain. Ça évite de trop cogiter, ce n’est pas plus mal. »

Le jour J : « Je risque d’être comme un gosse le matin de Noël, excité comme une puce avec mon petit pyjama FFF ». Une grasse matinée histoire d’être en forme, un bon repas, peut-être même un plongeon dans la piscine de l’hôtel, avant de se diriger vers le stade trois heures avant le coup d’envoi. « Pendant le match, vu l’affiche et le contexte, la question c’est : "vais-je pouvoir me contenir quand les Bleus vont marquer ?" La réponse est évidemment non. Déjà, contre l’Angleterre, je me suis levé comme un furieux sur le but de Tchouaméni, mon siège a valdingué. »

Ce que le match représente pour lui : Attention, séquence émotion : « Couvrir une finale de Coupe du monde avec les Bleus quand on est fan de cette équipe, c’est juste de la folie furieuse. D’autres journalistes de 20 Minutes étaient en Russie en 2018, et je m’étais dit ''les enfoirés, moi je ne vivrai jamais ça''. Quatre ans après, nous y revoilà, m’y voilà. Pour moi, comme pour les joueurs, c’est un rêve de gosse. Je vais faire mon métier de la meilleure des manières, mais si on est champions du monde, je verserai quand même ma petite larme. Et puis, c’est toujours mieux d’écrire avec de l’émotion. »

L’après-match : « Les soirs post-match, on sort généralement pas mal d’articles. Là, en finale de Coupe du monde, ça risque d’être la folie. En gros, on est parti pour une nuit blanche. »