votre vie votre avisRires, émotion… Ils racontent leurs plus belles histoires de covoiturage

Noël : « Aujourd’hui, nous sommes mariés »… Ils racontent leurs plus belles histoires de covoiturage

votre vie votre avisCertains de nos lecteurs, adeptes des voyages accompagnés font part de leurs anecdotes les plus mémorables
Plus de la moitié des covoitureurs interrogés par BlaBlaCar* affirment avoir réussi à prendre du recul sur une situation (56 %) grâce à une discussion sur la route ou avoir reçu des bons conseils de vie (61 %).
Plus de la moitié des covoitureurs interrogés par BlaBlaCar* affirment avoir réussi à prendre du recul sur une situation (56 %) grâce à une discussion sur la route ou avoir reçu des bons conseils de vie (61 %).  - Canva / Canva
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

L'essentiel

  • Alors que de nombreux Français s’apprêtent à faire un trajet en covoiturage lors des vacances de Noël, notamment à cause des galères de trains, 20 Minutes a recueilli des témoignages de belles histoires sur les routes.
  • Car un trajet avec des inconnus peut s’avérer une très belle expérience humaine. Discussions passionnantes, four rire collectif, coup de foudre amical ou sentimental…
  • Si certains ont voulu que l’histoire perdure par-delà le trajet, d’autres préfèrent la magie de l’instant et ne pas forcer le destin.

«Faire une virée à deux, tous les deux sur les chemins, dans ton automobile, tous les deux on sera bien. » On connaît la chanson. Ceux qui s’apprêtent à faire un trajet en covoiturage pendant ces vacances de Noël vont peut-être vivre un vrai bon moment : une discussion marquante, un fou rire collectif, une complicité immédiate avec des personnes inconnues, voire un coup de foudre sur la banquette arrière d’une Polo.

Si certains voyageurs, à peine installés dans l’habitacle, se tapent un roupillon, la majorité des passagers n’ont qu’une envie : papoter avec des inconnus. D’ailleurs, selon une étude de Blablacar*, 96 % des covoitureurs déclarent avoir eu des échanges enrichissants lors de leurs précédents trajets. Principaux sujets abordés : les hobbies et loisirs, la vie personnelle, les voyages, la culture (musique, théâtre…) et l’actualité. Eric, qui a répondu à notre appel à témoins, fait partie de ceux qui n’ont pas vu les kilomètres défiler : « Mon plus beau covoiturage, c’était un trajet de Paris à Roubaix. C’était un petit groupe de théâtre itinérant, un peu en dehors des standards sociétaux. La camionnette dans laquelle j’ai pris place était un peu leur deuxième maison. Ils dénonçaient la société de consommation dans leurs pièces. J’aimais beaucoup leurs idéaux. J’ai beaucoup discuté avec eux et le voyage est passé très vite. »

« Nous avons chanté du Céline Dion pendant toute la durée du voyage »

Parfois même, les conversations prennent une tournure bien plus profonde. Plus de la moitié des covoitureurs interrogés par BlaBlaCar affirment ainsi avoir réussi à prendre du recul sur une situation (56 %) grâce à une discussion sur la route ou avoir reçu des bons conseils de vie (61 %). Et un sur cinq déclare avoir confié à ses covoitureurs des choses qu’il n’avait jamais dites à personne auparavant.

Des moments d’émotion qui naissent aussi de rencontres que l’on n’aurait pas faites dans sa vie quotidienne. Olivier a ainsi voyagé avec une dame âgée non voyante, entre Paris et Angoulême : « J’ai découvert son handicap au moment de la récupérer, ce qui m’a valu un petit moment d’angoisse. Mais le voyage avec cette femme, qui a eu une vie riche, a été passionnant. C’est très étonnant de discuter pendant quatre heures avec une personne non voyante dans un espace réduit. On n’est relié que par la parole. Et elle se libère du coup. »



Le covoiturage favorisant les rencontres improbables, le fait de voyager avec des personnes si différentes génère parfois des situations très cocasses. Céline rit toujours à l’évocation de ce qui reste son meilleur souvenir de covoiturage : « C’était un trajet Besançon-Paris avec un jeune militaire. Nous avons chanté les chansons de Céline Dion pendant tout le voyage. Je dois reconnaître qu’il connaissait mieux les paroles que moi. J’ai passé un moment à la fois surprenant et merveilleux ! ».

« J’avais les joues rouges et la tête dans le papier cadeau »

De son côté, Marion a vécu un réveillon du 24 décembre surréaliste sur la route, alors qu’elle se rendait à Bordeaux depuis Paris. « Je suis montée dans la voiture d’une famille avec trois enfants. A peine arrivés au péage de Saint-Arnoult, il s’est mis à neiger. Waze indiquait 4 heures de route en plus. L’aînée était malade, la petite me tannait pour que je lui lise La petite sirène et le cadet voulait ouvrir ses cadeaux. La galère totale ! Les parents avaient les nerfs à vif. Les enfants, fatigués, se sont mis à pleurer. Le père a confié le volant à sa femme et m’a dit : "J’avais préparé un cocktail pour l’apéro, on s’en jette un p’tit ? ". »

Pas de refus de la part de Marion, qui a picolé avec son acolyte. « L’atmosphère s’est détendue encore plus quand le père, un brin bourré, a balancé à ses trois gosses : " Allez, ouvrez-les vos cadeaux ! De toutes les façons, Noël est foutu ". A 20 heures, j’avais les joues rouges et la tête dans le papier cadeau, coincée entre la petite qui voulait construire son monde Playmobil et le grand qui a eu un jeu de société faisant un bruit monstrueux. Je suis arrivée chez mes parents à 22 heures. Le père était complètement cuit et moi aussi. L’une des deux petites s’est mise à pleurer et m’a offert un Playmobil. Le lendemain, j’ai compris que j’ai oublié mes cadeaux dans la voiture de la famille. » Une expérience dont elle se souvient en riant cinq ans plus tard.

« On partage une partie de notre histoire avec des inconnus »

Ces moments éphémères donnent parfois envie de se revoir. Certaines amitiés ou histoires d’amour sont d’ailleurs nées lors d’un covoiturage. Eric a ainsi revu la joyeuse troupe de théâtre qui l’avait véhiculé. « On a fait une soirée et je ne suis pas revenu chez moi tout seul. Le contact a perduré : cinq années après notre rencontre, on mangeait encore des frites ensemble à Lille. Le temps, les galères de chacun, le Covid et des déménagements ont fait que le contact s’est perdu. »

Sylvain, lui aussi, a voulu revoir la belle voyageuse qu’il avait transportée de Lyon à Nîmes : « Nous avons sympathisé immédiatement et je lui ai proposé de se retrouver au fast-food un midi. Aujourd’hui, nous sommes mariés avec un bébé en route. Une histoire d’amour digne des plus grands films romantiques ! » Mais certains préfèrent la magie de l’instant à l’espoir d’une relation plus durable, qui fait toujours courir le risque d’être déçu. « Je ne garde jamais contact avec mes " covoits ". Un trajet est un moment unique où l’on partage une partie de notre histoire avec des inconnus, sans masque ni retenue. Mais ça marche à condition de ne jamais se revoir », estime Olivier. Durables ou pas, ces belles histoires laissent des souvenirs souvent impérissables, et c’est ça qui compte.

* L’étude a été conduite par le cabinet de conseil en stratégie Le BIPE en septembre/octobre 2016 auprès de 4.733 membres BlaBlaCar, répartis dans 9 pays (Allemagne, Espagne, France, Grande-Bretagne, Hongrie, Italie, Pologne, Russie, Ukraine).