enqueteCe que l’on sait de l’agression d’une femme à Blois par son ex-compagnon

Blois : Ce que l’on sait de l’agression d’une femme qui avait tenté de déposer plainte contre son ex-compagnon

enqueteLe policier qui n’avait pas pris la plainte d’une femme, agressée quelques heures plus tard par son ex-compagnon, a été suspendu à titre conservatoire
Deux heures avant son agression, la victime s'était présentée à l'accueil du commissariat de police de Blois, pour déposer plainte et obtenir une protection (illustration)
Deux heures avant son agression, la victime s'était présentée à l'accueil du commissariat de police de Blois, pour déposer plainte et obtenir une protection (illustration) - C. Follain / 20 Minutes / 20 Minutes
Thibaut Chevillard

T.C.

L'essentiel

  • Le 13 décembre, la jeune femme de 24 ans a été retrouvée inconsciente dans le hall d’un immeuble par les policiers, prévenus par des témoins. Le suspect, qui est l’ancien compagnon de la victime, a été interpellé deux jours plus tard à Plaisir (Yvelines).
  • Deux heures avant son agression, Chloé s’était présentée à l’accueil du commissariat de police de Blois (Loir-et-Cher), où elle avait été invitée à se représenter le lendemain.
  • Le policier qui n’avait pas pris sa plainte a été suspendu mardi à titre conservatoire. Une enquête a été ouverte, confiée à l’IGPN (inspection générale de la police nationale).

L’état de santé de Chloé, 24 ans, est « stationnaire » et toujours « préoccupant », a indiqué ce mercredi à l’AFP le sénateur (LR) de la Vienne, Bruno Belin. L’élu est un ami de la famille de la jeune femme, originaire du village de Monts-sur-Guesnes, qui a été violemment agressée par son ex-compagnon le 13 décembre dernier, à Blois (Loir-et-Cher), quelques jours après leur séparation. Le suspect, âgé de 27 ans, a été interpellé à Plaisir, dans les Yvelines, deux jours après. Le drame aurait-il pu être évité ? Le jour des faits, la jeune femme s’était en effet présentée au commissariat de Blois pour déposer plainte. Mais elle avait été invitée à revenir le lendemain. 20 Minutes fait le point sur l’affaire.

Que s’est-il passé ?

Le 13 décembre, vers 19 heures, la victime a été retrouvée inconsciente dans le hall d’un immeuble par les policiers, prévenus par des témoins. Transportée à l’hôpital de Tours (Indre-et-Loire), elle a été placée dans le coma par les médecins qui l’ont soignée. Elle souffre de « lésions hémorragiques cérébrales majeures », avait indiqué la procureure de la République de Blois, Charlotte Beluet. Son pronostic neurologique a été qualifié de « sombre » dans un communiqué du parquet.

Qui est le suspect de l’agression ?

Son agresseur avait pris la fuite avant l’arrivée des forces de l’ordre. Un suspect a été arrêté deux jours après, en région parisienne, à Plaisir. Il s’agit de l’ex-compagnon de la victime. Leur relation avait débuté en août avant que la jeune femme ne décide d’y mettre fin début décembre. La procureure de la République de Blois a indiqué que, selon les premiers éléments de l’enquête, le suspect s’était montré violent avec son ex-compagne, qui venait de subir un avortement, et l’avait menacé et harcelé. Elle avait même été obligée de changer de téléphone. Selon les informations de France Bleu, il aurait voulu la convertir de force à l’Islam. Toujours selon la radio, la jeune femme s’était réfugiée dans sa famille, à Monts-sur-Guesnes, après leur rupture. Mais elle a dû retourner à Blois pour le travail.

Placé en garde à vue, l’homme, déjà « connu de la justice » pour des faits de violence, a reconnu avoir donné plusieurs coups de pied « d’écrasement » dans la tête de Chloé, mais a contesté « avoir eu l’intention de tuer » la jeune femme, selon le parquet. Il a indiqué aux policiers qu’il voulait « avoir des explications », notamment sur leur rupture. Il a été placé en détention provisoire dans le cadre d’une information judiciaire pour tentative de meurtre.

Pourquoi une enquête confiée à l’IGPN a-t-elle été ouverte ?

Deux heures avant son agression, Chloé s’était présentée à l’accueil du commissariat de police de Blois, pour déposer plainte et obtenir une protection. Mais le policier qui a reçu la jeune femme l’a invitée à se représenter le lendemain, avec davantage de documents. « Cela s’inscrit en totale contradiction avec les instructions du ministère de l’Intérieur », explique à 20 Minutes une source policière. Le préfet du Loir-et-Cher a demandé la saisine de l’IGPN, la police des polices, « afin de connaître précisément les conditions dans lesquelles la victime avait été, peu de temps avant les faits, accueillie au commissariat de Blois et invitée à se représenter le lendemain ».

Après son audition, mardi, par les enquêteurs, ce major, chef d’une brigade de police secours, a été suspendu à titre conservatoire. Une décision prise par le directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux. De son côté, la procureure de Blois a indiqué attendre le rapport de l’IGPN. « J’ai besoin des circonstances internes pour qualifier la faute, s’il y a un comportement qualifiable pénalement d’une faute. » Selon une source policière à l’AFP, le policier mis en cause avait déjà été sanctionné en août dernier d’un avertissement « pour avoir manqué de diligence », à la suite d’« un appel 17 après une rixe ». « La rixe était terminée au moment de l’appel et il n’a pas jugé nécessaire de se rendre sur place », soit pour retrouver des victimes afin qu’elles déposent plainte, ou des témoins, selon cette même source. Ce policier est désormais en arrêt maladie.